Alexandra Dublanche, la vice-présidente en charge du développement économique à la Région revient sur la deuxième phase de la transformation qu’entame l’Ile-de-France. Plus lourde et plus conséquente, cette période verra la mise en service de nombreuses plateformes et services.
Alliancy. Que veut dire concrètement le terme « Smart Region » pour l’Ile-de-France ?
Alexandra Dublanche. C’est à la fois une dynamique et une réalité. En 2016, à notre arrivée, nous avons souhaité accélérer sur l’installation du Très Haut Débit pour tous les Franciliens. Aussi, nous investissons 60 millions d’euros d’ici à fin 2021 pour que la totalité du territoire soit fibrée. Une partie de la Seine-et-Marne le sera un peu plus tard, fin 2023 – au lieu de 2026 – grâce à la Région.
Autre exemple, si l’on parle d’un axe important du développement économique qu’est le tourisme, le CRT d’Ile-de-France vient de signer un partenariat avec Fliggy, la plateforme de voyage en ligne du géant chinois Alibaba, qui compte plus de 270 millions d’utilisateurs et qui lancera d’ici au printemps prochain un portail « Paris Région » sur son site… Et l’on peut citer ainsi de nombreux autres projets [lire encadré, NDLR]…
Vous travaillez notamment sur un plan d’actions concernant la donnée. En quoi consiste-t-il ?
Alexandra Dublanche. L’Open data est devenu la règle « par défaut » à la Région, mais nous voulons maintenant aussi avancer sur la donnée partagée ou « Share Data » en vue de créer de nouveaux services qui s’appuient sur des données publiques et privées. Que peut-on faire des données dont nous disposons en interne ? Mais, déjà, quelles sont-elles ? Où sont-elles ? Quelles solutions mettre en place pour les exploiter, en y adjoignant des données externes ?… En quelque sorte, l’arrivée de la RGDP nous a aussi poussés en ce sens. Le 22 novembre dernier, nous avons annoncé la mise en place de cette plateforme régionale de données en 3D en plus d’un projet de CRM… sachant que nous nous sommes d’abord concentrés sur deux grandes compétences régionales que sont les lycées et le développement économique.
Quel est votre calendrier sur le sujet ?
Alexandra Dublanche. Nous nous sommes donnés deux ans pour apprendre, démarrer et développer les premiers services. Appelée Smart plateforme 2030, elle sera à la fois un concentrateur de données, le double numérique 3D de la région et un outil pour développer de nouveaux services publics. Le consortium d’entreprises Siradel (modélisation 3D), Engie-Ineo et Wavestone (conseil) a été retenu pour construire et développer cette plateforme, dont le budget s’élève sur plusieurs années à 6 millions d’euros. Ce groupement sera appuyé par les start-up et PME OpendataSoft, Dawex, Outscale (pour l’hébergement Cloud), Wimi, Utopies et LBMG.
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Que visez-vous concrètement avec un tel outil ?
Alexandra Dublanche. Ce projet vise à promouvoir le partage et l’ouverture des données des projets régionaux, pour permettre entre autres leur valorisation par la création de nouveaux services. La plateforme sera un concentrateur des données de la Région et de ses organismes associés (Institut d’Aménagement et d’Urbanisme, Paris Région Entreprises, Comité Régional du Tourisme…) ou de ses autres partenaires publics ou privés. Ce sera également à terme une plateforme capable de proposer un ensemble de services, que l’on construira avec les acteurs du territoire, les Franciliens et les entreprises, grâce à la valorisation de ces données. Parmi les premiers services que nous présenterons en 2019, il y aura un recensement des tiers-lieux sur le territoire comme celui des zones d’activité pour un meilleur suivi et leur développement ; un cadastre solaire et un espace d’animation autour de l’information géographique de référence. Ces projets devraient être présentés au prochain Vivatech.
Parmi les autres projets qui doivent bientôt émerger, où en est la plateforme d’apprentissage des langues ?
Alexandra Dublanche. Cette plateforme multilingue (allemand, espagnol, français Langue étrangère, anglais…), dont le but est de développer la mobilité et l’employabilité des Franciliens, sera opérationnelle au printemps prochain et uniquement accessible en ligne. Totalement gratuite, elle devrait permettre aux candidats âgés de plus de 18 ans d’apprendre la langue de leur choix ou bien d’améliorer leur niveau sur leur ordinateur, leur tablette ou leur smartphone en vue de trouver un emploi.
Viennent également les différentes actions très importantes que nous venons d’annoncer autour de l’intelligence artificielle pour 2019, à commencer par la quarantaine de start-ups qui nous accompagneront au CES de Las Vegas ou le lancement de deux challenges IA dans le monde de la santé et de l’industrie [lire encadré, NDLR], avec de nombreux partenaires… Ce sont des initiatives du plan régional sur l’Intelligence artificielle (IA 2021), qui vise à renforcer le leadership et l’attractivité du territoire dans ce domaine. Ce plan, nous l’avons conçu comme un point de départ, il sera réévalué tous les six mois.