Jullien Brezun (Great Place to Work France) :
« L’entreprise devient un vecteur du changement sociétal »

Chaque printemps, l’institut Great Place to Work France publie son palmarès Best Workplaces, qui distingue les entreprises les plus investies dans la qualité de vie au travail. Un sujet de plus en plus prégnant pour les directions générales soucieuses de leurs performances sociales et économiques. Entretien avec Jullien Brezun, son directeur général.

Jullien Brezun, son directeur général.

Jullien Brezun, directeur général de Great Place to Work

Alliancy. Quelle est la mission de votre institut Great Place to Work ?

Jullien Brezun. Au-delà de nos classements, nous accompagnons la transformation managériale et culturelle des entreprises à leur demande, en s’intéressant principalement au collaborateur. En lui donnant la parole, on récupère ainsi sa perception sur son expérience, que l’on évalue à partir d’une méthodologie identique quel que soit le pays. La confiance est au cœur de notre indicateur clé, le Trust Index*. Ensuite, après analyse de ce qui se passe, nous donnons aux directions générales des indications pour mieux piloter cette transformation sur un sujet – la qualité de vie au travail – qui s’ancre peu à peu au coeur de leur stratégie.

Pourquoi assiste-t-on à cette évolution ?

Jullien Brezun. D’un côté, les aspirations des salariés, dans toute leur diversité, ne sont plus les mêmes et, de l’autre, les entreprises doivent se battre pour recruter, conserver et engager des talents. Le rapport au travail a changé et, de ce fait, la performance sociale n’est plus perçue comme en opposition à la performance économique. Au contraire, elle la nourrit.

L’expérience collaborateur, en termes de qualité de vie au travail, est une des missions de l’entreprise. Il faut désormais pouvoir l’évaluer à travers son impact sur les collaborateurs, les clients, les fournisseurs, les actionnaires, mais aussi la société, l’environnement, etc. Ne pas le faire peut réellement induire des coûts qui, à terme, devront être pris en charge par la collectivité ! Le taux d’absentéisme, par exemple, a un coût caché très élevé… au-delà de détériorer rapidement le climat social en interne. C’est pourquoi l’on fait cette corrélation entre indicateurs positifs et négatifs.

Est-ce parfois catastrophique ?

Jullien Brezun. Jamais, car même l’organisation qui a le plus de difficultés, si elle vient nous voir, a décidé de se mettre en mouvement… Elle entre alors dans cette démarche d’amélioration continue qui sera, à un moment donné, visible des collaborateurs.

C’est un vrai challenge de s’ouvrir à notre Palmarès car nous sommes en quelque sorte un « lampadaire ». On met en lumière des éléments factuels bien présents dans les entreprises, mais que tout le monde ne voit pas…

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Ce sujet est une priorité ? Vous aimeriez rencontrer la personnalité interviewée ? Vous souhaiteriez partager votre expérience sur le sujet ?

Une fois votre analyse faite, comment avancez-vous sur les actions à mener ?

Jullien Brezun. C’est sur ce point que nous devons être vigilents. Notre rôle de facilitateur permet la mise en mouvement de l’entreprise. On partage notre vision, on inspire, mais on ne donne pas de recette, car la solution n’est jamais unique et encore moins duplicable. Elle dépend du seul fait culturel, de l’histoire de l’entreprise, de ses valeurs, de son leadership… C’est donc à la direction générale et ses RH de construire son projet en la matière, sachant qu’il est indispensable d’y associer les collaborateurs.

Justement, que recherchent les collaborateurs aujourd’hui ?

Jullien Brezun. Surtout, un nouveau mode de management ! De manager, on passe au leader « coach », ou plutôt au leader « révélateur » du potentiel de ses équipes. Humble, il doit faire preuve d’empathie, d’écoute et de respect à leur égard. Ce n’est pas un référent technique, mais le manager de demain doit vous rendre plus efficace, plus dynamique, plus performant…

Les collaborateurs veulent également du sens ! Il faut que l’entreprise ait une vraie vision de la performance économique et sociale pour tous. Il y a une énorme attente d’inclusion, que ce soit sur l’équité hommes/femmes, jeunes/seniors, la prise en compte du handicap, de la différence… Aujourd’hui, l’entreprise devient un vecteur du changement sociétal. Elle ne fait pas que donner un job alimentaire… Pour les collaborateurs, l’entreprise doit structurer les temps de vie de ses collaborateurs et, en quelque sorte, s’adapter au cadre dans lequel ils évoluent.

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Quelle définition feriez-vous de l’entreprise où il fait bon travailler ?

Jullien Brezun. C’est une entreprise dans laquelle le projet de qualité de vie au travail est porté au plus haut niveau et incarné par tous les collaborateurs. Et cela n’a rien à voir avec sa taille, son secteur d’activité, son histoire ou son implantation géographique…

Une dernière remarque ?

Jullien Brezun. Oui. Il y a un sujet aujourd’hui de mise en tension très forte entre datas (qui m’aident à KPIiser la performance) et people… Plus vous avez de datas, plus vous devez prendre du temps managérial, c’est-à-dire passer du temps avec votre équipe pour la sécuriser et la valoriser !

Mouvance sociétale et dynamique vertueuse

* L’enquête « Trust Index » (plus de 60 questions) est adressée à l’ensemble des collaborateurs de l’entreprise et compte pour les deux tiers de la note finale. Le dernier tiers de la note se calcule en fonction de la qualité et de la diversité des pratiques managériales mises en place en interne, évaluées via un dossier rempli par l’entreprise (« Culture Audit »).

Great place to work

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Après avoir été élu 1ère entreprise 2019 « où il fait bon travailler » en France dans la catégorie des moins de 500 salariés, le cabinet de conseil Novencia Group, dédié à la performance opérationnelle, s’est hissé à la 11ème place du classement européen (parmi 26 entreprises françaises).

Consulter ici la dix-septième édition de Best Workplaces 2019

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