Le directeur des Systèmes d’information (DSI) et du Numérique de Dalkia revient pour Alliancy sur l’année de pandémie et les priorités du groupe en matière de digitalisation pour les mois à venir.
Alliancy. Qu’est-ce que la crise de la Covid-19 a changé pour Dalkia ?
Bertrand Nachbaur. Comme pour beaucoup d’entreprises, la crise sanitaire a accéléré notre transformation numérique. En quelques semaines, nous avons gagné de longs mois sur l’adoption de nos outils par nos collaborateurs, que ce soit l’utilisation des VPN, la suite collaborative, ou encore la signature électronique de documents…
En mars 2020, tous les collaborateurs sont-ils passés en télétravail ?
B.N. Chez Dalkia, l’essentiel de nos collaborateurs sont des techniciens présents sur le terrain. Une grande majorité d’entre eux a continué à intervenir sur les sites de nos clients pour leur fournir de la chaleur ou du froid, notamment dans les hôpitaux. Au plus fort de la crise, près de 3 800 personnes ont toutefois été en télétravail simultanément, essentiellement des « fonctions support ».
Cette crise vous incite-t-elle à modifier de quelque façon votre stratégie digitale ?
B.N. Pas de façon drastique. En effet, de nombreux outils étaient en place et nous étions déjà engagés dans de grands programmes de transformation, notamment pour notre population opérationnelle. Grâce à l’IoT et au numérique, nous voulons être capables de mieux piloter les installations de nos clients à distance. Et, là aussi, la crise sanitaire a renforcé l’idée que nous devions aller plus vite dans cette direction. Nous renforçons également la gamme d’outils à disposition des techniciens sur leurs smartphones pour finaliser la digitalisation de tous les workflows, tels que les achats ou les sujets administratifs… En ce sens, la crise a renforcé notre stratégie de digitalisation de tous les processus opérationnels.
Que diriez-vous des relations IT-Métiers au sein de votre groupe ?
B.N. Elle se passe de mieux en mieux, je pense! Ces quatre dernières années, pour transformer cette relation, on s’est appuyé sur les méthodes agiles. Au départ, nous avons tâtonné sur la question des rôles pour finalement mettre en place un « Framework agile Dalkia », basé sur un ancrage terrain très fort.
Pour y parvenir, un opérationnel, extrait du terrain et ayant une sensibilité IT, pilote chaque projet en tant que Product Owner. A lui de recruter et d’animer chaque mois un club d’utilisateurs à l’échelle nationale, que ce soit lors d’une rencontre physique ou virtuelle, pour voir l’évolution du produit. Dans une telle organisation, tout le monde devient acteur, que ce soit le terrain, la maîtrise d’ouvrage et, aussi, l’IT pour pouvoir produire. Ainsi, ce Framework agile, adapté à Dalkia, nous a vraiment permis de produire ensemble en tant que Business Partner.
[bctt tweet= »Une centaine de personnes en interne et un peu plus en externe travaillent à l’IT chez Dalkia. Une activité qui recrute au service de la transition énergétique. » username= »Alliancy_lemag »]Comment sont organisées vos équipes entre IT et digital ?
B.N. Il n’y a pas de séparation entre les deux sujets. Une seule équipe gère tout l’IT et participe à la transformation numérique globale de l’entreprise. Chez Dalkia, tout est lié et doté d’un seul budget. D’ailleurs, les développements s’inscrivent dans une logique plateforme, y compris pour les collaborateurs qui travaillent sur notre infrastructure. On doit intégrer la DSI au cœur de la transformation numérique pour qu’elle soit optimale.
Quelle est votre stratégie autour du traitement de la data ?
B.N. Les data sont au cœur de nos services énergétiques pour accélérer la transition énergétique de nos clients. Le fait d’être orienté plateforme impose que chaque donnée produite soit accessible à tout l’écosystème Dalkia : à savoir les techniciens, la chaîne de management, nos prestataires et, bien sûr, nos clients qui attendent une transparence totale sur les interventions de nos équipes sur leurs installations. En complément de cela, nous devons mettre ces données, à disposition de l’entreprise à des fins de visualisation (dataviz) ou de data science, de connaissances au sens large…
En termes de compétences, qu’est-ce que cela implique ?
B.N. Sur ce sujet de la data, nous devons continuer l’effort d’accompagnement pour des usages en self-service des solutions de dataviz. Au global et sur l’ensemble de la transformation, il nous reste encore du chemin à parcourir, avec un fort accent sur la conduite du changement.
C’est-à-dire ?
B.N. Sur tous nos programmes de transformation, nous avons mis l’accent sur la conduite du changement. En amont et au long cours, nous travaillons sur l’évolution des pratiques comme des processus internes… Et cela représente beaucoup d’efforts de la part de tous. Il faut expliquer les changements amenés par les nouveaux outils digitaux pour favoriser leur adoption et ne laisser personne « derrière ».
Un producteur d’efficacité énergétique
Filiale à 100 % du groupe EDF, Dalkia (18 000 collaborateurs, 4,2 milliards d’euros en 2020) développe, réalise et gère de nouvelles solutions énergétiques, écologiques et économiques, pour une croissance durable des villes et des entreprises de tous secteurs en vue d’accélérer la transition énergétique durable de ses partenaires. De la production décentralisée à la maîtrise de la demande en passant par l’optimisation de la distribution, le groupe est présent à chaque étape de la chaîne énergétique pour améliorer la performance des systèmes (industrie, tertiaire, habitat…).
Où en êtes-vous par rapport au cloud ?
B.N. Nous sommes aujourd’hui dans une hybridation, entre les datacenters du groupe et le cloud, selon nos besoins d’élasticité ou en termes de productivité, de flexibilité et de coûts.
Vos clients s’intéressent-ils de près à cette question ?
B.N. Nos clients veulent surtout savoir comment sont gérées leurs données que ce soit d’un point de vue cyber ou du point de vue du RGPD…. Ils nous voient de plus en plus comme le garant de la gestion de leurs données.
Quelles sont vos relations avec le monde des start-up ?
B.N. Chez Dalkia, une Direction de l’Innovation assure la veille des start-up. Au-delà de cette action de « screening », nous entrons dans des logiques d’expérimentation avant d’aller plus loin dans des phases d’industrialisation et d’intégration. Nous sommes très ouverts sur ces sujets, l’objectif de ces partenariats étant d’enrichir nos expertises, nos services et nos savoir-faire. A la DSIN, nous sommes d’ailleurs impliqués relativement tôt dans le processus pour être en mesure de bien anticiper les phases d’intégration.
Pour le second semestre 2021, que va-t-il se passer ?
B.N. Nous continuerons bien entendu cette année à entretenir la dynamique de cette transformation profonde que nous avons déjà bien engagée chez Dalkia. Parmi ce qui a évolué cette dernière année, on peut également citer la montée de la menace cyber qui continuera à nous occuper et à capter une part significative de nos ressources cette année comme les prochaines.