Cet article a été publié originellement sur mydatacompany.fr
BPCE, 2ème acteur bancaire en France, a été le premier sur le marché à mettre à disposition en Open Data ses données publiques. La banque développe spécialement des services à destination des territoires.
Les clients peuvent cependant se rassurer. Leurs données personnelles demeurent couvertes par le secret bancaire. Les données partagées concernent les propres activités du groupe bancaire, ainsi que les données ouvertes par d’autres producteurs et exploitées en interne.
116 jeux de données disponibles sur un portail Open Data
Autre particularité, ces données étaient déjà publiques. Elles étaient toutefois disséminées dans différents documents et dans des formats difficilement exploitables. Les données ont donc été compilées et ouvertes progressivement.
De trois jeux de données, BPCE a grimpé à 116 jeux de données couvrant 18 sociétés et mobilisant 24 producteurs de données. « Vous trouverez notre bilan carbone, des données sur les ressources humaines, des études sur les paiements de proximité faits par les cartes bancaires étrangères dans les régions françaises… c’est très varié » décrit Pierre-Philippe Cormeraie, Chief Digital Evangelist du groupe.
Open data : « C’est surtout l’usage qui compte »
Ces données revêtent donc avant tout de l’importance pour des analystes, des chercheurs ou des enseignants. La liste n’est pas exhaustive. « C’est surtout l’usage qui compte et que d’autres soient intéressés par les jeux de données que nous publions » souligne l’expert de la banque.
Ce sera probablement le cas des données relatives aux distributeurs de billets du réseau BPCE. Outre leur localisation, l’entreprise fournit désormais pour chacun les service qu’ils proposent : retrait, dépôt, … Ces données seront enrichies d’informations relatives à l’accessibilité.
Le 2ème groupe bancaire français soigne aussi son image et son ancrage dans l’économie locale. Il fournit un jeu de données bien spécifique : les dépenses de proximité des étrangers. Ainsi, 1,2 milliard de transactions réalisées auprès de 400 000 commerçants ont été cartographiées et anonymisées.
1,2 milliard de transactions pour éclairer les politiques locales
Ces transactions concernent les paiements effectués via des cartes bancaires étrangères. Accessibles sur un portail dédié aux territoires lancé récemment, ces données permettent d’identifier le volume de dépenses par nationalité et par zone géographique, et leur évolution dans le temps.
Cet observatoire mensuel des « Données au service du territoire » doit notamment aider les décideurs locaux (collectivités, offices de tourismes, chambres de commerce…) à adapter leurs politiques locales, en particulier en matière de tourisme.
Pour Pierre-Philippe Cormeraie, les bénéfices de la démarche Open Data sont également internes et concernent notamment « l’acculturation à la data ». « Cela permet aussi de travailler le sujet de la qualité de la donnée » souligne-t-il.
« Partager de la donnée est clé dans la gouvernance »
Il va même plus loin, qualifiant l’usage par l’interne de « bénéfice incroyable ». « Nous mettons à jour nos agences bancaires tous les mois. C’est extrêmement fiable. Partager de la donnée est clé dans la gouvernance et le traitement même de la data. Si elle n’est pas de qualité, on ne peut rien en faire, et encore moins l’exploiter pour de l’intelligence artificielle. »
Le responsable estime enfin que cette approche favorise un fonctionnement en mode plateforme et agile. Dans le domaine des plateformes, BPCE a ainsi ouvert 89C3 API, regroupant des API bancaires. La banque dispose aussi, par exemple, d’une plateforme de formation.
Les entreprises doivent mutualiser leurs données face aux Gafa
Si le groupe est le premier dans le monde bancaire à mettre à disposition ses données publiques, le mouvement de l’Open Data touche plus largement l’univers de la finance et de l’assurance, marqué par un changement profond en matière de données.
De nombreux jeux de données ont été ouverts et de nouvelles sources sont apparues parallèlement, accessibles librement. Sur le marché de l’assurance-crédit, l’information a cessé ainsi de constituer une barrière à l’entrée.
Ouverture à dimension variable des données pour s’unir
L’ouverture et l’agrégation de données sont donc devenues une nécessité. « En Europe, nous n’avons pas d’acteurs de la taille des GAFA et de pools de données similaires aux leurs. En revanche, en agrégeant des pools de données plus petits et en s’unissant entre acteurs, il est possible d’en tirer des bénéfices importants » considère pour sa part Jennifer Baert, en charge de l’information et de l’analyse crédit pour l’assureur Euler Hermes.
L’approche Open Data des entreprises privées diffèrent néanmoins de celle des organismes publics. Les jeux de données s’échangent ainsi souvent uniquement entre partenaires. La tendance dans le privé semble donc plus à une « ouverture à dimension variable » plutôt qu’à une ouverture à tous.
BPCE privilégie d’ailleurs aujourd’hui des données déjà publiques en matière d’Open Data. L’ouverture des données de transactions par carte des étrangers marque une inflexion. Elle sonne comme une exploration par le groupe bancaire de la possibilité à terme de monétiser ses données, au travers de nouveaux services destinés aux collectivités et aux entreprises.