Quatre mois après l’annonce de leur fusion, Safran Identity & Security (Morpho) et Oberthur Technologies (OT) dévoilent leur nouvelle identité et l’ambition d’un groupe d’être leader mondial de « l’identité augmentée », à la croisée des mondes de la biométrie et du digital.
Ouverture instantanée de comptes en banque et création éclair de cartes de paiement, onboarding sans accroc à l’aéroport, location de voiture à partir d’un selfie, le tout mâtiné de paiements sans contact… Autant de scénarii qu’Idemia a présentés ce jeudi 28 septembre lors d’un évènement au coeur de la Seine musicale, l’impressionnante salle de spectacle qui s’est ouverte au printemps sur l’île Seguin, dans l’Ouest parisien.
Idemia, c’est le nouveau nom dévoilé à cette occasion par l’entité qui regroupe depuis le 31 mai, Safran Identity & Security (Morpho) et Oberthur Technologies (OT). Le groupe, spécialisé dans la sécurité des identités, réunit dorénavant 14 000 collaborateurs pour un total de 2,8 milliards de chiffre d’affaires. Il est donc une force sur laquelle il va falloir compter comme le rappelle Didier Lamouche, son président-directeur général, qui évoque un « leader mondial ».
Des technologies d’ores et déjà déployées
Détaillant sur scène les technologies digitales et biométriques à l’œuvre derrière chacun des scénarii de vie réelle présentés en vidéo, le PDG a pris la salle à témoin : « Vous pensez qu’il s’agit de science-fiction ? Non, ce sont des exemples bien réels ». Il a ainsi annoncé que l’expérience d’embarquement « sans friction » à l’aéroport, où une personne s’identifie en toute simplicité à partir de son smartphone, puis par reconnaissance faciale, que ce soit pour payer un magazine ou prendre son vol, allait être mis en place dès le mois de novembre au sein du terminal 4 de l’aéroport de Singapour-Chandi.
De même, le passeport biométrique qui permet l’ouverture d’un compte en banque à partir d’une simple captation d’empreinte digitale, et l’édition instantanée d’une carte bancaire – physique, remise immédiatement au client, et digitale, envoyée sur son smartphone – est déjà mis à l’œuvre par le groupe à travers sa solution « ID document verification and biometric identification ». Didier Lamouche a ainsi évoqué le nom de la banque brésilienne Itaù, qui utilise déjà ces technologies pour ses clients, mais aussi un déploiement en cours pour une banque française. Le groupe travaille en effet déjà avec Crédit Agricole sur l’authentification forte et avec Carrefour Banque sur sa carte C-Zam, lancée en avril.
Confronter la promesse à la réalité
Avec ces différents exemples concrets de « parcours utilisateurs », sécurisés et sans friction, Idemia a en fait présenté sa vision de l’identité augmentée – son nouveau graal ! Derrière ce terme, se cache l’idée d’une identité sécurisée qui s’étend du monde physique à l’univers numérique.
La biométrie – le « facteur humain » – doit permettre à l’identité du corps de remplacer l’appel à la mémoire. Associée à la dématérialisation, elle vise à rendre la sécurité complètement transparente pour l’utilisateur et donc favoriser des transactions fluides et pratiques. « L’aéroport est le lieu par excellence où les exigences de sécurité entrent en conflit avec l’expérience des passagers. Les voyages sont de plus en plus stressants et, pourtant, les contrôles de sécurité sont obligatoires pour nous protéger », a choisi pour exemple Didier Lamouche, avant d’illustrer ce que pouvait changer l’identité augmentée. « En supprimant les files d’attente à tous les points de contrôle, nous pensons que grâce à nos solutions chaque passager peut atteindre la zone de duty-free en moins de 10 minutes ».
Cette promesse séduisante devra cependant apporter également des réponses dans les mois à venir à deux niveaux. D’abord concernant la démonstration de sécurité elle-même. Ainsi l’argument martelé par Idemia qui veut que « vous seul pouvez être vous », ne manquera pas de motiver les hackers de toute sorte à vouloir tromper une reconnaissance faciale ou physique. C’est ce à quoi a été confronté par exemple Samsung après la sortie de son smartphone Galaxy Note 8 ou Apple avec la démocratisation de son Touch ID pour ce qui est des empreintes digitales.
L’autre écueil à dépasser sera sans doute celui des réticences face au caractère invasif pour lequel la biométrie est souvent décriée. Exemple au quotidien : la rentrée scolaire 2017 a une nouvelle fois vue des protestations de parents d’élèves sur l’utilisation de bornes biométriques dans certaines cantines. A quelles levées de boucliers s’attendre lors de la généralisation de ces usages ? Au-delà de son expertise technologique, le nouveau groupe Idemia a donc devant lui un chantier de rassurance beaucoup plus culturel et humain.