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Au port du Havre, le numérique au service de la sécurité portuaire 

Un navire stationne au port du Havre, jeudi 21 novembre (Crédit : Aude Bres)

Un navire stationne au port du Havre, jeudi 21 novembre (Crédit : Aude Bres)

 

Le port du Havre ambitionne de régler un enjeu majeur de sécurité grâce à l’installation d’un système anticollision pour les véhicules circulant sur le port. Sur place, les responsables de la Générale de Manutention Portuaire (GMP) font découvrir les coulisses de cet aménagement qu’une nouvelle couverture réseau rend possible.  

 

« Avant les années 2000, on s’était fait à l’idée qu’il y avait un de nos collègues mort par an en moyenne à cause d’accidents », confie un docker du port du Havre. Pour cette profession, aux horaires et aux conditions de travail physiques difficiles, il existe un enjeu de sécurité important. C’est pourquoi la Générale de Manutention Portuaire (GMP), le plus grand employeur de dockers en France avec 1000 employés pour 5000 sur le territoire français, a travaillé sur un système anticollision. À ses côtés, Hub One, la filiale Telecom du groupe Aéroports De Paris (ADP) a développé une connexion 4G+ qui évoluera vers la 5G sur les zones concernées par ce nouveau système. Celui-ci se révèle très utile lorsque la visibilité baisse, comme en ce 21 novembre sous la neige.

Avec leur cabine de conduite située à 15 mètres de hauteur et se conduisant de manière latérale, les camions cavaliers, chargés de transporter les conteneurs d’un bateau jusqu’à un camion de livraison ou bien de les empiler sur le port, suscitent des accidents souvent mortels. « Lors du dernier accident, notre collègue a eu de la chance, il ne pourra plus jamais marcher mais il a la vie sauve », continue l’employé de manutention portuaire. Un camion cavalier pèse 70 tonnes à lui tout seul et 30 de plus s’il est chargé d’un conteneur. Il va sans dire que le temps de freinage d’un tel véhicule ne permet pas une grande réactivité en cas d’accident. Mais c’est surtout avec les véhicules légers, remplissant des missions de maintenance sur le port, qu’il existe un véritable risque. Car si les chauffeurs des cavaliers peuvent se voir entre eux, le véhicule se déplaçant au sol n’a aucune visibilité, étant entouré de piles de conteneurs de minimum huit mètres.  

 

Un système anticollision déjà éprouvé

 

Les véhicules de maintenance sont désormais munis d’une tablette possédant un système anticollision. Sous la forme d’un jumeau numérique 2D, le logiciel calcule en temps réel les distances de freinage des imposants camions cavaliers, qui sont géolocalisés, et déclenche une alerte lors des croisements dangereux. Ce système, en cours de e-learning, se nourrit des retours des chauffeurs ainsi que des nombreuses données emmagasinées par GMP depuis 2014. Mais, pour fournir une connectivité sans faille à ces véhicules sur plus de 80 hectares, il a fallu recourir à une couverture réseau 4G+/5G industrielle, fournie par Hub One. Cet enjeu de taille, littéralement, n’a pas effrayé la filiale d’Aéroports De Paris, puisqu’elle avait déjà accompli la même tâche pour les aéroports Paris-Orly et Roissy-Charles de Gaulle et créer là-aussi un système visant à éviter les chocs, très coûteux, avec les avions. 

 

GMP en compétition 

 

Les ports, tout comme les aéroports, sont des environnements complexes aux opérations chronométrées et nécessitant de la synchronisation. La plateforme, qui sera disponible en 3D dans le futur, permet donc de tester des scénarios à l’avance et d’apprendre que mettre trop de camions cavaliers sur la zone portuaire créerait des situations dangereuses au lieu de permettre des gains de productivité par exemple. GMP, en tant qu’opérateur du plus grand terminal portuaire français, le Terminal De France (TDF), a à cœur d’accroître sa part de marché, haute de 35% au niveau national, en se rendant plus compétitif que les autres grands ports belges et hollandais.

 

Situé à l’extérieur de la ville, le TDF est capable de manutentionner les plus grands navires du monde. Il charge et décharge 35000 conteneurs par jour, qui sont évacués en train, par le fleuve et à l’aide de 2500 camions chaque jour. Les zones d’échanges, les allées de circulation et même les parkings des différents véhicules doivent être pris en compte par le logiciel afin d’optimiser les déplacements. Toutes ces zones n’étant pas couvertes par le réseau 4G classique, le réseau privé garantit une couverture sur mesure, étendue, toujours active et sans temps de chargement. Le réseau 5G, ayant moins d’interférences et de distorsions des ondes, pourrait bientôt être accessible aux dockers situés dans les cales des bateaux, où la moitié des conteneurs se trouvent, ce qui permettrait d’étendre les systèmes de communication. Il s’agirait d’une première mondiale, qui achèverait de mettre le port du Havre sur la carte des plus grands ports du monde. 

 

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