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Alexandre Mulliez ou la culture du partage

Le géant nordiste de la distribution veut gagner face aux autres géants du e-commerce… A la tête de l’innovation dans son « laboratoire d’expériences » qu’est Auchan Direct, le service de livraison de courses à domicile du groupe, Alexandre Mulliez, le petit-fils du fondateur, expérimente autant en technique qu’en organisation.

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Alexandre Mulliez (Auchan Direct) et Franck Le Tendre (DropBox) sur la scène du HubForum 2017.

C’est en plein « Silicon Sentier », dans le quartier des incubateurs et accélérateurs en tous genres, que se situe le siège parisien du groupe Auchan, créé en 1961 par Gérard Mulliez. Un groupe bousculé comme toutes les enseignes de la distribution par les géants du e-commerce. C’est aussi l’emplacement rêvé pour y déployer son terrain d’expérimentations qu’est Auchan Direct, le service de livraison de courses à domicile du groupe. A la tête du marketing et de l’innovation de cette filiale*, Alexandre Mulliez, petit-fils du fondateur. « Notre mission est simple : on teste continuellement ! C’est la clé du succès, explique ce jeune trentenaire avenant, avec l’expérience client au centre de tout », explique-t-il d’entrée.

Mais, pour y parvenir, pas de secret ! Il faut libérer la pensée créative des collaborateurs : « L’enjeu majeur, c’est le management, avant même la productivité. Avec, parmi nos principes, la remise en question permanente », poursuit le dirigeant, qui s’exprimait la semaine dernière sur la scène du HubForum, avec Franck Le Tendre, Country Manager Western Europe de DropBox. « L’humain et le collaboratif doivent être au cœur des travaux, des méthodes et des processus de l’entreprise », précisait d’ailleurs ce dernier.

Challenger les collaborateurs

« Je mets mes collaborateurs dans un environnement où ils sont libres de faire ce qu’ils veulent et de tester tout ce qu’ils veulent », poursuit Alexandre Mulliez. Un point important quand on sait que dans le monde du travail, les gens passent plus de 60 % de leur temps à organiser leur travail plutôt qu’à le faire, selon Dropbox.

« Pour être créatif, il faut être heureux et en confiance… Au niveau du management, par exemple, nous n’avons plus de liens de subordination. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de hiérarchie, mais on ne doit plus juger les collaborateurs, juste les challenger », estime le jeune homme, dont l’objectif est de trouver les moyens pour que son équipe donne le meilleur d’elle-même. Ce qui consiste, selon lui, à faciliter l’environnement de travail de ses équipes, avec une multitude d’outils pour simplifier le processus idéatif dans un cadre « plutôt » libéré. « Les solutions techniques sont nombreuses, même si ce n’est pas ce qui fait que l’on va y arriver… Pour autant, elles sont indispensables, estime-t-il. Mais c’est uniquement dans l’usage que l’on se rend compte de la puissance de l’outil ». Et de juger ainsi de la facilité d’usage de Paper, l’éditeur de documents en ligne de Dropbox lancé début 2017 et qui  vient concurrencer G Suite de Google ou Office Online de Microsoft…

Implémenter les innovations

Mais chez Auchan Direct, au-delà des idées, il faut aussi prouver le « comment ». « Notre challenge aujourd’hui réside dans la capacité à réaliser ! Il faut réussir à implémenter les innovations pour nos clients, explique Alexandre Mulliez, à la tête d’une équipe d’une quarantaine de personnes, car il nous faut aller plus loin au niveau économique. Notre produit doit devenir intrinsèquement son propre ambassadeur, avec un niveau de qualité telle que le bouche-à-oreilles puisse faire le métier du marketeur. On en sera là dans peu de temps… Après, l’année 2018 sera celle de la montée en puissance. Notre objectif est bien de « re-déclencher » le marketing afin qu’il devienne viral ».

« L’entreprise du XXIème siècle sera créative et collaborative, expliquent-ils de concert. Tout le monde est créatif, mais certains managers bloquent trop leurs collaborateurs. Il faut les laisser s’exprimer… C’est dur parfois, mais il faut y arriver ».

Aujourd’hui, Alexandre Mulliez travaille en lien étroit avec la DSI d’Auchan France, qui cherche aussi de son côté à devenir plus agile. « On partage avec eux les mêmes référentiels, les échanges sont quotidiens. Mais ce que l’on fait de notre côté, c’est dur, reconnaît-il. Nous avons un très haut niveau d’exigence. Se remettre en question en permanence, ce n’est pas simple tous les jours, ni pour tout le monde. Par exemple, nous avons ré-internalisé certaines fonctions. Dans l’équipe, nous comptons six développeurs et, souvent, on résiste à la tentation de recruter parce que l’on a un besoin… Si on ne trouve pas la personne du même niveau que la moyenne de l’équipe, on ne recrute pas. On préfère être excellent dans ce que l’on fait et seulement, au fur et à mesure, agrandir l’équipe. » Embaucher les meilleurs est en effet l’une des solutions qu’Alexandre Mulliez a trouvé pour réussir son pari : celui de proposer à l’entreprise-mère les clés de réussite des acteurs majeurs du digital.

* Depuis 2016, il est également membre du conseil de surveillance d’Auchan Retail France, qui regroupe l’ensemble des canaux de distribution de la marque Auchan en France. Avant d’intégrer le groupe familial, Alexandre Mulliez a créé trois start-up après sa sortie de l’EM Lyon : Hartô (éditeur de meubles design) ; Orès Group (agence de communication en tant qu’associé) et Koober (plateforme proposant des résumés de livres « professionnels » à lire ou à écouter sur smartphone ou tablette).

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