Albert Meige est le fondateur et le président de Presans, une plateforme numérique d’experts créée en 2008. Selon lui, l’open innovation, bien qu’à rationnaliser, n’est qu’un point de départ vers une nouvelle structure de l’entreprise qui ira au-delà aux sociétés du digital. Presans met en relation des experts ou des start-up avec des grands groupes et compte aller plus loin avec un nouveau logiciel : un système de conciergerie d’expert.
Alliancy – Comment vous est venue l’idée de Presans ?
Albert Meige – Lors d’une visite à San Francisco, il y a 15 ans, j’ai pu constater un changement dans l’organisation de l’entreprise. Cette nouvelle organisation, qui prend exemple sur les GAFAM, se caractérise par deux voire trois hiérarchiques en moins. Alors que jusqu’ici ça ne touchait que le monde du digital, ce genre de modèle s’est intégré au monde de l’industrie, notamment avec Tesla. Pour compenser, l’entreprise va se reposer sur une mission inspirante. Par exemple, Tesla ne vend pas des voitures, elle accélère la transition écologique.
Ces entreprises d’un nouveau genre souhaitent mobiliser des talents à la demande (talent on demand). L’open innovation est un point de départ, on assiste à l’essor de l’open organisation. La transition numérique en est une preuve. Désormais, une société va utiliser du digital sur tous les plans pour un gain de productivité (relation client, manufacturing 4.0 etc), même si le cœur de son business n’est pas en lien avec le digital.
Les politiques commerciales s’en trouvent aussi touchées avec le recours aux stratégies de plateforme. Apple, au lieu de remplir ses téléphones de plusieurs applications (ce qui reviendrait cher), propose un environnement de développement pour que des tiers en créent de leur initiative personnelle. C’est ce que fait aujourd’hui General Electric avec Predix par exemple.
Cette stratégie, comme les nouvelles organisations, se base sur le talent on demand, et c’est clairement l’objectif de Presans. Nous répondons aux entreprises qui veulent créer des équipes de talent à la demande en cherchant les experts adéquats. Nous leur vendons du temps et de l’agilité.
Comment vous y parvenez ?
Albert Meige – Nous disposons aujourd’hui d’un effectif de 20 salariés et d’une base de données de 6 millions d’experts, qui va du professeur à la PME technologique en passant par la start-up, nous permettant de travailler avec 40 grands groupes aux Etats-Unis, au Moyen-Orient et en Europe.
Nous avons pleinement conscience que le président d’un grand groupe ne parle pas le même langage qu’un startuper, ou qu’un expert. Notre équipe est assez hétéroclite pour que puissions faire le pont entre ces mondes différents mais interdépendants. Nous comptons l’ancien directeur technique de Dassault aviation par exemple ainsi que des développeurs et des commerciaux. Cela fait sans doute de nous une start-up particulière mais c’est sans aucun doute une force.
Comment irez-vous plus loin ?
Albert Meige – Nous lançons un nouveau service qui prend en compte ces tendances d’open organisation que nous avons observé. Si le terme uberisation s’est démocratisé et peut être utilisé à tort et à travers, il s’inscrit néanmoins dans la réalité de l’entreprise d’aujourd’hui avec cette fameuse notion de talent on demand. Notre nouveau service va dans cette perspective. Il s’agit d’une sorte de conciergerie intellectuelle qui permettra à nos clients de pouvoir mobiliser un expert sous 72h. Il y a une véritable demande de la part de nos clients. Cette conciergerie se repose sur notre réseau vaste et nos technologies d’intelligence artificielle (algorithme de sélection et machine learning). L’idée est de mettre à disposition un expert pour nos clients lorsqu’ils ont des décisions à prendre pour en limiter les risques.
La Conciergerie by Presans, plateforme rendant 6 millions d’experts accessibles en 72h, a été lancée le 18 mai.
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