Moins touchés mais plus inquiets, les professionnels français de la cybersécurité redoutent les cyberattaques boostées à l’IA. Ils craignent un manque de préparation face à des menaces toujours plus sophistiquées et une dépendance accrue aux systèmes numériques.
Quand la menace devient invisible, la peur, elle, prend corps. En France, les professionnels de la cybersécurité redoutent davantage les cyberattaques dopées à l’intelligence artificielle que leurs confrères d’autres pays, alors même qu’ils y sont statistiquement moins exposés. C’est le paradoxe mis en lumière par l’étude internationale « Tendances de la cybercriminalité 2025 », publiée par SoSafe ce mercredi 23 avril. En France, 82 % des professionnels interrogés déclarent avoir subi une cyberattaque assistée par l’IA en 2024, contre 94 % dans la zone Allemagne-Autriche-Suisse, ou encore, 96 % en Australie. Pourtant, l’inquiétude est palpable : ils se sentent globalement moins protégés face à cette menace. « L’IA rend les attaques plus ciblées et crédibles, et les entreprises françaises doutent de leurs capacités à y faire face », observe Jean-Baptiste Roux, vice-président chez SoSafe. Cette défiance se retrouve dans la perception du contrôle mis en place. Seuls 77 % des Français estiment leur entreprise bien armée pour contrer les attaques, via les réseaux sociaux personnels, contre 86 % au niveau mondial. Même scepticisme vis-à-vis des attaques par SMS, avec un taux de confiance de 82 %, en retrait comparé à la moyenne internationale de 89 %.
La numérisation des process, talon d’Achille tricolore
Dans ce contexte, la transformation numérique des entreprises apparaît comme un nouveau terrain d’inquiétude. Les professionnels français sont bien plus nombreux à considérer comme critiques les surfaces d’attaque que représentent les systèmes RH, de paiement ou de stockage. En tête des préoccupations : les solutions de stockage (46 %), les paiements (44 %) et l’accès à distance (41 %). Par ailleurs, 88% des entreprises françaises ont recours à des prestataires tiers pour leur activité principale. Une interconnexion qui accroît les échanges de données et multiplie les portes d’entrées pour les cybercriminels. Cette prudence s’explique par la difficulté à sécuriser des environnements de plus en plus distribués. L’ingénierie sociale, rendue plus efficace par l’IA, vient accentuer la pression sur les équipes IT, déjà confrontées à une diversification des canaux d’attaque : du phishing par mail aux SMS en passant par les applications de messagerie. Autrement dit, ce sentiment d’alerte généralisé n’est pas un aveu de faiblesse, mais plutôt le signe d’une vigilance accrue. Car si la France est moins touchée aujourd’hui, elle entend bien ne pas être la cible de demain.