Salesforce voit toujours plus grand. Le titre de leader mondial de la gestion de la relation clients avec des solutions logicielles dans le cloud (Saas), ne lui suffit pas. Il enrichit sa gamme de solutions et s’attaque à l’Internet des objets.
Il ambitionne de devenir en 2016, le numéro 4 des logiciels derrière Microsoft, Oracle et SAP (contre numéro 6 cette année), a annoncé son Pdg Marc Benioff le 17 septembre lors de son grand show annuel, Dreamforce, à San Francisco.
Ses ambitions se matérialiseront en 2017, par l’emménagement dans sa nouvelle tour, encore en construction dans le quartier de South Market à San Francisco. Ce sera la plus haute tour de la ville, dépassant de 2 mètres la Tour Eiffel… Avec 5.000 employés à San Francisco sur 13.000 dans le monde, Salesforce est déjà le premier employeur high tech de la ville où il est né en 1999.
Chaque année, sa convention annuelle Dreamforce prend de l’ampleur, investissant le centre des congrès Moscone, privatisant une rue transformée en pelouse, avec tables, transats et scènes de concerts pour les congressistes. Développeurs de tous les pays, clients, prospects, partenaires, s’y retrouvent pour des présentations, démonstrations, conférences, ateliers, et une exposition. Des 150 personnes réunies il y a 13 ans dans la suite d’un hôtel, Dreamforce a explosé pour devenir une des manifestations les plus importantes du secteur des nouvelles technologies.
Pour Dreamforce 2015, Salesforce annonce 160.000 accrédités (contre 145.000 en 2014), pour un programme foisonnant de 1.500 conférences, un espace réservé aux développeurs, des keynotes prestigieuses dont celle très courue de Marc Benioff, qui avait invité en ouverture cette année son « ami » Stevie Wonder… Une croissance en ligne avec celle de la société qui affiche une progression de 30 % en moyenne chaque année et vise les 10 milliards de dollars de chiffre d’affaires (contre autour de 6,5 attendus fin 2015) avant 2020.
La croissance de Salesforce est tirée par l’élargissement constant de sa palette de services, au delà de la gestion de la relation client sur laquelle il est devenu leader avec 18 % du marché mondial en 2015 (contre 12 % pour SAP). Cette diversification est souvent passée par une politique d’acquisition agressive au fil des années de sociétés innovantes, qui creuse encore les pertes pour le moment. Le modèle économique reste l’abonnement à des services logiciels dans le cloud (Saas), facturé au mois et au nombre d’abonnés par société. Mais au fil du temps, il s’est diversifié dans le marketing digital et le travail collaboratif avec son réseau social Chatter, l’analyse de données. Aujourd’hui, il dispose de six services : Sales cloud (gestion des ventes), Service cloud (service client), Marketing cloud (marketing digital), Community cloud (travail collaboratif), Wave analytics cloud (analytique). L’avancée décisive a été l’adjonction d’une plateforme de développement et d’une place de marché (Appexange) qui propose 2.800 applications professionnelles vendues par des éditeurs tiers ou créées par des start-up souvent rachetées par Salesforce, dans des domaines aussi divers que les ressources humaines, la comptabilité, le voyage d’affaires, la chaîne logistique…. Au total 4 millions d’applications ont été créées pour les entreprises clientes, adaptées à différents métiers et activités, s’intégrant aux produits Salesforce par 2 millions de développeurs dans le monde. Selon les pays, les revenus des logiciels (Saas ou Software as a service) pèsent entre 70 et 10 % du total, le reste provenant de la plateforme d’applications (PaaS ou Platform as a service).
En peu de temps, il s’est ainsi créé un écosystème et une communauté de développeurs et de clients autour des solutions Salesforce.
A Dreamforce 2015, elle a applaudi aux trois nouvelles innovations qui viennent enrichir la proposition.
Salesforce embarque dans l’Internet des objets (IoT), car derrière chaque objet « il y a un client » a rappelé Marc Benioff. Salesforce IoT Cloud peut récupérer les données envoyées par les appareils connectés pour déclencher une action en direction des clients en cas de panne, mais aussi selon l’utilisation observée, pour proposer de nouveaux services… Il sera officiellement lancé en Europe au second semestre 2016, mais des tests ont déjà été menés avec Schneider Electrics notamment.
Seconde nouveauté, une nouvelle interface utilisateur entièrement redessinée, Lightning, pour l’instant réservée aux clients de Sales cloud, au design modernisé, plus intuitive, adaptée aux mobiles, qui permet de suivre le contact avec un client, du stade de la prospection à la conclusion d’une vente.
Enfin Salesforce ajoute une « couche » d’intelligence à la relation client, pour faciliter la gestion des priorités et des tâches pour un commercial, en analysant les contenus de ses e-mail, agendas et contacts, pour lui proposer des actions prioritaires… par exemple relancer un contact qui n’a pas répondu à plusieurs mails, proposer des rendez-vous et les inscrire dans l’agenda… Baptisé SalesforceIQ et developpé avec RelateIQ, société acquise l’an passé, il se décline désormais pour les PME sous le nom de SalesforceIQ pour SMB. Il peut construire une base de données client et un CRM clé en main en analysant les emails, contacts et calendriers de la société. Il ne sera pas disponible en Europe dans l’immédiat.
Si la transformation numérique consiste à se rapprocher des clients, à leur donner la parole et à les remettre au centre du jeu, Salesforce, en partant au départ de la relation client, et en enrichissant sa gamme de services, veut se positionner désormais en accompagnateur de cette transformation.
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