Apidata, start-up, créée fin 2012 par trois experts de la bancassurance, propose de gérer les énormes quantités de données échangées entre gestionnaires, courtiers et services internes des assureurs. Un nouveau service en devenir…
Xavier Garcia, PDG et cofondateur d’Apidata avec deux autres « seniors » des métiers de la banque et de l’assurance*, voient l’avenir en rose pour leur start-up… Créée en 2012 à Paris autour de la problématique de gestion des données suite à la réforme des assurances « Solvabilité II », la société propose une plateforme de gestion des flux d’assurance issus des outils de gestion de données d’assureurs et de leurs délégataires de gestion (courtiers) pour tout ce qui concerne l’assurance de personnes (santé, prévoyance, individuelle et collective, retraite…).
« La réforme SII impose en effet une conservation et une traçabilité de toutes ces données de gestion d’assurance, que ce soit les primes d’assurance, les sinistres, les cotisations, les contrats, les niveaux de garantie, les commissions… en vue de contrôler les méthodes de provisionnement des grands acteurs du secteur. Chaque assureur doit ainsi justifier du moindre euro de provision qu’il passe », précise-t-il.
Ce sont donc des masses de données énormes qui circulent, en parallèle d’un mouvement de fond actuellement en cours, de concentration du secteur. « Il a démarré depuis quelques années, mais là il s’accélère, notamment dans la mutuelle, y compris chez les très gros acteurs ». Pour atteindre la taille critique face à la pression de la tutelle (la concurrence est forte, du fait de produits de plus en plus standardisés), ces acteurs doivent en effet se démarquer par l’apport de nouveaux services ou la performance économique (d’où ces rapprochements tels Harmonie/MGEN, AG2R-La Mondiale/Matmut, Humanis/Malakoff…).
En conséquence, la gestion des données devient de plus en plus complexe face une multitude d’outils de gestion, souvent développés en interne, on-premise ou en mode Saas… « Pour tous, la question de l’interopérabilité entre leurs systèmes devient cruciale, mais reste loin d’être évidente », explique le dirigeant. L’objectif d’Apidata est donc de récupérer toutes ces données, de les centraliser avant de les remettre à disposition des assureurs, cette fois tracées, historisées et exploitables via des rapports facilement consultables. Ces rapports standards permettent aux assureurs de calculer leurs provisions, mais aussi leurs comptes de résultats, par département, par courtier, par région, par agence… en fonction de leurs choix.
Concrètement, le délégataire dépose sur la plateforme Apidata des flux de gestion sans contrainte de format, ni de nombre de fichiers, mais avec une fréquence de dépôt et une contrainte de granularité fixées à l’avance. Le traitement est alors industrialisé, robotisé : la validation n’intervenant que lorsque la qualité de la donnée est jugée bonne.
« Notre méthologie de migration permet de mieux gérer les portefeuilles face à une difficulté à fiabiliser les données et à établir rapidement des comptes de résultats justes, pour les populations assurées comme pour les entreprises. Des problèmes de qualité de l’information disponible que ces groupes pallient souvent par des provisions », détaille-t-il, rappelant pour exemple que fin 2017, Humanis avait dû augmenter significativement, d’un peu moins de 320 millions d’euros, le niveau de ses provisions techniques en prévoyance…
Parmi ses clients, Apidata compte déjà CNP Assurances, Klesia, Eovie-MCD, Aésio… Des clients qui représentent aujourd’hui 3,5 millions de personnes, pour un traitement d’environ 450 millions de flux traités par an.
« Nos seuls concurrents sont en interne, explique-t-il, mais les métiers ont souvent du mal à exprimer leurs besoins à leur DSI… qui elle-même a du mal à tout comprendre vu l’évolution des réglementations dans ce secteur… »
Un service de gestion de gestion déléguée
La société, hébergée chez OVH, commercialise réellement sa plateforme en mode SaaS depuis 2014. Rentable depuis son 1er exercice, elle compte aujourd’hui une dizaine de collaborateurs, a réalisé 2 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2017 et prévoit d’approcher les 3 millions pour 2018.
« Cette année, elle lance également l’offre Apigestion. On ne vend plus ou ne loue plus la plateforme, mais on propose du service en gérant directement la relation auprès du courtier, pour le compte de l’assureur. Nous devenons alors l’interface entre l’assureur et ses gestionnaires. C’est une nouvelle activité, qui n’existait pas encore sur ce marché », précise Xavier Garcia.
La start-up compte également s’ouvrir à d’autres verticales d’ici à la fin de l’année, que sont les assurances affinitaires et les pharmacies (relations entre officines et Epahd). « Nous faisons également de l’aide au pilotage car, disposant de données à jour, nous sommes capables de repérer les bugs… et les pistes d’audit », conclut-il.
* Christophe Burlot et Michel Ramos