La start-up Sim&Cure mise sur le développement de logiciels pour améliorer le traitement de l’anévrisme, elle s’est alliée en ce sens avec l’éditeur Ansys pour encourager l’essor de la simulation numérique en santé.
L’anévrisme cérébrale touche une personne sur 50, elle est à l’origine d’AVC dont 30% mènent à la mort du patient. La start-up Sim&Cure a choisi de s’attaquer à cette problématique. Créée en 2014, elle développe des logiciels analysant le fonctionnement des dispositifs médicaux implantés lors des interventions chirurgicales afin d’en prédire le comportement pour aider le neurologue dans sa prise de décision. Avant l’opération – alors que le patient est sous anesthésie – le logiciel de simulation numérique analyse la déformation de l’artère et son interaction avec les autres vaisseaux afin de pouvoir créer son jumeau numérique, puis montrer l’implant à poser et l’anévrisme superposés.
Pour développer la simulation numérique dans ses applications, Sim&Cure s’est associée dès sa création avec l’éditeur Ansys, spécialisé sur cette thématique. « Notre objectif était de répondre aux problématiques des neurologues. Nous voulions proposer une interface simple qui ne perturbe pas le workflow du patient », explique Mathieu Sanchez, PDG et fondateur de Sim&Cure avec le professeur Vincent Costalat, responsable du département neuroradiologie au CHU de Montpellier. Les équipes des deux sociétés ont travaillé ensemble sur ce projet. « Nous nous sommes servis des possibilités existantes et nous les avons adapté pour permettre de donner en quelques secondes des informations sur le comportement des stents, les dispositifs médicaux insérés », détaille Thierry Marchal, Director for Healthcare, Construction and Consumer Products chez Ansys.
Commercialisé depuis un an dans près de 250 hôpitaux, le logiciel mis au point par Sim&Cure a permis de traiter plus de 2 000 patients. « Les médecins sont friands d’innovation quand on leur propose une solution utile dans leur quotidien. La simulation numérique permet à la fois de sécuriser le traitement du patient en permettant de choisir le bon stent, mais aussi de réaliser des gains économiques : dans 25% des cas, l’opération échoue et il faut changer de dispositif, nécessitant les frais d’une deuxième intervention, soit près de 3 000 euros. Or un stent peut avoir un coût s’élevant à 10 000 euros pièce », précise Mathieu Sanchez, qui relève une baisse du taux d’échec avec son logiciel de 25 à 3%.
La simulation déployée sur de nouvelles familles de dispositifs
La simulation numérique est ainsi un outil clé dans le monde de la santé pour innover à moindre coût : « Les acteurs ont une réelle difficulté à innover car il faut faire des tests pour obtenir un marquage CE et pouvoir commercialiser, sans oublier que l’innovation a un coût : tester un nouveau pacemaker par exemple sur 10 000 personnes reviendrait à 400 millions d’euros environ donc seuls les grands groupes peuvent se le permettre. La simulation numérique offre une solution de laboratoire numérique pour analyser les réactions d’un prototype et réduire de fait les essais cliniques. C’est pour cette raison que la simulation numérique émerge en santé », raconte Thierry Marchal, qui suit l’état du marché et conseille les instances gouvernementales par le biais de son rôle en tant que secrétaire général de l’Avicenna Alliance, un lobby chargé par la Commission européenne de l’éclairer sur les enjeux de la simulation dans les secteurs pharmaceutique et médical.
Pour le directeur Santé chez Ansys, la simulation numérique contribue par ailleurs à développer une personnalisation de la médecine. « Il faut que les cas d’usage se multiplient pour que la simulation devienne omniprésente dans les hôpitaux », soutient celui qui observe avec enthousiasme des initiatives en ophtalmologie, où la simulation est utilisée pour prévoir la qualité de vision après un traitement de l’œil, mais aussi en orthopédie, au CHU de Poitiers.
Sim&Cure projette sa croissance avec les jumeaux numériques. « Nous sommes en train d’effectuer le marquage FDA pour nous introduire sur le marché américain. Nous sommes en train de nouer des partenariats avec General Electric et Siemens pour qu’ils intègrent notre logiciel de simulation numérique dans leurs offres de santé et nous visons un passage à l’échelle sur les cinq continents pour y donner accès à un maximum de praticiens », énumère Mathieu Sanchez, qui travaille aussi à perfectionner la simulation en temps réel. La start-up axe aussi ses efforts sur de nouvelles options permettant de déterminer la porosité d’un stent et la quantité de sang présent à l’intérieur, ainsi que sur la simulation appliquée à d’autres familles de dispositifs.