L’électricien lance une offre d’électricité verte pour les propriétaires de véhicules électriques ou hybrides, équipés du compteur Linky.
| Cet article fait partie du dossier « Linky, le compteur de toutes les attentions »
EdF ne tient pas à rater le coche du marché des véhicules électriques. Mi-janvier, le groupe a lancé l’offre « Vert Electrique Auto », soit de l’électricité d’origine renouvelable proposée aux consommateurs qui doivent recharger une voiture électrique (ou hybride) à leur domicile…
Ceci veut dire que l’énergéticien injecte une puissance équivalente issue d’énergies renouvelables (hydraulique, solaire, éolien…) dans le réseau et, ainsi, participe indirectement au financement du développement des énergies nouvelles. Ce mécanisme des garanties d’origine permet, au bénéfice des clients d’EDF, d’assurer une traçabilité de l’électricité renouvelable fondue dans un réseau commun.
Cette offre s’accompagne d’une solution (sans abonnement) de recharge lors de leurs déplacements, développée par Sodetrel, une filiale de l’énergéticien. Le « Pass Sodetrel » permet d’accéder à un réseau de 50 000 stations dédiées de recharge en France et en Europe, et notamment aux 200 bornes de recharge rapide Corri-Door installées sur les autoroutes. Jusqu’au 31 juillet prochain, les 500 premiers clients bénéficieront de ce Pass à 1 euro TTC et d’une première recharge offerte. Un premier accord commercial a été signé avec Renault : le constructeur au losange s’engage à promouvoir cette offre d’EDF dans son réseau à tout acquéreur d’un véhicule électrique de sa gamme ZE.
Un marché à surveiller en 2018
« Vert Electric Auto » garantit une électricité 40 % moins coûteuse la nuit et le week-end (par rapport au tarif plein), sur la base de ses offres heures pleines/heures creuses. Mais pour bénéficier de cette « ristourne », les clients doivent être équipés du compteur Linky à leur domicile.
L’offre propose des « prix fixes pendant trois ans » (abonnement et kWh), « majorés de plein droit du montant des taxes, impôts, charges, contributions de toute nature et évolutions du coût de la capacité supportés par EDF au titre du contrat », indique l’énergéticien. Autre précision : ces tarifs s’appliquent « à tous les autres usages électriques de la maison ».
Grâce à un numéro de téléphone dédié 30-04 (service et appel gratuits), EDF permet également de bénéficier de l’appui de conseillers spécialement formés (tous basés en France) et de solutions numériques (application e.quilibre) afin de suivre et réguler leur consommation ou, encore, de trouver un installateur de bornes de recharge à domicile.
« Vert Électrique Auto vient enrichir les réponses d’EDF aux fortes attentes des Français en matière de mobilité électrique », conclut Fabrice Gourdellier, Directeur Clients Particuliers d’EDF, cité dans le communiqué.
En France, le marché du rechargement à domicile concernera 1,5 million de véhicules en 2025, 14 millions en 2040. Toutefois, les immatriculations n’ont progressé que de 13 % en 2017 (+ 23 % en 2016). Un tassement du rythme de production qui « rappelle la fragilité du marché et l’importance du soutien de l’Etat à son développement », précise l’Association nationale pour le développement de la mobilité électrique (Avere), qui a publié ses chiffres annuels mi-janvier. La réduction de la prime à la conversion pour les véhicules 100 % électriques ne devrait rien arranger.
Une perte de 100 000 clients par mois
En un an, EDF a perdu plus de 1 million de clients, selon la CRE (Commission de régulation de l’énergie). Chaque mois, l’opérateur historique voit 100 000 de ses clients partir chez la concurrence. Des fournisseurs alternatifs très actifs ces derniers mois : Total propose une offre 10 % moins chère que les tarifs réglementés ; Cdiscount (groupe Casino) descend à moins 15 % ; le réseau coopératif Enercoop et son électricité renouvelable ne cesse de séduire des clients ; Orange réfléchirait à venir sur ce terrain avec un partenaire, tout comme Leclerc…
Toutefois, EDF domine toujours le marché, en fournissant de l’électricité à plus de 85 % des ménages et Engie (ex GDF-Suez) a toujours 75 % de parts de marché dans le gaz, dont l’essentiel via les tarifs réglementés, fixés par les pouvoirs publics.
Dix ans après la fin du monopole d’EDF, « un tiers des personnes interrogées pensent encore qu’EDF et Engie (ex. GDF-Suez) forment une seule entreprise. Les consommateurs ne parviennent majoritairement pas à citer d’autres fournisseurs que leur fournisseur actuel, quand ils sont capables de l’identifier… », peut-on constater dans le dernier baromètre Energie-Info réalisé pour le Médiateur national de l’énergie, autorité publique indépendante, auprès de 1 500 foyers français (octobre 2017).
Toutefois, avec le déploiement bien réel du compteur Linky et le pilotage de l’énergie qu’il permet, c’est bien cette année que les offres vont se multiplier. Ainsi, si un Français sur deux ignore encore qu’il peut changer de fournisseur d’électricité, les choses devraient bouger…
« Nous ne voulons pas rentrer dans une guerre des prix », assurait Fabrice Gourdellier, directeur du marché des clients particuliers du groupe à nos confrères du Monde en octobre dernier. Le groupe cherche plutôt à conseiller les clients sur l’efficacité énergétique, pour les inciter à consommer « mieux et moins » et faire baisser leur facture.
Pour rappel, les fournisseurs d’énergie sont désormais obligés de financer des actions d’efficacité énergétique. Concernant EdF, il s’agit par exemple de distribuer gratuitement des ampoules LED, de participer à la prime « coup de pouce énergie »… Des actions qui représenteraient un coût d’environ 650 millions pour l’énergéticien en 2018.