- Type d'évènement : Dîner-débat
- Date : 12/09/2019
- Info supplémentaire :
12/09 – Comment mieux faire rayonner les entreprises de nos territoires à l’heure de la transformation numérique ?
Depuis les débuts de l’accélération du numérique des années 2010, la prise de conscience de l’impact stratégique de cette transformation dans toutes les organisations s’est accélérée et ce quelles que soient leurs tailles et leurs activités. Ces transformations profondes que vivent les entreprises sont aujourd’hui une réelle opportunité pour nos territoires.
Les métamorphoses économiques et sociales en cours, les changements de business modèles, les nouvelles possibilités d’alliances, permettent d’imaginer de nouvelles voies de développement et de croissance qui dépassent les frontières traditionnelles. Mais quelles sont les synergies à créer entre les grands acteurs français, aux nombreux ancrages locaux et à l’empreinte mondiale, les élus engagés dans la transformation de leurs territoires et les professionnels du numérique, pour accélérer le mouvement ? Avons-nous tous pris conscience des leviers à disposition et des nouvelles coopérations possibles ?
En présence d’acteurs politiques, économiques et académiques de la région Grand Est, ce déjeuner fût l’occasion de discuter d’actions concrètes à mener pour favoriser le rayonnement national et international des entreprises régionales innovantes.
Sylvain Fievet, Directeur de publication Alliancy
« Aujourd’hui, il faut être décomplexé ! Même au sein du SBF 120, rares sont les entreprises qui ont un alignement de planètes, avec une vision de leur gouvernance, une stratégie mise en place en terme de transformation numérique par rapport à tous ces sujets… Beaucoup ont mis des outils en place, mais de façon éparse, très silotée. La vision 360° du client est une problématique dans toutes les organisations, que ce soit dans l’assurance, la banque, le retail ou l’industrie. C’est une agilité difficile à mettre en place… »
Frédéric Schnur, Président de Grand Est Numérique
« La rencontre d’aujourd’hui permet de faire avancer les choses. Il faut prendre le temps de se connaître, d’échanger, de connecter nos potentiels, petits, moyens et grands ! Il faut avancer ensemble, notamment pour partir à l’international. Il faut cesser de travailler en silos. On voit également sur nos territoires une fracture se créer… Avec la nouvelle génération qui utilise tous ces outils numériques et travaille différemment, on voit des collaborateurs plus âgés qui se mettent en totale opposition avec ces personnes. A la fois car ils ne maîtrisent pas la technologie et qu’ils en ont peur, mais aussi car ils ne supportent plus du tout cette mise à l’écart qu’ils ressentent parfois. »
Thierry Meynle, Président de Divalto (ERP et CRM) et membre du conseil d’administration de Syntec Numérique
« En tant que « provincial » du Syntec Numérique, j’aide le Comex et ses diverses entités à comprendre comment fonctionnent les régions et à créer du lien avec les instances locales. Nous travaillons par exemple sur les talents, car nous sommes en pénurie critique de compétences en imaginant de nouveaux viviers… Il faut également arrêter la notion de transformation numérique, car elle est mal comprise. D’autant que nous allons passer dans une nouvelle phase, celle de l’inclusion numérique. Il faut anticiper cette fracture qui arrive… car tout le monde n’est pas équipé, ne sait pas s’en servir. Il faut absolument inclure 100 % de la population de façon à éviter « les Gilets Jaunes du numérique » à moyen terme. »
Thierry Nicolas, Vice-Président de la Commission Innovation à la région Grand Est
