Santé, construction, formation ou énergie… La réalité virtuelle connaît un essor ces deux dernières années au sein des entreprises, notamment dans l’industrie, en raison de l’amélioration des processeurs et de la démocratisation du matériel. Retour sur douze secteurs d’activité qui ont déployé cette technologie dans leur processus internes.
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L’un des premiers avantages de la réalité virtuelle est de permettre aux utilisateurs de s’entraîner là où la précision du geste est importante, à commencer par la santé. La start-up VirtualiSurg, fondée en mai 2017, développe ainsi des simulations d’opérations chirurgicales, adaptées aux besoins des acteurs du système de santé. Plongés au sein d'un bloc opératoire virtuel, les praticiens peuvent mémoriser les temps opératoires et l’apprentissage progressif des nouvelles techniques. VirtualiSurg a notamment développé un premier prototype qui met en scène une "sleeve gastrectomie", c'est-à-dire une ablation partielle de l'estomac dans le traitement de l’obésité.
Depuis mai 2017, Décathlon intègre la réalité virtuelle dans ses rayons pour pouvoir présenter l’ensemble de ses modèles de tentes Quechua. Cette initiative, développée en partenariat avec l'agence digitale Valtech, permet au groupe de grande distribution de pallier au manque de place tout en offrant aux clients la possibilité de comparer les produits, de se rendre compte de leurs dimensions et de les visualiser dans des décors différents. En 2018, 30 points de vente en France proposeront de la réalité virtuelle dans leurs rayons tentes.
GRTgaz s’est associé fin 2015 à la start-up MiddleVR pour concevoir une formation en réalité virtuelle à l’attention de ses techniciens de maintenance. De leurs locaux, ces derniers peuvent manipuler vannes et équipements, et voir les conséquences de diverses pannes sur une plateforme gazière. « Jusqu’ici, il n’y avait pas d’autres moyens pour apprendre que d’aller sur des installations ou étaient simulées des pannes réelles. Cette solution nous permet d’envisager les formations à distance des opérateurs, qui essaient sans danger », justifie Marie-Eve Deffauwe, responsable de l’innovation à GRTgaz.
L’accélérateur Numa vient d’inaugurer en mars Le Pavillon, son nouvel espace dédié à la réalité virtuelle et augmentée dans ses locaux rue du Caire. Créé en partenariat avec la start-up Antilogy, cet espace à destination des entreprises comprend une partie découverte de plus de 25 cas d’usage – visites virtuelles de chantiers, entraînement d’entretien d’embauche ou réparations d’ascenseurs à distance – et un pôle de création. Avec cet espace d’expérimentation, Numa vise une évangélisation des entreprises à ces technologies.
L’école de commerce Neoma BS organise pour ses étudiants une opération de sensibilisation à grande échelle de la réalité virtuelle immersive. Plus de 1 000 élèves, à Rouen et à Reims, découvriront deux études de cas. L'une, déjà étudiée en cours de marketing depuis décembre dernier, présente un point de vente de 6netic avec des avis de clients et d’employés. Le second cas, une étude de supply chain management dans un espace Leclerc Drive, sera dévoilé le 27 mars avant d’être étudié à la rentrée prochaine sur les bancs de l’école. Neoma BS, qui explore la réalité virtuelle depuis deux ans, entre désormais en phase d’exploitation et espère toucher à la rentrée 2018 plus de 3 000 étudiants. « Cette technologie permet de casser la routine d’apprentissage, cela fait venir des situations concrètes dans la salle de classe. De plus, c’est un vécu individuel : chaque étudiant va pouvoir faire son analyse du point de vente, pour ensuite la partager en groupe », explique Alain Goudey, professeur de marketing et initiateur du projet.
Airbus s’est emparé de la réalité virtuelle à des fins de formation en maintenance, et évalue un gain de productivité de l’ordre de 20% en situation réelle. Le groupe aéronautique se sert également de cette technologie pour faire visiter à ses clients, notamment aux compagnies aériennes, des cabines minutieusement détaillées avant leur création, et procéder sans coûts supplémentaires à des ajustements.
La société immobilière Nexity propose, en partenariat avec la start-up Realiz3D, une visite d’appartement en réalité virtuelle. Initié au printemps 2017, ce projet a été lancé fin septembre 2017. « L’acquéreur peut visiter le bien à distance et le personnaliser, ce qui nous permettrait de commander des meubles ou de lancer des travaux dès le choix effectué », détaille Alain Dinin, le PDG, qui a pour ambition de faire de Nexity la première plateforme immobilière de services.
La Deutsche Bahn utilise la réalité virtuelle pour son recrutement, ses formations dispensées à ses conducteurs de trains ITE et pour de l’assistance à distance. Grâce à son partenariat avec la start-up Eve, l’entreprise ferroviaire allemande sensibilise notamment ses conducteurs à des cas de figure exceptionnels qui ne peuvent faire l’objet d’entraînement réel. « La réalité virtuelle permet d’aller au-delà de l’apprentissage de la procédure », souligne Hervé Fontaine, VP sales de HTC qui accompagne l’entreprise.
Bouygues Construction simule des situations à risque afin de former son personnel sur les chantiers. « La réalité virtuelle a été introduite dans la construction avec le Bim. Outre la sensibilisation des techniciens aux dangers, elle est devenue plus explicite pour nos clients dans la visualisation de projet, plutôt que par maquette », raconte Mehdi Hafsia, responsable VR. Bouygues Construction met ainsi à profit la diversité des scénarios pour faire acquérir aux utilisateurs des réflexes impossibles à apprendre en formation réelle. L’objectif pour Mehdi Hafsia est d’atteindre un nombre d’accident nul sur les chantiers.
Dans le secteur de la beauté, le maquillage virtuel est en plein essor et constitue un moment clé du parcours d’achat. L'Oréal vient d'annoncer l'acquisition de ModiFace, concepteur canadien d'application de beauté en réalité augmentée, pour ajouter à sa gamme de service l'essayage virtuel de produits pour la peau, les yeux ou les cheveux basées sur l'analyse en 3D des visages. Le succès des applications de beauté connectée se trouve aussi à l’étranger. L’application chinoise Meitu ne cesse également de se développer à l’international où elle a séduite 1,5 milliard d’utilisateurs.
Dans la construction automobile, la réalité virtuelle a déjà une longue histoire. Les constructeurs s’en servent pour concevoir les prototypes de leurs nouveaux modèles, cette étape de tests pouvant durer plusieurs mois, est désormais réduite à un seul. L’entreprise Bertrandt s’en sert pour réinventer l’habitacle des véhicules électriques et Audi permet à ses ingénieurs d’examiner l’intérieur et l’extérieur d’un véhicule en VR, avant sa construction, pour en peaufiner les détails.
Pour démocratiser la réalité virtuelle auprès des designers industriels de petites entreprises, l’éditeur Meshroom VR a conçu un logiciel intuitif pour permettre à des collaborateurs de maîtriser la technologie sans compétence en CAO. L’entreprise a été nominée par la première édition parisienne de Global Industrie, le salon sur l’industrie connectée qui se déroule du 27 au 30 mars au Parc des Expositions.