Près de 2 personnes sur 10 connaissent le principe de la blockchain et sont capables d’identifier les innovations qu’elle pourrait apporter.[1] Malgré cela, le marché de la blockchain, valorisé à 315,9 millions de dollars en 2015, devrait atteindre les 20 milliards en 2024[2]. Pour Julien Piperault, Ingénieur Avant-vente Cybersécurité chez Exclusive Networks, c’est une hausse significative qui laisse entrevoir une technologie encore mal connue. Pourtant, la blockchain pourrait être applicable à de nombreux secteurs comme l’alimentaire, la RSE, le droit, le luxe mais également à des enjeux bancaires ou politiques, comme le vote électronique. Parmi eux, la sécurité informatique est très représentative des perspectives de cette technologie.
C’est quoi, la blockchain ?
Selon Blockchain France, la blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations transparente, sécurisée et fonctionnant sans organe de contrôle[3]. Elle constitue une base de données qui contient l’historique des échanges depuis sa création, et qui est à la fois sécurisée et distribuée, c’est-à-dire qu’elle n’appartient pas à une entité mais est partagée par ses propres utilisateurs, sans intermédiaire.
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Chacun est à la fois garant et contrôleur de la chaîne. Concrètement, c’est une grande infrastructure composée d’une multitude de petits décisionnaires : si quelqu’un essaie de la modifier, la chaîne est rompue. La blockchain fonctionne comme un livre de comptes dans lequel tout le monde pourrait écrire : supprimer une ligne reviendrait à briser la chaîne.
Deux types de blockchains existent : des blockchains publiques, ouvertes à tous, et des blockchains privées, dont l’accès est restreint à un cercle d’utilisateurs.
La blockchain est encore mal comprise, et trop souvent associée aux crypto-monnaies qui absorbent une grande partie de son paysage. Sa complexité, ses liens avec le darkweb et son manque d’évangélisation dans l’enseignement freinent son émergence. Néanmoins, si blockchain et bitcoin ont été construits ensemble depuis son apparition en 2008, de nombreux acteurs envisagent aujourd’hui son application à d’autres secteurs. La blockchain permettrait par exemple d’assurer une meilleure traçabilité de la chaîne de production dans les filières alimentaires.
Comment la blockchain répond aux nouveaux enjeux de cybersécurité
La blockchain peut également être un outil stratégique pour la cybersécurité. En effet, la vague actuelle de cyberattaques est de plus en plus pointue, dopée à la fois par des mécanismes sophistiqués et une multiplication des devices qui offrent de très nombreuses portes d’entrée aux hackers. Si les solutions se développent en écho à l’évolution des attaques, elles pourraient toutefois atteindre leurs limites face à un certain type d’actes malveillants. C’est par exemple le cas des certificats de sécurité des sites web. Les utilisateurs font confiance à l’entreprise tierce qui certifie la sécurité du site. Mais si l’entreprise est compromise, le certificat de sécurité peut également l’être et, alors, tromper l’utilisateur.
Aujourd’hui, la blockchain est une clé centrale pour lutter contre la cybercriminalité. Certains acteurs l’ont bien compris et se positionnent sur cette technologie en plein développement. En effet, en réponse à ce type d’attaques, seules des solutions décentralisées peuvent être utilisées, non pas comme un produit de cybersécurité supplémentaire, mais comme un système parallèle pour garantir la protection des données. Ainsi, la blockchain offre la sécurité d’un historique gravé dans le marbre, supprime les zones d’ombre et facilite la traçabilité des opérations. Chaque acte est horodaté, et garantit l’identité de celui qui l’a généré.
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La blockchain peut aussi être particulièrement stratégique pour assurer la sécurité du stockage en ligne. En effet, nous stockons aujourd’hui nos données dans des clouds hébergés par Google ou Dropbox, nos informations sont conservées par un acteur unique qui est seul décisionnaire des termes et conditions de stockage. Par ailleurs, les mesures prises pour la sécurité des données peuvent varier en fonction du pays de l’hébergeur. Or, stocker des données via une blockchain permettrait de garantir la non-modification des données ainsi que leur non-compromission face à des virus, notamment des ransomwares qui cherchent à s’attaquer aux sauvegardes.
L’application des principes de blockchain peut être une véritable révolution pour garantir la transparence des données transmises à travers un réseau. Son essor répond à un besoin de traçabilité, de chiffrement de données et d’identification de plus en plus pressant face à la sophistication des attaques. Les opportunités d’applications, elles, sont infinies, de la garantie des objets de luxe à la traçabilité de l’alimentation, et pourraient bien révolutionner la sécurisation des données telle qu’on l’intègre aujourd’hui.
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[1] Selon une étude réalisée par HSBC en 2018
[2] Transparency Market Research, 2019
[3] https://blockchainfrance.net/decouvrir-la-blockchain/c-est-quoi-la-blockchain/