« Dans notre quotidien, nous devons aller au contact des entreprises pour les accompagner dans leur diagnostic de transformation numérique. Nous prenons en charge la 1ère partie de ce diagnostic général avant de leur proposer des pistes pour aller plus loin. La région veut être en proximité avec les PME, d’où les maisons régionales que nous avons créées dans les 10 départements du Grand Est. D’ici à 2022, l’ensemble de la région sera également couverte en très haut débit, ce qui permettra de nouveaux usages pour nos entreprises et concitoyens. »
Hervé Bauduin, Président de l’UIMM Lorraine, Président du CFAI lorrain, Membre du bureau national de l’UIMM
« Récemment, lors d’une réunion au niveau régional avec plusieurs chefs d’entreprises, j’ai senti un vrai rejet autour de l’industrie 4.0. Leur seul objectif est la performance de leur outil industriel… et, par rapport aux nouvelles technologies, ils ont le sentiment qu’on leur propose des outils dont ils n’ont pas vraiment besoin… Ne confondons surtout pas l’outil et les moyens avec l’objectif de l’entreprise. Pour autant, il faut que les dirigeants de PME comprennent que dans la « panoplie » du digital, il y a des choses qui vont vraiment leur être utiles. C’est pourquoi, il faut faire attention à ce que l’on dit, notamment sur l’intelligence artificielle… Reste enfin la question cruciale du recrutement de talents. En ce sens, le numérique peut vraiment nous permettre de proposer aux salariés d’autres conditions de travail qui vont nous rendre plus attractifs…»
Manuel Fendler, Responsable Plateforme Mécatronique MAPP – IoT Industriel, Expert Sr. (HDR) Intégration & Packaging Microélectronique
« Nous sommes là pour favoriser l’intégration des nouvelles technologies au cœur des entreprises industrielles des territoires pour gagner en valeur ajoutée, et avons aussi pour mission l’indépendance industrielle de la France. L’important dans la transformation numérique est déjà de savoir si le chef d’entreprise a une stratégie en la matière… Certes, cela n’est pas simple, mais c’est ce qui lui permettra de faire le tri dans les offres qui lui seront proposées et de savoir quelles technologies lui permettront de gagner en valeur… L’opérateur doit qualifier son besoin et ne pas être prisonnier de faire du numérique pour du numérique. D’où l’importance pour le CEA Tech de travailler sur le terrain, en local.»
Sabine François, Directrice de la Transition énergétique, écologique et de l'environnement à la région Grand Est
« La transformation numérique, comme la transition énergétique, n’est pas toujours visible… On ne l’applique pas et on ne la voit pas partout… Par exemple, quand on parle de sobriété, on ne parle pas seulement de sobriété dans le bâtiment, mais également dans les achats, y compris les achats liés au numérique qui s’avèrent très consommateurs d’énergie. Il faut avoir une analyse du cycle de vie… Ici, dans la région, nous avons aussi des préoccupations environnementales dont il faut tenir compte. Et si on veut aller au bout de la transformation numérique, il faut avoir une approche plus systémique et globale dès la conception jusqu’à l’utilisation des produits. Sans oublier la problématique de la ressource…»
Emmanuel Nerkowski, Directeur de la stratégie industrielle et de l'innovation du Groupe ThyssenKrupp
« En charge de la performance industrielle du groupe ThyssenKrupp, je considère le numérique comme un outil, avec pour principal levier l’humain. Le numérique doit donc servir la cause de la performance industrielle pour maintenir les emplois sur nos territoires, partout en France. Aujourd’hui, il y a des attentes énormes qui ne sont pas satisfaites entre le besoin de réindustrialiser le pays et le plan du numérique Industrie du Futur sorti au même moment… La réalité des chefs d’entreprises ne correspond pas à cet élément marketing. L’enjeu actuel est essentiellement de conserver nos emplois, créer de la valeur sur nos territoires, au niveau régional ou national, et cela passe par de la création de performance. C’est ce qui nous rassemble tous ici. Et le numérique n’est qu’un moyen pour y parvenir.»
