Grand lauréat des « International Awards » (iiAwards) de la Ville de Paris, BioSerenity a mis au point le Neuronaute, un vêtement connecté pour mieux soigner l’épilepsie. La start-up vise le marché mondial.
Ils étaient 200 candidats startupers, originaires de 34 pays à concourir pour les premiers « iiAwards » de la ville de Paris, organisé par Paris Région Lab (www.iiawards.org), en ouverture des Grands Prix de l’innovation de la Ville de Paris. « L’international est une problématique majeure que toute start-up doit prendre rapidement en compte. Ce prix, qui est une première, rappelle cette ambition », explique Jean-François Galloüin, directeur général du Paris Région Lab.
Parmi les 20 finalistes* dont les six nominés, BioSerenity a été choisi, à un très large consensus du jury, comme lauréat du prix iiAwards. Une réception était organisée ce mardi 2 décembre, à la Cité de la Mode et du Design à Paris, en présence d’Anne Hidalgo, maire de la Ville.
Installée au sein de l’incubateur/pépinière d’entreprises (iPEPS) de l’Institut parisien du cerveau et de la moelle épinière (ICM), la start-up parisienne BioSerenity travaille depuis sa création (fin 2013) sur le Neuronaute, une solution inédite pour le suivi de l’épilepsie, basée sur le port d’un vêtement intelligent connecté permettant de réaliser du diagnostic mobile. Une maladie qui touche 50 millions de personnes dans le monde.
« En tant que start-up, ce prix nous donne une visibilité incroyable. C’est aussi une vraie reconnaissance pour toute l’équipe, comme pour les médecins des différents hôpitaux avec qui nous travaillons. De même, face à de potentiels investisseurs, c’est la validation d’une équipe qui sait gérer », reconnaît, ravi, Pierre-Yves Frouin, ingénieur en électronique des systèmes embarqués et l’un des trois co-fondateurs de l’entreprise. Agé de 32 ans, cet ancien cadre de Biogaran et Johnson&Johnson est déjà à la tête d’une équipe de 14 personnes… Moyenne d’âge : 30 ans !
Un suivi du malade à domicile
L’idée est surtout de révolutionner le traitement de l’épilepsie, d’une part en diagnostiquant le plus rapidement possible la maladie, mais aussi en rendant la vie plus facile aux patients, notamment en les surveillant et en les soignant avec plus d’efficacité. Les neurologues disposent en effet de peu de moyens techniques pour l’étude de cette pathologie, comme pour l’analyse précise des crises en elle-même. Moins de 10 % des épileptiques sont observés à ce moment précis. « Car il n’existe pas une seule épilepsie, mais plusieurs typologies de cette maladie, précise le dirigeant. Ce qui implique d’adapter le traitement à chaque malade. »
L’équipement (appelé Neuronaute), composé d’un tee-shirt et d’un bonnet munis de capteurs biométriques et d’électrodes, permet, via une application Smartphone reliant le patient à l’équipe médicale, de faire un enregistrement d’électro-encéphalographie mobile… Porté à la maison, il permet surtout d’observer et de suivre le malade hors de l’hôpital, pendant 2 à 3 semaines environ pour un diagnostic précis (contre les 2 à 3 ans encore nécessaires aujourd’hui). Récoltées en temps réel, les données permettent ensuite au personnel soignant de mieux adapter le traitement à l’état du malade, jusqu’à savoir s’il est opérable ou non.
En utilisant des algorithmes de machine learning et de big data situés sur un cloud médical, le système peut également détecter les données de crise, et en cas de risque de récidive, alerter le patient (ou ses proches) sur son téléphone. Facile à porter, le dispositif est même lavable en machine… Au-delà, Bioserenity compte mettre à disposition les informations collectées et anonymisées aux chercheurs de l’ICM (et de d’autres centres de recherche) afin de mener des études plus approfondies sur cette maladie et la crise en elle-même.
Après l’Europe, les Etats-Unis
Une fois le marquage CE obtenu (d’ici à avril 2015), les premiers hôpitaux clients, de toute l’Europe, pourront être livrés en Neuronaute. « Ensuite, nous nous attaquerons commercialement au marché américain. Mais, pas avant 2017, car il nous faut également obtenir l’agrément 510(k) de la Food and Drug Administration/FDA », explique Pierre-Yves Frouin. D’ici là, plusieurs déclinaisons de ce vêtement intelligent devraient suivre, par exemple dans le domaine de la polysomnographie (enregistrement complet du sommeil), ou encore dans d’autres domaines en partenariat avec des groupes industriels.
Forte de ce prix (mais aussi du prix Innovact 2014) et face à de telles ambitions internationales, BioSerenity cherche actuellement à lever des fonds. « Nous souhaitons trouver 3 millions d’euros », précise le dirigeant, déjà en discussion avec quelques investisseurs potentiels. A suivre.
* Pour connaître les 20 finalistes : http://iiawards.org/#!?q=ajax_portfolio&nid=65
Les six nominés des iiAwards |
|