Grâce à leur durée d’autonomie, à la précision de leurs données et à leur simplicité d’utilisation, les drones s’imposent dans le milieu industriel. Du ferroviaire aux mines, les possibilités sont considérables dans les activités disposant de grandes surfaces d’exploitation.
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Cette année encore les drones marquent leur présence au Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas. L’entreprise bordelaise Azur Drones y présente notamment sa solution de surveillance Skeyetech. Spécialisée dans la vidéo-protection de sites industriels sensibles, Azur Drones a conçu un aéronef muni de capteurs HD et thermiques afin d’offrir aux agents de sécurité un point d’observation mobile de jour comme de nuit. De son côté, la société de conseil Hardis Group y détaille comment ses drones Eyesee remplacent les opérateurs dans des nacelles pour réaliser les inventaires logistiques. L’usage de ces petits engins s’impose ainsi en milieu industriel pour des activités variées, mais spécialisées.
A l’origine, les drones – des véhicules aériens sans pilote à bord – ont été fabriqués pour des applications militaires à la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’utilisation militaire en représente toujours une part prédominante, avec près de 60 % du marché. « Son nom vient de l’anglais « bourdon », explique Philippe Cazin, ancien membre de l’Académie de l’air et de l’espace. Il s’agit d’un appareil de type hélicoptère à 96 % pouvant peser de quelques grammes à 15 tonnes et dont l’endurance est le critère clé d’adoption. Le drone est associé à la révolution de l’IoT, son application dans le civil est créateur de nouvelles activités industrielles. »
Un nouveau champ de compétences
La société Airware, qui fournit une solution de collecte de données par drone et d’analyses dédiée aux secteurs de la construction et des mines et carrières, confirme l’émergence de nouveaux business-modèles grâce aux drones. « Les drones représentaient une nouveauté en 2012, désormais les industriels ont pris conscience que c’est une technologie de rupture », souligne Benjamin Hugonet, directeur commercial. Airware s’est spécialisée dans les domaines où l’acquisition de données pose problème aux vues de l’étendu des surfaces à couvrir. Aux États-Unis, où elle est également implantée, elle intervient aussi auprès des assurances pour leur fournir des informations en cas de sinistre. « L’enjeu pour tous les clients est de réduire le temps de collecte et de traitement de données, note Benjamin Hugonet. Là où avant il fallait plusieurs jours le temps qu’un technicien intervienne et fasse un rapport, cela ne prend plus qu’une heure avec un drone, connecté au cloud pour transmettre les informations. »
La nouveauté selon Airware est également l’élargissement du champ de compétences des collaborateurs. L’usage des drones en milieu industriel ne se résume pas à l’objet volant, il est généralement intégré dans une offre comprenant une plateforme d’analyses des informations récoltées. « Avant, seul un technicien pouvait analyser certains paramètres, aujourd’hui n’importe quel collaborateur peut être en mesure d’interpréter la data », rappelle Benjamin Hugonet.
Après l’hélicoptère et le satellite, les drones et l’intelligence artificielle surveillent les vignobles, pour repérer l’état de santé des vignes ou estimer la vigueur des plants… Ici, la start-up Chouette, fondée par deux anciens chercheurs d’Airbus, Charles Nespoulous et Cyril de Chassey.
« Les drones nous aident à gagner du temps »
A la SNCF par exemple, les techniciens peuvent utiliser des drones pour des missions ciblées. L’entreprise ferroviaire possède une flotte d’une douzaine d’appareils pour des tâches de surveillance distinctes et vise l’acquisition d’une centaine d’aéronefs d’ici l’an prochain. « Cela devient aberrant de mettre un technicien sur corde pour vérifier s’il y a des fissures, les drones sont des robots faits pour aller dans les lieux dangereux, difficiles d’accès et rébarbatifs », soutient Nicolas Pollet, CEO d’Altamétris.
La SNCF teste les drones depuis 2011 pour inspecter les toitures et charpentes des gares. En 2016, elle a créé Altamétris, sa nouvelle filiale consacrée aux drones, qui a opéré 650 vols de drones pour couvrir 10 000 km de rails. Un algorithme détermine également les lieux où trop de feuilles pourraient être sur les rails, « un problème saisonnier » selon Nicolas Pollet. « Nous sommes freinés par un manque de compétences, affirme Nicolas Pollet. Les techniciens sur le terrain passent trop de temps à faire du référencement de défauts alors que leur expertise est rare. Les drones nous aident à gagner du temps. »
Le cabinet Oliver Wyman a évalué dans une étude réalisée fin 2017 que 4,5 millions de drones ont été vendus sur l’année 2015. En France, le marché des drones civils pourrait s’élever à 652 millions d’euros en 2025, contre 155 millions d’euros en 2015. La société agrochimique israélienne Adama prévoit que ses « swarmbots » remplaceront les tracteurs d’ici 2023 et Amazon a annoncé une livraison par drone sur le dernier kilomètre pour 2025. La progression des drones n’est pas prête de s’arrêter et les dernières nouveautés seront mises en avant lors de la 5ème biennale du drone professionnel, au salon salon UAV Show, qui se tiendra du 10 au 12 octobre 2018 à Bordeaux.
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