Abdallah Ougazzaden, Directeur de Georgia Tech et co-Président de l'Institut Lafayette
« Formation, recherche et transfert de technologie… sont les trois piliers de nos activités. Nous nous situons sur les outils en amont de la transformation numérique (capteurs, lasers…), c’est-à-dire ces composants qui créent de la donnée. La question à se poser aujourd’hui est également le lien qui existe entre les industriels et le monde universitaire dans sa globalité… Comment le renforcer ? C’est très important de refaçonner notre offre par rapport aux besoins des industriels… Aujourd’hui aussi, ce sont les salariés et les clients qui poussent au changement. C’est aussi cela la vraie transformation numérique aujourd’hui, c’est cette pression collective et sociétale qui nous impacte tous. Veut-on être consommateur ou être l’un des leaders ? D’où l’importance de ce lien entre l’industrie et la recherche pour faire des prototypages et des tests… car les produits de demain ne sont pas aujourd’hui « sur étagère ». Pour avoir cette vision, il faut un travail étroit entre recherches publique et privée. Nos étudiants doivent servir les besoins des entreprises. »
Gervais Pellissier Directeur général délégué, Transformation du Groupe et Président d’Orange Business Services
« Lorrain d’origine, je suis très attaché à ce territoire. En tant que directeur de la transformation du groupe Orange, c’est à la transformation culturelle des équipes à laquelle je pense en priorité. L’humain est au cœur de toute transformation. Notre groupe est très engagé ici dans l’infrastructure, indispensable pour contribuer au développement de la région : au service des consommateurs et du B2B, qui sont deux sphères différentes mais également importantes pour nous. »
Luc Julia, CTO et VP Innovation Samsung monde
« Je suis basée en Californie où j’ai créé un centre d’innovation pour le groupe il y a sept ans sur les nouvelles technologies qui vont apparaître dans les deux à dix ans. J’ai aussi créé un centre de R&D à Paris, car il faut rendre quelque chose à la France et profiter des ressources extraordinaires dont dispose notre pays. Aujourd’hui, j’ai reçu 1 500 demandes pour 30 postes à pourvoir… Et, si je viens ici à Metz, c’est en tant qu’évangéliste pour dire ce que je pense, au niveau de mon groupe, de l’intelligence artificielle. Il ne faut surtout pas innover pour innover, il faut avoir de bonnes raisons côté métier pour y aller. Le problème que l’on aujourd’hui tourne autour de la question de l’éducation tout au long de la vie. Il faut amener les gens à comprendre quel est leur environnement numérique, les former et ce en continu. C’est impératif pour éviter la fracture numérique, même si je n’ai pas les solutions pour y parvenir.»
Didier Vaucois, Délégué Régional Grand Est du groupe EDF
« Pour un groupe comme EdF, le numérique est au service de la transition énergétique et l’on travaille beaucoup avec le Conseil régional en tant que sachant et offreur de solutions pour d’autres entreprises. Nous cherchons notamment à nous positionner pour aider les PME et les ETI, en les faisant bénéficier de nos conseils par exemple sur la façon de gérer les données... Notre défi aujourd’hui d’ailleurs, c’est l’ancrage territorial, qui précède de loin la transformation numérique. Si l’on veut toucher la population, il est important d’être « local » et de conserver la proximité avec nos clients tout en gérant la globalité. Je pense aussi que très vite, les villes vont devenir irrespirables et que l’avenir pour nos ingénieurs est aussi dans les territoires. Ce sont donc les populations, davantage réparties demain, qui feront ce que sera le numérique. »
Jean-Luc Bohl, Président de Metz Métropole et premier Vice-Président de la région Grand Est
« Nous avons à cœur d’être aux côtés de tous les acteurs du numérique et avec tout l’écosystème labellisé French Tech dans la région. Nous voulons creuser un sillon et apporter à tous les solutions indispensables pour être dans cette dynamique partagée. Par ailleurs, ce sont des sujets qui nous intéressent également en tant qu’élus… Nous avons eu la problématique des caméras de vidéosurveillance (faut-il en mettre ou pas) ; aujourd’hui, la question tourne autour de l’utilisation de la reconnaissance faciale… Ce sont de vrais sujets sociétaux, d’éthique sur lesquels il nous faut réfléchir. En ce sens, il y a un problème de formation, au niveau des entreprises, mais aussi au niveau des collectivités..»
