Après six mois d’accélération intensive, les co-expérimentations de la saison 3 du programme WAI Boost, menées entre plusieurs grands groupes et des start-up étaient présentées cette semaine. Retour sur cette soirée festive et l’exemple particulier de l’alliance Heppner/Brennus Analytics dans le pricing dynamique.
La semaine dernière s’est déroulée la soirée de clôture de la troisième saison du programme WAI (We Are Innovation) Boost by BNP Paribas, un programme d’accélération de la banque de détail du groupe, opéré par L’Atelier BNP Paribas.
Sur scène, devant plus de 200 personnes, se sont enchaînés les retours d’expérience des co-expérimentations entre start-up et ETI ou grandes entreprises partenaires. Ces expérimentations étant le fruit de six mois de collaborations intensives, menées par Pierre & Vacances, Spie Batignolles, Heppner, Motul, Guerbet, Vicat, Idex, Ipsen, Radiall, Prisma Media et Onet avec les 11 start-up sélectionnées.
Les secteurs d’activité de ces différents groupes montrent la diversité des duos et des collaborations menées, que ce soit autour de l’intelligence artificielle (Brennus Analytics/Heppner ou Dataswati/Vicat), de la robotique (MIP Robotics/Radiall), de l’efficacité énergétique (Energic/Idex) ou encore de l’e-santé (Damae Medical/Guerbet ou Lucine/Ipsen)…
Pour la majorité de ces duos, l’expérience a été particulièrement enrichissante : Damae Medical par exemple teste un produit pilote avec Guerbet et compte étendre ses travaux à d’autres domaines. De son côté, Dataswati, qui prédit ce qui va se passer dans un process industriel pour anticiper sur la qualité, cherche à lever 1 million d’euros pour attaquer désormais l’international. Idem pour Energic qui cherche à lever 700 000 euros cette année pour « devenir la plate-forme de référence en matière de RSE »…
Un bilan plus large était également présenté par Romain Quechon de la banque sur les saisons 1 et 2 du programme WAI. Au total, 40 start-up (dont 10 % créées par des femmes) ont été accélérées sur Paris et Saclay. Au final, 75 % des duos initiés au sein de WAI ont perduré. Un score tout à fait honorable.
Parmi les alliances proposées, il y avait celle de Brennus Analytics et d’Heppner, sur laquelle nous avons choisi de nous pencher.
« Déterminer le prix de vente de ses produits dans le BtoB n’est jamais chose aisée tant les paramètres sont nombreux, lance d’entrée Grégoire Saint-Guily, l’un des trois cofondateurs de Brennus Analytics, lors de son intervention. Le prix, ça devient vite une affaire de complexité. » La start-up qu’il a créée en 2015 avec deux autres ingénieux dont un docteur en intelligence artificielle et une spécialiste du pricing, propose une solution logicielle d’optimisation des prix basée sur l’IA… et de rappeler, d’après une étude McKinsey que « Faire varier ses prix de 1 % peut rapporter 11 % de marge opérationnelle »…
Aujourd’hui, ils sont 11 chercheurs en IA et 4 experts business chez Brennus Analytics à œuvrer dans l’industrie et la distribution principalement. « L’intérêt de notre solution est que nous proposons un pricing dynamique en tenant compte des contraintes de nos clients », poursuit-il. L’idée : automatiser l’analyse de données en vue de maximiser les profits.
C’était justement le problème qu’avait Heppner, un créateur de solutions sur-mesure de transport et de logistique (650 millions d’euros de chiffre d’affaires, avec 70 sites en France, en Espagne, en Allemagne et aux Pays-Bas). « Il s’agissait d’optimiser les ventes, puis les achats de transports sous-traités, qui représentent une grosse partie de l’activité ».
Ensemble, ils réalisent une étude de performance pricing sur cinq agences régionales et identifient des zones d’amélioration de fixation des prix et de marge…
Le résultat est convaincant. Aujourd’hui, Heppner lance un chantier de structuration, de fiabilisation et d’enrichissement des données disponibles dans l’entreprise et compte mettre en place à moyen terme une solution de pricing dynamique et prédictif.
« Brennus Analytics nous a clairement ouvert le champ exploratoire de nos données. En couplant leurs compétences et celles de nos métiers, nous sommes allés bien plus loin dans l’analyse, dans la quantification de la valeur de nos données », explique Valérie Mazzoni-Colin, directrice générale adjointe Stratégie digitale et marketing du groupe.
La data est un actif de l’entreprise
Tous deux ont ainsi un seul conseil : « Saisissez-vous de vos données et partagez-les avec vos partenaires ! », tout en rappelant qu’il faut, pour avancer sur ce sujet, de la donnée qualifiée et fiable. « Il est important de consacrer des compétences en analyse dans l’entreprise, insiste également Valérie Mazzoni-Colin. Car c’est un chantier sur le long terme, et ce même si on fait des POC. »
Aujourd’hui, Brennus Analytics compte lancer une deuxième levée de fonds (elle avait déjà levé 500 000 euros l’été dernier) pour partir à l’international et a trois recrutements en cours. Elle vient également d’intégrer la communauté Microsoft AI Factory en partenariat avec Inria, hébergée au sein de Station F, qui vise à stimuler l’émergence de champions français de l’intelligence artificielle.
Pour aller plus sur les relations grands groupes/start-up
- BNP Paribas au plus près des start-up
- Le baromètre de la French Tech sur la collaboration entre start-up et 40 grands groupes, permet de mesurer la réalité économique de ces collaborations en France et offre, pourla première fois, une photographie objective sur la base d’un référentiel partagé.
- Lire aussi le « Guide pratique de la collaboration entre jeunes et grandes entreprises» (2017, David avec Goliath), réalisé par Raise et Bain & Company, qui recense les bonnes pratiques pour un partenariat réussi. Toutefois, si 53 % des 150 jeunes entreprises de croissance interrogées confirment que les grandes entreprises sont de plus en plus structurées dans leur approche de ces collaborations, 27 % estiment que leurs interactions avec les grandes entreprises se sont détériorées…