Dans sa nouvelle chronique, Stéphane Gervais revient sur sa participation à l’évènement mondial de référence de l’IA, au Pays-Bas. La réglementation et les enjeux d’IA responsable ont été un filtre permanent pour donner du sens aux technologies et aux innovations présentées.
« AI World Summit 2024 » s’est déroulé le 9 et 10 octobre à Amsterdam et a réuni 6 000 leaders mondiaux, décideurs politiques et experts en technologie. Une étape importante dans l’avenir de l’intelligence artificielle (IA) par ceux qui développent les technologies, ceux qui les utilisent et ceux qui les régulent. En effet, même si l’événement a mis en lumière les opportunités grandissantes offertes par l’IA, les défis considérables auxquels nous devons faire face collectivement ont été adressés. Entre progrès très rapides et régulation nécessaire, l’IA a été placée sous les projecteurs sous des angles intéressants et constructifs.
Des personnalités influentes, telles que Sarah Porter, ont rappelé que chaque individu a un rôle à jouer pour façonner l’avenir de l’IA et son impact sur la société. En évoquant l’importance de l’action personnelle, Porter a réitéré l’idée que la technologie doit être utilisée de manière éthique et responsable. Alexander Scholtes, responsable numérique de la ville d’Amsterdam, a souligné un point fondamental : la technologie doit servir les gens, et non l’inverse. Cette idée a même été renforcée par Microsoft, qui a expliqué que les innovations les plus puissantes en IA sont celles qui autonomisent les utilisateurs, en leur donnant plus de contrôle et de capacité.
Les villes en première ligne pour une IA responsable
Certaines villes comme Londres, Barcelone et Amsterdam ont décidé de collaborer pour élaborer un cadre d’IA responsable. Ce cadre vise à garantir que l’IA soit utilisée de manière à responsabiliser les citoyens, notamment en améliorant l’accès équitable à cette technologie. En travaillant ensemble, ces villes créent des exemples concrets d’application de l’IA au bénéfice de la société. L’une des phrases marquantes de cet échange a été : « Nous devons garder le contrôle de notre avenir et veiller à ce que la technologie s’aligne avec les valeurs de la société. »
Un développement technologique à une vitesse fulgurante
Le rythme auquel l’IA progresse est stupéfiant, comme l’a indiqué Mark Heaps, directeur technique (CTO) de Groq. Il a fait une prédiction surprenante : plus de logiciels seront développés dans les 12 prochains mois que pendant les 20 dernières années grâce à l’IA. Ce rythme rapide de développement permet à l’écosystème de l’IA de s’étendre dans une diversité de domaines, notamment le traitement du langage, l’audio et la vidéo, créant ainsi une multitude de nouvelles opportunités technologiques.
La certification IA en Europe : un impératif croissant
CertX, un leader dans la certification IA, en collaboration avec l’UE, a pris les devants dans l’implémentation de l’EU AI Act. Vincent Sabot, PDG de CertX, a expliqué que l’industrie de l’IA se prépare à aborder des questions clés telles que la cybersécurité et la conformité aux normes européennes en matière de déploiement de l’IA. « La certification IA devient essentielle, non seulement pour garantir la sécurité des utilisateurs, mais aussi pour créer des normes éthiques solides dans l’IA », a ajouté Sabot.
À une échelle plus large, Robert Silvers, du Département de la Sécurité Intérieure des États-Unis, a insisté sur l’importance d’une cybersécurité renforcée dans le cadre du développement de l’IA. Il a présenté le rôle critique du Cyber Safety Board, qui encourage une coopération étroite entre les secteurs public et privé pour contrer les cybermenaces potentielles liées à l’IA. Même si l’Europe fait bonne figure avec « L’EU AI Act », ce type de coopération étroite et active public-privé en Europe mérite d’être mise en place aussi.
Régulation, Innovation Responsable et Transformation des Entreprises
Les débats se sont encore approfondis au cours de la deuxième journée du Sommet, avec une attention particulière portée à la régulation de l’IA et à son déploiement responsable. Katie Noyes, représentante du FBI, a exposé les enjeux liés aux nouvelles générations de technologies. Elle a évoqué les utilisations positives de l’IA, comme la protection des enfants contre des menaces en ligne telles que la sextorsion, mais elle a aussi alerté sur les dangers liés à la manipulation en masse, rendue possible par l’IA de contenus, y compris audio et vidéo. A noter aussi que le FBI participe activement aux développements des standards mondiaux, comme la 5G et l’IA, pour, officiellement, être au courant des technologies at standards bientôt disponibles. On peut imager qu’il y a beaucoup plus de raisons et surtout espérer que l’Europe s’inspire de telles pratiques.
Vers un consensus mondial sur la sécurité de l’IA ?
La question qui a émergé au fil des discussions était de savoir à quel point nous sommes proches d’un consensus global sur la régulation et la sécurité de l’IA. Des experts comme Bart Becks du Conseil Européen de l’Innovation, Nabiha Syed de la Mozilla Foundation, et Paul Brooks de Dell, ont débattu de l’équilibre à trouver entre le protectionnisme technologique national et la collaboration internationale nécessaire pour utiliser l’IA de manière éthique et responsable. Equilibre qui semble très compliqué a atteindre en ce moment du, par exemple, a de trop fortes disparités au niveau numérique dans les différents pays.
L’IA, moteur de la transformation des entreprises
Philippe Rambach, Chief AI Officer chez Schneider Electric, a quant à lui affirmé que l’IA à grande échelle est désormais une réalité, en particulier dans le secteur de l’énergie. L’IA permet non seulement d’améliorer l’efficacité des usines, mais aussi de prévoir la production et la consommation d’électricité, entraînant ainsi des réductions significatives des coûts. « L’IA doit avant tout répondre aux besoins concrets des entreprises, en s’appuyant sur des connaissances sectorielles solides, et son développement doit se faire de manière responsable », a-t-il ajouté.
L’open-source et la réglementation de l’IA sont devenus des priorités évidentes dans les discussions, en particulier avec des initiatives comme l’AI EU Act. De nombreuses entreprises, dont Intel Corporation, ont insisté sur le fait que l’IA n’est plus une option ou un luxe. D’ici peu, chaque entreprise devra intégrer l’IA dans son fonctionnement quotidien, sous peine de perdre en compétitivité.
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Le Sommet Mondial de l’IA 2024 nous a rappelé que l’avenir de l’intelligence artificielle ne sera durable que si nous trouvons un équilibre entre usages et régulation. La collaboration internationale, la certification et la responsabilisation des entreprises sont des éléments clés pour s’assurer que l’IA ne dévie pas vers des usages nuisibles. À l’heure où l’IA s’impose dans tous les secteurs de la société, il est crucial de prendre des mesures immédiates pour garantir que cette technologie serve le bien commun et respecte les valeurs fondamentales de l’humanité.