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Au Blockchain Day, les cas d’usages plutôt que la tech pour séduire

Le premier Blockchain Day s’est déroulé, jeudi 8 juin, sur la péniche de la Nouvelle Seine à Paris, à l’initiative d’Ippon Technologies. L’occasion pour des acteurs du domaine d’échanger sur les différents enjeux pour le développement de cette technologie. 

« Je suis convaincu que tout le monde va se lancer », lance Céline Moille, juriste et docteur en droit privé international chez Deloitte Société d’Avocats. Nombreuses sont les entreprises qui s’emparent déjà des sujets blockchain et web3, mais certaines le font encore sans véritablement savoir où elles vont, ni même connaitre la réglementation en vigueur. Toutefois, plus le temps passe, plus la maturité est au rendez-vous. « Au début, certain le faisait pour faire un peu le buzz », poursuit l’avocate experte de cette technologie. « Aujourd’hui, c’est moins le cas, on a une base plus structurée ». Ces entreprises ont tout intérêt à faire du cadre réglementaire une opportunité, mais également à dépasser la complexité technique de ce qu’est la blockchain, pour se concentrer plutôt sur les cas d’usages et la finalité des solutions. C’était en tout cas le message clé de la table-ronde de clôture de l’évènement Blockchain Day.

Un cadre réglementaire qui bouge 

« Ça fait près de deux ans qu’Ippon Technologies a voulu creuser ce sujet », raconte Raphaël Despinasse, directeur France de l’entreprise de conseil en technologies. « Depuis, tout a beaucoup bougé et on est en capacité d’accompagner ces entreprises à se lancer ». C’est notamment le cas de Fairplayer, fondée il y a moins d’un an. « On a un vrai cas d’usage », assure Dorian Cauvas, CEO de la start-up, qui propose de revoir l’expérience supporter dans le monde du sport. En collectant des tokens pouvant être obtenus de différentes manières, les supporters pourront accéder à des expériences particulières : des places VIP, des maillots, des rencontres avec les joueurs… 

Dans cet environnement la réglementation bouge très rapidement. L’objectif de Dorian Cauvas a donc été de se coller directement au cadre fixé par le législateur. « On voulait développer une solution « compliance native », pour rassurer les clubs sportifs et les protéger. On n’avait pas envie de faire du « one shot » mais plutôt d’avoir une entreprise pérenne qui vise le long terme ». C’est dans ce but que le CEO de Fairplayer a souhaité s’appuyer sur des acteurs agrémentés pour l’émission de tokens, ces actifs numériques qui facilitent les échanges sur une blockchain, notamment pour acquérir un produit. 

Kritown est ce partenaire devenu PSAN (Prestataire de Service sur Actifs Numérique, un statut créé en France au moment de la loi Pacte de 2019), et capable de répondre aux besoins de Dorian Cauvas. Cette start-up, vise en effet à faciliter le financement d’entreprises de petites tailles, en s’inspirant du fonctionnement des marchés financiers, sans les contraintes rédhibitoires habituellement pour ce genre d’acteurs. C’est à dire qu’un euro investi dans une entreprise au travers de Kriptown, l’est immédiatement et de manière sécurisé grâce à des tokens et à la blockchain. Mark Kepeneghian est l’un des quatre co-fondateurs de l’entreprise et s’implique grandement pour aider les pouvoirs publics à offrir un cadre réglementaire adapté. 

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« Je me noie un peu dans cela », avoue-t-il, lors de cette table ronde sur la Seine. « J’étais à l’Assemblée Nationale pour travailler avec les députés, pour que ça colle à notre business. Je suis dans différentes associations spécialisées sur plusieurs sujets comme le droit, les actifs financiers, le numérique… ». Même si la donne a beaucoup changé en quelques années, il reste en effet encore du travail pour affiner la donne réglementaire.

Présente sur le sujet dès l’arrivée de cette technologie, Céline Moille évoque la coopération des avocats pour faire avancer les débats : « Il y a eu des rapports pour échanger et comprendre. On s’entraide beaucoup entre confrères pour essayer d’avancer ensemble et faire que les start-up puissent évoluer ». Bien que la recherche de la conformité soit évoquée par acteurs présents ce soir-là, elle n’est pas évidente pour tout le monde. « Il y a une grande partie qui ne l’est pas » confie l’avocate. D’où l’impression de « Far West » à laquelle renvoie parfois le secteur. Construire un projet « compliance native » à l’image de Fairplayer devient alors une force pour rassurer et le développer.

« Il faut masquer la technologie »

Bien que la réglementation parfois complexe puisse freiner certains à se lancer, pour Raphaël Despinasse, le premier frein reste cependant le « use case » : « Qu’est-ce qu’on veut faire ? Pourquoi faire des tokens ? Comment est-ce que cela aidera l’entreprise à vendre ? À quoi ça sert ? ». Selon-lui, il faut pouvoir répondre à ces questions avant de penser au reste. « Pour l’enjeu de la réglementation, on trouvera toujours une solution », assure-t-il. 

C’est aussi la clarté du « use case » qui permettra selon Dorian Cauvas, de pouvoir embarquer les équipes et les clients dans les projets blockchain. « Il faut que la technologie répondre à une problématique terrain. Les clubs professionnels avaient besoin de nouvelles sources de revenus. On est parti de là et on a voulu être cohérent dans notre réponse. Il faut que ça fonctionne ». Pour, Mark Kepeneghian la blockchain en tant que technologie n’est d’ailleurs pas la clef : « On ne parle jamais de blockchain, on parle des usages. Le but c’est de faciliter la vie, et de limiter les barrières techniques pour que personne n’ait besoin de comprendre le fonctionnement pour être client ». 

Aujourd’hui, Kriptown compte près d’une vingtaine d’employés. Mais très peu interagissent avec la blockchain en tant que telle : « Il y a surtout les deux co-fondateurs, la directrice juridique et le nouveau « head of tokenisation ». Toutes les équipes connaissent la réglementation PSAN mais tout le monde n’est pas en lien direct avec la blockchain ». Pour Dorian Cauvas, l’enjeu est celui de l’acculturation : « On doit montrer où on va. Il faut une vision pour rassurer ». Le directeur France d’Ippon Technologies, Raphaël Despinasse, conclut : « Globalement, il faut masquer la complexité. L’important est d’être créatif et d’utiliser la blockchain pour répondre à des enjeux de simplifications des processus. C’est une boîte à outil comme une autre ». 

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