Céline Gris Présidente de Gris Group (France, Allemagne)
« Nous sommes une PME industrielle dans la métallurgie et travaillons, pour le marché automobile principalement (44 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018, 230 salariés). Chez nous, le numérique est un chantier en continu, mais il est parfois difficile de relier numérique et innovation… Un ERP, un CRM… sont-ils si innovants ? Il nous faut des outils flexibles qui ne mettent pas des mois à être implémentés, qui ne soient pas à des coûts faramineux et qui soient vraiment utiles… Ce n’est pas aussi simple qu’il y paraît. Le « connecté » rapide, je n’ai pas encore vu… Qui pour nous accompagner ? Et, au final, on fait souvent les choses nous-mêmes en interne..»
Catherine Moal, Rédactrice en Chef d’Alliancy
Ce que j’ai retenu de ce débat :
- La fibre a re-régionalisée les activités et recrée de la proximité avec la population ! Pour autant, comment, tout en ayant de grands ensembles et le numérique, on redonne du pouvoir au local pour prendre la bonne décision ?
- OUI aux outils numériques si cela nous rend plus productifs, plus efficients et que l’on se porte mieux sur nos marchés face à la concurrence.
- La région Grand Est, en terme de numérique au sens large, est sous-dimensionnée. Il y a moins d’éditeurs, moins d’ESN, moins d’écoles qu’ailleurs… Il y a entre 20 et 30 % de moins d’informaticiens ici qu’ailleurs.
- Partout dans le monde, la tendance dans les entreprises est parfois de faire les développements en interne. C’est une erreur !
- En région, les entreprises doivent aussi comprendre qu’il y a un intérêt à collaborer avec des acteurs parisiens, américains ou autres… et pas seulement locaux.
- Une entreprise, c’est l’endroit où l’on prend des décisions qui est important.
Alliancy était partenaire de la 7ème édition de #GEN qui s’est déroulé les 12 et 13 septembre 2019, les 12 et 13 septembre 2019 au Centre des Congrès Robert Schuman de Metz.
Avec des thématiques variées allant de la transition digitale aux langages de développement, #GEN est devenu un événement incontournable pour tous les professionnels novices ou aguerris du numérique dans le Grand Est.
L’association Le Grand Est Numérique promeut et favorise l’émergence d’un écosystème territorial dynamique centré sur le numérique pour les professionnels et associatifs du Grand Est : https://grandestnumerique.org/
Retour sur le déjeuner du 12/09/19 du cycle :« Transformation numérique et Territoires ». Comment mieux faire rayonner les entreprises de nos territoires à l’heure de la transformation numérique ?
Depuis les débuts de l’accélération du numérique des années 2010, la prise de conscience de l’impact stratégique de cette transformation dans toutes les organisations s’est accélérée et ce quelles que soient leurs tailles et leurs activités. Ces transformations profondes que vivent les entreprises sont aujourd’hui une réelle opportunité pour nos territoires.
Les métamorphoses économiques et sociales en cours, les changements de business modèles, les nouvelles possibilités d’alliances, permettent d’imaginer de nouvelles voies de développement et de croissance qui dépassent les frontières traditionnelles. Mais quelles sont les synergies à créer entre les grands acteurs français, aux nombreux ancrages locaux et à l’empreinte mondiale, les élus engagés dans la transformation de leurs territoires et les professionnels du numérique, pour accélérer le mouvement ? Avons-nous tous pris conscience des leviers à disposition et des nouvelles coopérations possibles ?
En présence d’acteurs politiques, économiques et académiques de la région Grand Est, ce déjeuner, organisé par la rédaction Alliancy et les équipes du Grand Est Numérique en marge du GEN2019, fût l’occasion de discuter d’actions concrètes à mener pour favoriser le rayonnement national et international des entreprises régionales innovantes.