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Avec la blockchain, WPO veut renouveler les renouvelables

Technologie permettant d’assurer une sécurité et une traçabilité de la donnée par une vérification accessible à l’ensemble des utilisateurs, la blockchain se répand dans le secteur de l’énergie depuis 2015. WPO, une plateforme européenne de gestion d’actifs et de services spécialisés dans l’éolien et le solaire photovoltaïque, entend l’utiliser pour transformer son modèle d’affaires et certifier l’énergie verte produite dans ses parcs administrés.

Barthelemy Rouer, PDG et cofondateur de WPO.

En décembre 2017, Barthélémy Rouer, le PDG et cofondateur de WPO, ne croyait pas en la blockchain et au protocole Bitcoin. Quelques mois plus tard, et il ne jurait plus que par cette technologie qui lui permet d’émettre des certifications de production d’énergie verte (GoCerts) sur les sites supervisés et de renforcer son engagement en faveur de la transition énergétique. « Notre blockchain attestera l’unicité, l’authenticité et l’historique de la propriété des GoCerts. Elle permettra ensuite de commercialiser des biens et services certifiés associés  », explique le patron de l’entreprise, qui supervisait au premier trimestre 2018 plus de 2 770 mégawatts éoliens et 707 mégawatts solaires photovoltaïques sous mandat, sur plus de 300 sites dans neuf pays.

Pour mener à bien ce projet, WPO utilise une blockchain de troisième génération avec une technologie dite de Graphe Acyclique Orienté, qui est directement embarquée dans les processeurs des éoliennes afin d’être au plus proche du site de production pour réduire le coût de l’énergie de l’extraction de l’information et assurer une certification en temps réel. Près de 1 500 éoliennes sont ainsi progressivement équipées. WPO a émis en juillet son 11 000ème certificat de production, ce qui représente 11Gigawattheure certifiés, soit l’équivalent de la consommation annuelle d’environ 2 300 foyers français. La société, qui vient de fêter ses dix ans d’existence, vise d’ici à cinq ans de certifier une production totale de 187 Térawattheure.

Pour financer le projet, l’entreprise a lancé en juin dernier une ICO publique, le nombre total de tokens émis a été fixé à 1 milliard. « Dans l’énergie, le seul moyen pour une entreprise de perdurer est de proposer une offre à un prix compétitif. La blockchain est un outil idéal car elle permet de réduire l’intermédiation et les coûts généraux », précise Barthélémy Rouer, dont l’objectif est de créer un nouveau standard en matière de financement des énergies renouvelables.

Une norme pour le monde de l’énergie

Le syndicat spécialisé dans l’éolien et le solaire voit dans la blockchain un moyen de transformer son business-modèle, il prépare ainsi une tokenisation de son économie : ses produits et services seront facturés à l’avenir avec des GreenTokens. « La certification nous permet de financer notre activité. Demain, nous pourrons aller plus loin en échangeant des services contre de la donnée, notamment en transférant la propriété des GoCerts sur notre blockchain via des smart-contracts, détaille Barthélémy Rouer, qui a ainsi élaboré un plan de croissance sur cinq ans. Notre ambition est de renouveler les renouvelables et de devenir une norme dans le monde de l’énergie. »

WPO souhaiterait aussi vendre de l’électricité en plus de la certification et de ses conseils. Un premier contrat « Services-Pour-Données » a été signé avec La Limouzinière Énergies, un projet citoyen près de Nantes. L’ensemble de la production du site réalisée par trois éoliennes sera blockchainisée par WPO. Les certificats de production seront proposés à l’achat, à des acteurs locaux ou engagés dans la promotion et le développement de la production d’énergie verte. En échange, WPO gérera le site.

Le secteur de l’énergie semble porteur pour la blockchain, les initiatives se multiplient. Un premier événement européen dédié à la blockchain, The Blockchain Day, a été organisé à Paris début octobre. En Allemagne, la société Sonnen, spécialisée dans l’installation de systèmes de production d’énergie dans les foyers et les petites entreprises, s’est associée avec le gestionnaire de réseau néerlandais Tennet pour développer une distribution d’énergie optimisée issue du solaire et de l’éolien à partir de la technologie blockchain. « Le seul problème avec les technologies disruptives, c’est qu’il n’y a pas de norme juridique en la matière et l’utilisation de la blockchain est encore peu répandue », conclut le PDG de WPO.

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