Le constructeur automobile Volvo a annoncé comme objectif de zéro décès dans ses véhicules à l’horizon 2020. Pour y parvenir, il mise principalement sur l’IoT et la data analytics.
Pour se démarquer sur un marché automobile en pleine transformation, le constructeur Volvo a décidé de se focaliser sur ses valeurs, à savoir assurer au mieux la sécurité des usagers dans ses véhicules. Il a annoncé en ce sens un objectif de zéro mort dans ses modèles dernières générations d’ici à 2020. Cette « promesse de marque » s’appuie notamment sur l’internet des objets (IoT) et sur la data analytics, assurant un suivi des accidents afin d’en analyser les causes et les éviter.
Ces technologies utilisées en différents domaines interviennent en premier lieu dès la conception des voitures. « Les données remontées par les capteurs permettent d’étudier la fragilité de la structure et de déterminer comment s’opèrent les déformations en cas de chocs afin d’adapter le design en conséquences », explique Bernard Fourdrinier, consultant Senior Oil & Gaz et Manufacture chez Teradata, qui travaille avec Volvo depuis bientôt cinq ans sur ses projets d’analyse de la donnée.
Entre 250 et 1000 capteurs sur un véhicule
Deuxième axe fort sur lequel se penche Volvo, la maintenance prédictive. Les capteurs offrent à cet égard un suivi personnalisé. « Les conducteurs sont habitué à un rappel tous les 20 000 km pour faire la révision, rappelle Bernard Fourdrinier. Or, chacun à une conduite différente. Avec l’IoT et la data analytics, Volvo peut désormais lancer des programmes personnalisés pour l’effectuer au bon moment, augmenter le niveau de sécurité du véhicule et prévoir à l’avance l’intervention, sachant quelles pièces commander avant le rendez-vous. Une manière de gagner en efficacité, d’optimiser les stocks et d’améliorer son image auprès des clients. » En fonction des modèles, entre 250 et 1 000 capteurs équipent les véhicules Volvo. C’est également grâce à eux que le constructeur est capable de détecter les épidémies, à partir de 200 accidents de même nature.
L’IoT et l’analyse des données, couplés à l’intelligence artificielle (IA), permettent à Volvo de travailler par ailleurs sur la communication entre ses véhicules. « Si, sur une route en altitude, la température baisse et que du verglas se forme, la voiture va prévenir le conducteur de ne pas trop freiner pour éviter un accident et alerter les voitures à l’arrière du risque. Un avertissement au service de voirie se fera aussi sans intervention humaine, grâce à l’IA », cite en exemple Bernard Fourdrinier. Le challenge du constructeur porte désormais sur les standards. « Chaque constructeur a ses propres critères de transmission. Pour pouvoir communiquer avec d’autres marques, Volvo passe par l’association de constructeurs mais il faut qu’elles s’y conforment. L’idéal serait la création d’un écosystème à l’image de celui qui existe en Allemagne entre l’État, les constructeurs et les assurances », ajoute-t-il.
Avec Concept 26, Volvo imagine le futur de son véhicule autonome
Autre chantier majeur du constructeur : le véhicule autonome, lui aussi un gage de sécurité dans la conduite puisque « l’intelligence artificielle analyse dix fois plus d’informations par seconde qu’un être humain », rappelle Bernard Fourdrinier. Ce mode de transport est également source d’opportunités pour Volvo : « Cela nous permet d’avoir des perspectives à long-terme car il nous faudra proposer de nouveaux services et fonctionnalités, annonce Jan Wassen, director business analytics chez Volvo. La conduite ne sera plus nécessaire à l’avenir, il faut ainsi réfléchir à la manière d’incliner le siège pour permettre au conducteur de se reposer, ou comment transformer le tableau de bord en un espace de travail. De même, il faudra lui fournir une offre pour sa consommation multimédia. » Des sujets déjà en travaux dans le cadre de son projet Concept 26, en référence au temps moyen de trajet effectué par ses clients pour aller de leur domicile à leur lieu de travail.
Toujours dans cet esprit de s’adapter aux nouvelles habitudes des utilisateurs, Volvo entend devenir la première entreprise d’autopartage. « Là aussi, cela nécessite que la voiture soit connectée », souligne Jan Wassen. Les acteurs automobiles sont en effet tous unanimes sur la transition d’un marché de propriétaires de véhicule à une utilisation à l’usage.
L’IoT est ainsi un moyen pour Volvo de mettre la donnée au cœur de sa stratégie. « Nous avons conscience de l’importance d’avoir une architecture de données unifiée », reconnaît Jan Wassen. Les constructeurs adaptent par ailleurs leur stratégie en matière de propriété de la donnée. « Avant, ils voulaient les garder au maximum en leur possession, ce qui n’est plus le cas. Renault-Nissan a ainsi noué un partenariat avec Google pour intégrer le système d’exploitation Android Auto dans ses voitures et élargir le champ de son écosystème », note Bernard Fourdrinier. Google fournira bientôt aux clients de la marque au losange ses offres pour écouter de la musique ou trouver leur chemin.
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