Le directeur général adjoint du groupe Leboncoin, en charge notamment des ressources humaines, revient sur les développements en cours de l’entreprise, récemment installée sur les 5 500 mètres carrés des anciens locaux parisiens de l’agence BETC.
Alliancy. Vous venez d’annoncer 160 recrutements pour cette année. Quels profils recherchez- vous ?
Alexandre Collinet. Nous souhaitons engager, pour plus d’un tiers des embauches, des profils IT
sur tous types de qualification. Soit des développeurs front end, back end, des data analysts, des développeurs d’application mobile, des administrateurs système & réseau, des ingénieurs qualité… Pour un autre tiers, nous recherchons des commerciaux pour mieux faire connaître notre groupe. Enfin, le dernier tiers concerne des compétences diversifiées dans le support technique, le support client, la stratégie produit, les RH, l’administration financière… Depuis le début de l’année, nous avons déjà embauché 40 salariés, équitablement répartis sur ces trois grandes catégories de profils.
Comment sélectionnez-vous les candidats ?
Alexandre Collinet. On passe nos annonces sur notre propre site Leboncoin.fr, devenu le premier site d’annonces d’emplois en France [payantes pour les grands groupes, mais gratuites pour les TPE, Ndlr], après Pôle emploi, et sur d’autres réseaux comme LinkedIn ou Talent.io. Notre objectif est de créer plus de 100 emplois par an en France dans les années à venir. Concernant la sélection, on regarde surtout le savoir-être du candidat et sa capacité à travailler en équipe et, bien sûr, son niveau de compétences qui n’est pas forcément lié à son niveau de diplôme. Nous n’excluons pas les parcours de formation classiques, mais nous restons ouverts à des candidats sans diplôme ou peu diplômés qui ont su construire leur propre expertise dans un domaine qui nous intéresse.
« Notre objectif est de créer plus de 100 emplois par an en France dans les années à venir. »
Êtes-vous confronté à certaines pénuries de profils ?
Alexandre Collinet. Oui, de développeurs notamment. Avec eux, nous adoptons une approche de recrutement plutôt « pull » que « push », en leur proposant un projet ou un challenge technique qui a du sens, au-delà d’un salaire. Sur un marché du travail qui en manque, les développeurs sont harcelés par les cabinets de recrutement. À l’inverse, nous voulons leur donner l’envie de nous rejoindre. Pour cela, nous organisons notamment des meet-up dans nos locaux, des réunions de rencontre et d’échanges autour d’un thème pour mieux nous faire connaître.
7,95 millions d’offres d’emploi uniques publiées en France en 2016.
À quels projets seront affectés les profils IT et les commerciaux recrutés ?
Alexandre Collinet. Nos nouveaux salariés IT travailleront sur le développement de fonctionnalités dans nos divers sites C to C et B to B. Ils rejoindront nos équipes « produit » et « technique », dont le nombre s’élève déjà à 200 personnes sur un effectif total de 500 collaborateurs. Les commerciaux s’attacheront à mieux faire connaître nos nouvelles offres B to B qui constituent un axe de diversification pour notre groupe, historiquement positionné sur le B to C avec Leboncoin.fr comme navire amiral. Ce virage dans le B to B se fait de façon naturelle. En touchant 60 % des Français par mois, on attire les professionnels qui veulent atteindre un grand nombre d’internautes. Il nous faut donc leur proposer une offre adaptée qui leur permette d’améliorer leur visibilité.
Justement, quels sont les développements dédiés aux professionnels ?
Alexandre Collinet. On vient de lancer le site Leboncoinpro.fr destiné à aider plusieurs centaines de milliers de professionnels utilisateurs à s’y retrouver parmi notre éventail de solutions. Le site regorge de conseils pour aider les PME et grands groupes à tirer un profit maximal. Pour les TPE, on leur propose d’acheter des espaces publicitaires en quelques clics via notre solution Atelier Business, intégrée dans notre site amiral. On souhaite développer d’autres offres B to B avec l’idée d’accroître notre qualité de service, moyennant rémunération. On n’exclut pas non plus de procéder à des acquisitions. On a d’ailleurs repris, l’an dernier, MB Diffusion et ses deux sites Agriaffaires.com, dédié aux annonces d’achat-vente de matériel agricole neuf ou d’occasion, et Machineryzone.fr, site également de petites annonces d’achat vente de matériel et d’engins du BTP neufs et d’occasion.
