Après sept ans d’expérience, Toulouse croit plus que jamais en la dynamique open data, vue comme un socle fondamental pour la smart city. Les villes qui se lancent sur le sujet ces derniers mois peuvent capitaliser sur les écueils et accélérateurs identifiés par de tels pionniers.
L’open data a soufflé en 2017 sa dixième bougie et le nombre de villes qui y recourent n’a cessé d’augmenter. La raison est simple : les collectivités connaissent leur propre transformation numérique pour proposer les services de demain à leurs usagers. Comme pour beaucoup de clients d’entreprise, les exigences en termes « d’expériences utilisateurs » ont considérablement augmentées ces dernières années, dans le sillage des normes et usages diffusés par des acteurs comme Amazon ou Google… Et pour parvenir à mieux satisfaire les citoyens, les villes ont besoin de données et d’une stratégie qui leur permette d’en tirer parti plus facilement.
« L’Open Data est indissociable de la smart city. Cette dernière ne se résume pas à cela, mais elle ne peut exister sans cette nouvelle approche des data », analyse Sandrine Mathon, responsable du domaine ressources au sein de la direction numérique de la mairie de Toulouse et Toulouse Métropole. La collectivité, qui couvre une aire de population de près de 750 000 habitants, s’est lancée dès 2011 dans l’aventure open data. En parallèle, la métropole a prévu un demi-milliard d’euros d’investissement sur la smart city sur son plan 2015-2020. Elle bénéficie par exemple aujourd’hui de la 4G dans le métro, une première en France, ou encore de lampadaires connectés.
Un chemin progressif vers une ouverture plus automatisée
« A l’origine sur l’open data, notre intérêt s’articulait autour de trois objectifs complémentaires : l’attractivité du territoire, son développement économique, et une plus grande transparence administrative. Il n’y avait pas encore beaucoup d’acteurs qui étaient structurés sur le sujet – nous avons regardé du côté de ce que faisait Paris – mais nous nous sentions prêts car tous les sujets de réorganisation que connaissait alors les collectivités, étaient derrière nous », détaille Sandrine Mathon.
Toulouse se rode en limitant au départ ses ambitions : le premier portail est assez simple, permettant juste de télécharger certains jeux de données. Le contenu et les explications contextuelles limités en réserve naturellement l’usage aux développeurs professionnels qui savent ce qu’ils viennent chercher, plutôt qu’au grand public. Durant la dernière décennie, combien de villes n’ont-elles d’ailleurs pas procédé de la même manière ? Tout l’enjeu est ensuite de dépasser cette première étape, et de gravir la marche de l’industrialisation de la mise à disposition des données. « Quand on a démarré, l’open data était exogène au système d’information. Aujourd’hui, il est beaucoup plus simple d’avoir une approche plus intégrée, avec des liaisons. Les collectivités qui se lancent peuvent plus facilement mettre en place l’extraction des données depuis les applications métiers et automatiser leur exposition. Plus besoin de passer du temps à manipuler les jeux de données manuellement » décrit la responsable toulousaine.
Une nouvelle plateforme pour mieux s’ouvrir aux citoyens
Pour Toulouse Métropole, un des axes d’accélération a été de recourir à la plateforme OpenDataSoft à partir de 2015 pour bénéficier des avantages d’une approche software as a service et se tourner véritablement vers le grand public. La nouvelle plateforme a ainsi permis de proposer une visualisation des données centrée sur les besoins de l’utilisateur, mais aussi de profiter d’API pour nourrir les propres applications développées par sa direction du numérique. « Nous aurions pu proposer nos nouveaux services sans cela, mais cela nous a fait gagner beaucoup de temps » reconnait Sandrine Mathon.
De quoi favoriser également les approches « mixtes » où des services supplémentaires proposés par des tiers viennent renforcer le cœur des prestations de la collectivité. Un exemple : l’application « Qui dit miam » de mise à disposition des menus des cantines scolaires qui servent chaque jour 30 000 repas, est centralisé pour permettre aux parents et élèves toulousains d’accéder à toutes les informations utiles, à l’image des allergènes. Mais une start-up fournit aujourd’hui également un service complémentaire de recommandation pour la préparation des repas du soir des familles, selon la nature des plats qui ont été servi le midi aux enfants. De quoi permettre à la direction du numérique de se concentrer sur d’autres sujets où son expertise est plus attendue.
Une organisation qui lie fortement open data et smart city
Quels sont les autres avantages de l’open data dans le cadre des approches smart city ? Pour Sandrine Mathon, la réponse est claire : « L’open data est un révélateur de la qualité des données que l’on a à disposition, et permet de mettre en évidence ce que l’on va pouvoir faire ou non ensuite ». Par ailleurs, c’est aussi un facteur qui favorise « le décloisonnement des services pour favoriser les travaux communs, ce que nécessite également les démarches consacrée à la smart city ».
A Toulouse, le sujet smart city est portée par une direction éponyme, distincte de la direction du numérique, mais des référents smart city sont dorénavant présent dans tous les métiers de la collectivité. La métropole capitalise au maximum sur le travail mené depuis 2011 pour ouvrir ses données à tous les utilisateurs. Mais pour cela, il faut que la gouvernance politique soit alignée sur la même ambition. Pour la capitale Occitane, c’est ainsi un même élu qui porte les sujets open data et smart city : Bertrand Serp, 19e vice-président de Toulouse Métropole, en charge de l’économie numérique et de la robotique. Et l’élu n’est pas un néophyte, il est par ailleurs le président de l’association Open Data France !
Découvrez les expérimentations réalisées dans le cadre de la démarche #SmartCity destinées à co-construire la Métropole de demain ➡️ https://t.co/J0lPLZM8mc #ForumSmartCity pic.twitter.com/rP3JPE2uzR
— Toulouse Métropole (@TlseMetropole) December 5, 2017
La ville rose ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle multiplie donc les initiatives – avec ou sans open data. Début décembre, elle a ainsi dévoilé les 3 projets citoyens, lauréats de son 3e Forum Smart City. Le « Fablab créatif à Saint-Jean » qui vise à favoriser la création de prototypes innovants ouvrira ainsi ses portes début 2018. Le « Projet Cyclik », une plateforme de services à domicile, sera soutenu par l’incubateur toulousain Première Brique et EDF. Quant au projet « ZeroWaste Toulouse » de collecteurs mobiles de bio-déchets sur les marchés, il sera mis en œuvre directement par la métropole.
>> Cet article fait partie du dossier Smart city : la voie pour réinvestir la ville