Il y a deux ans, l’agglomération de Versailles Grand Parc, associée à la ville de Versailles, fût la première en France à signer un partenariat avec Waze, l’application de trafic et de navigation ayant la plus grande communauté dans le monde.
L’accord signé entre Versailles Grand Parc et Waze, sans contrepartie financière, permet aux dix-neuf communes de l’agglomération de partager leurs informations sur les grands événements, les travaux de voirie et autres incidents routiers sur l’application, de manière à en informer les automobilistes ou « Wazers » (les utilisateurs de la plateforme).
De son côté, Waze partage les données qu’elle récolte avec l’agglomération pour optimiser la circulation sur son territoire d’action
« En 2010, tout est parti de la course à pied Paris-Versailles, explique Julie Hodez, responsable du pôle ingénierie territoriale de Versailles Grand Parc. Cette course impacte plusieurs communes… Et des riverains se plaignaient de ne plus savoir comment se déplacer ce jour-là et quel itinéraire adopter pour éviter le parcours… Il nous fallait trouver une solution ! »
Entre 2010 et 2016, l’agglomération met en place une carte interactive permettant de visualiser le parcours et les routes barrées pour aider les habitants et touristes sur son territoire. En 2016, prenant connaissance du programme spécifique de Waze (Connected Citizen basé sur l’échange de données), l’agglomération décide de franchir le pas en fournissant à l’application toutes les informations affectant la voie publique des dix-neuf communes la composant.
Une plus grande réactivité sur le territoire
Fin 2016, au-delà des manifestations particulières, les travaux et autres événements spécifiques y sont également renseignés sous forme de cartes, directement par les communes. « Ceci a permis d’informer en temps réel, au-delà des automobilistes, un certain nombre de services que nous n’aurions pas pensé toucher au départ, comme la police par exemple qui sait aujourd’hui immédiatement où se situent les problèmes de circulation ou d’accidents dans la ville… ». L’application Waze peut en effet lui fournir les indications de danger ou d’accidents remontées via sa communauté d’utilisateurs, et dont l’agglomération n’a pas obligatoirement connaissance en temps réel. Un vrai plus !
Waze, créée en 2007 en Israël et rachetée par Google pour 1,15 milliard de dollars mi-2013, annonce une communauté de plus de 10 millions de membres en France (100 millions dans le monde), qui crée 50 000 indications de danger et indique 4 000 accidents par jour.
Cette remontée d’informations et son analyse permettent aujourd’hui à l’agglomération de disposer d’une vision réelle de ce qui se passe sur son territoire. « Rien que sur Versailles, ce sont 35 000 véhicules qui circulent… Waze nous donne une vision plus objective et réaliste. Surtout, au-delà d’informer, cette analyse nous permet de cibler certaines zones et d’agir en fonction des priorités », poursuit l’experte. Si une voie, par exemple, est constamment embouteillée, l’agglomération pourra agir sur la synchronisation des feux de circulation, comme sur la signalisation ou l’assignation de policiers municipaux à la circulation…
A partir des informations de Waze disponible dans son SIG (système d’information géographique), l’agglomération travaille ainsi avec plusieurs éditeurs pour affiner les cartes et les itinéraires que l’appli Waze affiche. « Avec ces éditeurs de cartographie, nous priorisons les voies en fonction des contraintes que nous connaissons. Par exemple, on ne dévie pas une circulation dans une rue où se trouve une école… On adapte les axes de désengorgement en fonction d’une réalité terrain. Et c’est très important de garder la main sur ces questions. »
De fait, si les Wazers sont satisfaits de l’appli, il arrive que des riverains en France se plaignent de ses conséquences sur leur quotidien, du fait de l’afflux d’un grand nombre de véhicules dans des voies secondaires et quartiers résidentiels jusque-là épargnés… Certains allant même jusqu’à signaler de faux embouteillages près de chez eux pour éloigner les automobilistes importuns… Une stratégie de court terme. « Il est donc impératif de trouver le bon compromis entre la facilité de circuler des automobilistes, la tranquillité des riverains et une réelle fluidité des transports en général sur l’ensemble du territoire concerné », insiste Julie Hodez. D’où l’intérêt d’avoir cette vision globale et voir ce qui peut se passer à 5 km au sein d’une même agglomération, en corrélation avec les grands axes départementaux ou régionaux… Ainsi, de gros travaux ponctuels sur une autoroute à proximité peuvent générer de sérieux embouteillages en milieu urbain.
Après deux ans de pratique de ce partenariat, l’agglomération de Versailles Grand Parc s’estime globalement satisfaite. « Nous allons bientôt échanger avec Waze pour voir ce que l’on peut faire de nouveau ensemble, précise Julie Hodez. Mais nous restons très pragmatiques. Nos données sont ouvertes à tous sur notre plateforme Open Data et, dans tout partenariat, il faut que nous y voyions un réel intérêt. » Côté Waze, il semble évident : ce type de partenariat fiabilise et complète son outil afin qu’un maximum de personnes l’utilisent.
Le partenariat signé pour un an, renouvelable de manière tacite, peut s’arrêter au bon vouloir de chacun. Mais ce n’est pas à l’ordre du jour. Aujourd’hui, Waze lance le covoiturage dans certains pays et réfléchit au covoiturage « courte distance » en France… Seul bémol à la belle histoire : Waze n’indique pas à l’agglomération le nombre de Wazers actifs sur son territoire.