Vous venez aussi de lancer un accélérateur et accueillez votre première start-up, PayCar… Quelle est sa vocation ?
Alexandre Collinet. L’innovation est dans notre ADN ! On avait envie de partager notre expérience et notre savoirfaire dans le développement de produits web avec de jeunes pousses, dont les solutions de qualité peuvent être en synergie avec les nôtres. PayCar, la première start-up à rejoindre notre accélérateur dans nos locaux du Xe arrondissement de Paris, propose une solution intéressante de paiement en ligne pour l’achat-vente de véhicules d’occasion entre particuliers. Elle répond aux besoins des utilisateurs du site Leboncoin.fr. Plus largement, nous visons des start-up positionnées autour des secteurs de l’emploi et de l’immobilier, qui sont avec l’automobile nos principales thématiques. L’idée est d’établir des petits programmes d’accélération de deux start-up en même temps sur une durée de 3 à 6 mois. Nous sélectionnerons la deuxième start-up miavril pour le premier programme.
TOP 3 des sites emplois
Grâce à PayCar, envisagez-vous de proposer des transactions en ligne entre particuliers ?
Alexandre Collinet. Ce pourrait être à terme les opérations qui concluront les échanges entre particuliers dans notre site amiral via un système de messagerie interne que nous lancerons d’ici à cet été. Avec cette messagerie, les particuliers pourront échanger plus longuement et aller au bout de la transaction. Nous souhaitons aussi que ces échanges soient continus du mobile ou de la tablette à l’ordinateur fixe et inversement. On se concentre beaucoup depuis deux ans sur le développement de fonctionnalités « cross-device » pour faciliter les échanges d’un support à un autre. Nous avons développé une solution « responsive » du site Leboncoin.fr sur mobile qui représente désormais les deux tiers de notre audience. On a lancé il y a six mois une autre application mobile, Swipsi, dédiée à la vente de vêtements d’occasion pour les femmes urbaines. On y teste de nouvelles technologies de reconnaissance d’images et un algorithme servant à suggérer à l’internaute les pièces adaptées à ses goûts. Ces fonctionnalités s’apparentent à de l’intelligence artificielle.
Utilisez-vous d’autres outils d’intelligence artificielle, et quelle est votre analyse sur ces nouvelles technologies ?
Alexandre Collinet. On expérimente la technologie des bots (lire aussi « Les chatbots, nouveaux amis des marques ») afin de proposer des assistants automatisés de messagerie. Dans l’intelligence artificielle, l’application qui nous intéresse est le machine learning, soit la capacité d’un programme à apprendre de lui-même et surtout à s’améliorer via des boucles d’apprentissage. À ce propos, nous travaillons sur le développement d’outils robotisés pour automatiser la surveillance et la modération des annonces passées sur Leboncoin.fr. Ce sont des technologies certes très puissantes et prometteuses, qui nécessitent beaucoup d’accompagnement et de vigilance, mais celles-ci ne peuvent pas remplacer totalement l’humain sans risque et avec le même degré
de qualité. l
Dix ans et 500 salariés
- Leboncoin est une filiale du groupe norvégien Schibsted.
- 214 millions d’euros (+ 23 %) de chiffre d’affaires en 2016.
- 60 % de taux de marge brute.
- 500 salariés, et 160 embauches prévues en 2017.
- 26 millions de visiteurs uniques sur Leboncoin.fr, 4e site le plus visité en France (derrière Google, Facebook et YouTube).
- 50 000 annonces par an (offres d’emploi) publiées sur Leboncoin.fr.
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