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Après une année 2024 en berne, Atos à la recherche d' »un nouvel élan »

 

Le nouveau PDG d’Atos, Philippe Salle, présentera le 14 mai son plan stratégique pour donner « un nouvel élan » au groupe informatique, à peine sorti d’une tumultueuse restructuration financière et qui a fait état mercredi d’un chiffre d’affaires en berne en 2024.

Le chiffre d’affaires s’est établi à 9,57 milliards d’euros en 2024, soit un recul 10,4% par rapport à 2023, a indiqué le groupe dans un communiqué, ce qui est plus faible que les prévisions de l’entreprise qui tablait sur un chiffre d’affaires annuel de 9,7 milliards d’euros. Cette baisse de l’activité « reflète des résiliations de contrats ou des réductions de périmètres contractuels ainsi que le ralentissement du marché dans certaines de nos principales zones géographiques », a précisé Jacques-François de Prest, directeur financier du groupe, lors d’un échange avec la presse. Les prises de commandes ont elles chuté de 21,7% à 7,9 milliards d’euros en 2024, contre 10,1 milliards d’euros l’année précédente. Atos a notamment perdu l’énorme contrat des JO, dont il a été le pilier technologique cet été à Paris, le Comité international olympique (CIO) lui ayant préféré l’Américain Deloitte, dès les Jeux olympiques d’hiver de 2026 en Italie. Dans le détail, le pôle Eviden, qui regroupe la cybersécurité, le numérique et le « big data », a vu ses revenus reculer de 9,5% à 4,6 milliards d’euros en 2024 tandis que ceux de Tech Foundations (la branche infogérance) se sont repliés de 11,3% à près de 5 milliards d’euros. Son titre, qui vaut moins d’un euro, s’envolait de 20,6% à 0,0041 euro à la Bourse de Paris vers 12H00 (11H00 GMT). Le cours en Bourse de l’ex-fleuron de la tech s’est effondré d’environ 80% en un an.

 

Esprit « conquérant »

 

« L’année 2024 est dernière nous », a toutefois affirmé Philippe Salle qui est entré en fonction en février après que le groupe a bouclé un plan de restructuration ayant permis d’alléger sa dette de 2,1 milliards d’euros. Ce plan a permis à l’entreprise d’avoir un résultat net positif de 248 millions d’euros en 2024 contre une perte de 3,4 milliards en 2023. Le dirigeant, qui présentera en mai son plan stratégique 2025-2028 et un plan de transformation, souhaite impulser « un nouvel élan » au groupe pour renouer avec « un état d’esprit de conquérant ». « Atos a tous les atouts et l’argent nécessaires pour finir sa restructuration et revenir à un niveau de rentabilité » comparable à celui de « ses pairs », a souligné M. Salle, passé par la direction de Foncia, Elior Group et Altran. Ce projet est très attendu par le marché et les salariés. « Depuis que la nouvelle équipe est arrivée, on a des discours mais pas tellement de prises de décision », avait estimé mardi à l’AFP, Fabrice Lorioux, délégué syndical Unsa. « Il faut qu’une ligne de direction soit donnée ».

 

Pas de dépeçage

 

Une chose est sûre, le nouveau cap démarre par des cessions d’actifs, le groupe ayant indiqué être toujours en négociations exclusives avec l’Etat français en vue de lui céder les activités stratégiques de sa branche « Advanced Computing », qui comprend des supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire, évaluées entre 500 et 625 millions d’euros. Des négociations ouvertes jusqu’à fin mai. Un processus de cession distinct a par ailleurs été engagé comme prévu, sur la base d’une liste d’acquéreurs possibles agréés par l’État, pour l’entité « Mission Critical Systems » (MCS) dont les activités comprennent le système de commandement de Scorpion (programme de modernisation de l’armée de Terre), des outils de navigation pour les forces navales et la marine marchande, des solutions de cartographie en temps réel pour les militaires, mais aussi de chiffrement, crypto-analyse et de contrôle d’accès. « J’ai de fortes ambitions » sur le prix, a affirmé Philippe Salle. « On voit bien que les dépenses liées à tout l’environnement militaire vont monter ». En dehors de ces deux opérations, Atos n’envisage pas pour le moment d’autres cessions d’actifs, selon son patron: « on ne va pas dépecer le groupe comme j’ai pu le lire dans certains articles », a voulu rassurer M. Salle. Atos « a besoin de stabilité après avoir vécu une annus horribilis », avait aussi pointé mardi Lionel Melka associé-gérant chez Swann Capital. « C’est un patient en convalescence ».

 

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