Karine Picard, à la tête de la filiale d’Oracle en France, revient pour Alliancy sur la phase de confinement/déconfinement vécue chez l’éditeur ces dernières semaines, autant côté collaborateurs que clients.
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Alliancy. Comment s’est passé le confinement chez Oracle ?
Karine Picard. Pour l’instant, le confinement s’est plutôt bien passé. Nous l’avions anticipé au niveau des ressources humaines en encourageant le télétravail, sachant que technologiquement nous étions déjà prêts. Les équipes sont bien restées connectées ; nous avons même créé des forums pour les salariés chaque semaine, avec des experts extérieurs pour évoquer ce qu’il se passait, pour parler du futur… Ce temps de « pause » a créé beaucoup de liens entre nous tous et, tous les vendredis, entre 800 et 900 personnes se connectaient. Pour le business, les relations ont été un peu ralenties évidemment, mais les clients ont très vite pris de nouvelles habitudes.
Et le déconfinement ?
Karine Picard. Ce n’est pas encore d’actualité. Nous prolongeons le télétravail encore quelques semaines pour respecter ce que souhaite la région Ile-de-France. Tous les bureaux d’Oracle dans le monde sont fermés, hormis quelques rares bureaux en Asie qui commencent à rouvrir.
Et avec vos clients, comment fonctionnez-vous ?
Karine Picard. Nous organisons des réunions Zoom [société cliente du groupe]. Nous avons même pu accéder à des dirigeants qui jusqu’ici avaient des agendas très chargés et là étaient plus disponibles pour échanger… Après deux semaines de mises en place du travail à distance chez les clients, c’est devenu plus facile de les contacter.
Tout le monde s’est-il bien fait au télétravail ?
Karine Picard. Cela fait des journées très très longues… Il a fallu aider les salariés à mieux gérer le télétravail et mettre un certain nombre de règles pour que cela n’empiète pas trop sur la vie privée, même si cela n’était pas volontaire. Chez Oracle, nous sommes déjà habitués à travailler avec des managers à distance, ce n’était donc pas une nouveauté pour nous. Pour autant, il y avait un vrai besoin de se connecter, de communiquer davantage…
Comment avez-vous piloté ces actions ?
Karine Picard. Nous avons mis un comité de crise (DRH, services généraux, référent Covid…) en place avec le comité de direction pour s’assurer du bon fonctionnement des relations entre managers et collaborateurs, entre les équipes, comme de l’organisation générale du business face au déconfinement chez nos clients… On a surtout souhaité s’occuper des personnes qui n’étaient pas trop occupés. Il n’y a pas eu de chômage partiel chez Oracle. Du coup, on a regardé comment utiliser les compétences de certains à d’autres tâches, notamment pour conseiller, aider les différents acteurs de notre écosystème. Il y a d’ailleurs eu beaucoup de propositions des collaborateurs pour y parvenir.
Et côté clients, comment avez-vous fonctionné ?
Karine Picard. Il a fallu en effet augmenter les performances et les connexions chez un certain nombre de nos clients publics (AP-HP, services d’allocations d’aides aux entreprises, aux particuliers…) et privés. Notamment chez Zoom qui, suite à la généralisation du télétravail et au confinement, a eu besoin de redimensionner ses capacités face à l’afflux massif d’utilisateurs, aussi bien professionnels que particuliers. [Le service de visioconférence ferait ainsi transiter chaque jour plus de 7 pétaoctets via les serveurs Oracle Cloud Infrastructure, NDLR]. Dans l’autre sens, dans les secteurs fortement touchés comme l’hôtellerie par exemple, nous avons travaillé au cas par cas en essayant de voir comment y faire face. Nous avons par ailleurs offert l’accès à certaines de nos applications : pour nos clients RH, celui à notre module Workforce Health & Safety pour la gestion de la santé et de la sécurité du personnel, et pour nos clients EPM, celui à notre module de simulation stratégique Planning Cloud et ce, pendant un an.
« Faire de la relocalisation des ressources humaines dans les entreprises est un besoin qui est apparu très clairement pendant cette crise »
Face à la situation actuelle, sur quoi portent les demandes de vos clients aujourd’hui ?
Karine Picard. Au départ, pour les RH, la question a été de gérer l’urgence et le poste de travail de chacun. Ensuite, aujourd’hui, le self-service est très demandé. Il faut pouvoir répondre rapidement à toutes les demandes des salariés et dans ce domaine, les entreprises ne s’y attendaient pas obligatoirement. De même pour la simulation salariale et le fait de pouvoir faire de la relocalisation des ressources… C’est un besoin qui est apparu très clairement pendant cette crise. Dans le retail, tous les projets autour de la logistique et du transport deviennent également prioritaires, de même que tout ce qui est services : il faut pouvoir répondre aux clients le plus rapidement possible… Des « trous dans la raquette » dans différents domaines sont apparus chez certains de nos clients, qu’ils veulent combler au plus vite. Dans les entreprises BtoB, on a aussi vu de gros besoins en termes de télétravail, chose qui était encore peu pratiquée. De même, elles étaient souvent dans la difficulté de contacter leurs clients à distance efficacement… Car ce n’était pas des besoins jusqu’ici ressentis. Pour toutes ces entreprises, on va voir une accélération de projets sur la base de ces faiblesses apparues ces dernières semaines.
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Ce sont d’ores et déjà des demandes très concrètes ou pas encore ?
Karine Picard. La phase « survivre » dure encore, même si on sent que des décisions sont en cours de réflexion. Quels budgets vont être alloués aux projets les plus prioritaires… On va bientôt passé à la phase « commandes ».
La place de la DSI auprès de la direction générale va-t-elle évoluer avec cette crise ?
Karine Picard. Leur rôle sera prépondérant pour prioriser les projets à 3-6 ou 18 mois, et cela aux côtés des directeurs financiers et des directeurs des ressources humaines, deux autres fonctions qui sont aussi très sollicitées. Pour autant, du fait de la crise, les budgets IT pourraient bien être réduits, selon les secteurs, ou repensés au regard des priorités dont certaines vont évoluer, de même que de nombreux autres budgets dans l’entreprise, par exemple l’immobilier.
On a vu de nombreuses entreprises de la Tech annoncer le télétravail à long terme… Vous y avez réfléchi chez Oracle ou pas du tout ?
Karine Picard. Non, nous sommes davantage sur la prolongation du télétravail pour quelques semaines encore. Mais pas spécialement au-delà. Nous aviserons ensuite en fonction des annonces gouvernementales.
Oracle en chiffres
- · 137 000 collaborateurs (dont 1 500 en France)
- · 34,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2018-2019
- · 430 000 clients