Pour la grande distribution, perdre le combat de l’alimentaire, ce sera définitivement perdre la guerre ! A l’image de ce qu’ont réussi Amazon et Alibaba dans le non-alimentaire, les acteurs de la distribution alimentaire cette fois ne veulent pas rater le coche de l’omni-canal et signent de nombreux partenariats stratégiques… au grand bonheur des géants de la tech. Tour d’horizon.
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Article mis à jour le 5 septembre 2018.
Le 11 juin, Carrefour a annoncé son alliance avec Google (également allié de Walmart aux Etats-Unis pour contrer Amazon) en vue de développer de nouveaux modèles de distribution et de nouvelles expériences d'achat pour les consommateurs français, notamment basés sur la voix. Ce partenariat prévoit le déploiement de l'offre du Français sur une nouvelle interface du site de Google Shopping et sur l'Assistant Google en France à partir de début 2019 ; la création d'un « Lab Carrefour-Google » pour imaginer de nouvelles expériences consommateurs avec de l’IA notamment, et l'accélération de la digitalisation du groupe Carrefour avec la formation de 1 000 collaborateurs de Carrefour. Le distributeur est le premier dans l’Hexagone à s’allier à Google (depuis Leclerc l’a fait également) qui, de son côté, s’associe pour la première fois à un retailer sur le frais. Pour rappel, Carrefour, dans son dernier plan stratégique, table sur un investissement massif dans le digital, à hauteur de 2,8 milliards d’euros d’ici à 2022, avec notamment le lancement dès cette année d’une plate-forme marchande unique en France (Carrefour.fr). Le groupe vise 5 milliards d’euros de ventes dans l’e-commerce alimentaire d’ici 2022.
Dans le groupe français de distribution Casino, les enseignes de la marque haut de gamme Monoprix (entre 5 000 et 10 000 références par magasin) seront disponibles d’ici à la fin de l’année pour les clients de Prime Now, le service de livraison rapide d’Amazon (via l’application et sur le site web du service par l’intermédiaire d’un magasin virtuel dédié). Si les analystes saluent l’accord (certains tablent même sur une vente de Monoprix au géant américain), d’autres hurlent au loup dans la bergerie… Affaire à suivre donc pour cette alliance entre un distributeur alimentaire et un géant de la technologie. Monoprix, qui avait déjà signé en novembre 2017 un partenariat avec le britannique Ocado, fait clairement ici un choix « multiplateformes ». De son côté, Amazon apprendra tout ce dont il a besoin pour entrer sur le marché... « Grâce à cet accord unique, le Groupe Casino renforce sa stratégie de distribution omnicanal », a déclaré Jean-Charles Naouri, son directeur général, dans le communiqué.
Si Amazon continue d’étendre son empire, certains ont bien l’intention de réagir, comme le leader japonais de l’e-commerce Rakuten (PriceMinister en France) et le géant américain de la distribution Wallmart qui annoncent une coopération dans les liseuses et la livraison de denrées alimentaires. Ensemble, ils veulent bâtir un e-commerçant alimentaire de poids au Japon autour de la chaîne de supermarchés Seiyu GK, propriété du géant de Bentonville, et l’une des premières dans le pays. Dans la société commune qu’ils créeront courant du second semestre 2018, le numéro 1 mondial de la distribution s’appropriera notamment l’expertise de Rakuten dans l'intelligence artificielle pour personnaliser les demandes des consommateurs afin de mieux contrer Amazon. Pour les mêmes raisons, il s’était déjà allié avec Google dans le commerce en ligne en septembre 2017. En juin 2018, le groupe a aussi annoncé en France deux partenariats, avec Boulanger sur des produits neufs et avec Easycash sur les biens d'occasion dans l’idée d’installer un Click&Collect pointant vers chacun de ses magasins franchisés.
Après Monoprix ou Auchan, c’est E. Leclerc qui lance son assistant vocal « mémo courses » avec Google Home. Objectif : permettre aux clients de l’enseigne d’ajouter des produits simplement à leur liste de courses, et de retrouver celle-ci sur leur site leclerc.drive.
Pour démarrer son mémo course, l'utilisateur titulaire d'un compte E.Leclerc doit simplement prononcer les mots suivants : « OK Google ! Je veux parler à E. Leclerc », en s'adressant à une enceinte Google Home ou à l'application Google Assistant, disponible sur smartphone (sans besoin de télécharger l’application vocale de Leclerc). Il peut dès lors dicter à l'assistant vocal les produits dont il a besoin (tomates, dentifrice, eau…) et ceux-ci sont automatiquement ajoutés à son Mémo Courses.
Cette solution est une première pierre à l'édifice du commerce que veut mettre en place le distributeur autour de la voix, prochaine étape de la révolution numérique selon le communiqué. Ainsi, l'enseigne teste et envisage déjà d’autres évolutions pour son assistant vocal. Prochaine étape : la constitution de son panier « Drive E. Leclerc » par la voix sera proposé sur Google Home début 2019. Les produits édictés par le consommateur seront transformés en références produits, sur la base de son historique d'achat s’il existe.
Alors, « E. Leclerc n'ouvre-t-il pas la boîte de Pandore ?, écrit Michel-Edouard Leclerc sur son blog. Google va-t-il savoir ce que je commande ? »... Et de répondre : « Il n'y a pas d'échange de datas entre Google et Leclerc. Seule notre enseigne saura ce que vous voulez commander. »
Les magasins Fnac-Darty et leurs sites web se sont dotés d’espaces dédiés à l'Assistant Google et son écosystème. En échange, l’entreprise de la Silicon Valley propose le « Bouton Darty » sur son outil d’assistance vocale et accorde aux deux marques des opérations promotionnelles lors des lancements à venir. Cette alliance permet au groupe français de s’engager dans le commerce vocal et d’offrir la possibilité à ses clients de choisir leurs produits via l’application de l'Assistant Google avant de les payer avec leur compte magasin. Le groupe est l'un des premiers partenaires du géant américain pour le déploiement de la fonction permettant les transactions avec l'Assistant Google. Fnac-Darty a par ailleurs noué l’année dernière un partenariat avec Carrefour sur la vente de produits électroniques, leur permettant notamment de négocier ensemble avec les différents fournisseurs.












