Au-delà d’un très haut niveau d’activité pour la banque dans ses métiers du financement et de l’investissement, les actions d’accompagnement des chefs d’entreprise sur le territoire ont quasi triplé.
Nicolas Dufourcq, directeur de Bpifrance, présentait le bilan d’activité de l’année 2019 de la banque publique d’investissement hier matin. Une année de profond renouvellement selon le dirigeant autour de nouveaux programmes, nouveaux publics ciblés et nouveaux territoires…
Les chiffres parlent à eux-seuls : avec 8,1 milliards d’euros de financement à moyen et long terme et 9,3 milliards de crédits court-terme, 2019 a été particulièrement dynamique au service du financement de l’investissement et de la croissance des PME et ETI.
L’activité de fonds propres a permis la mobilisation de 2,5 milliards en intervention directe au capital des entreprises et au service de l’écosystème des fonds d’investissement français. Tandis que Bpifrance a procédé à 1,6 milliard de cessions, un montant conforme à sa stratégie de rotation active de son portefeuille de participations.
L’accent a ensuite été mis par Nicolas Dufourcq sur l’action que mène désormais la banque sur l’ensemble du territoire, notamment via des dispositifs partenariaux mis en place avec différentes collectivités. Des dispositifs qui ont permis à plus de 5 700 entreprises de mobiliser plus d’1,4 milliard de financement. Comme par exemple le financement de plus de 1 100 TPE à hauteur de 50 millions d’euros dans dix régions et, sur l’aspect innovation, plus de 1 200 entreprises à hauteur de près de 100 millions. Au total, près de 450 entreprises ont participé à l’un des douze programmes d’accélération mis place localement.
Par ailleurs, Bpifrance s’est concentré sur la promotion et le soutien à l’industrie (en plein renouveau actuellement), dans le cadre de la tournée French Fab dans 66 villes avec plus d’un million de Français touchés ; et du programme « Territoire d’Industrie ».
En parallèle, Bpifrance a poursuivi son action de formation envers les patrons de PME avec ses « accélérateurs », généralistes ou thématiques (par secteur d’activité ou zone géographique). Au total, il y en a désormais plus de 55 sur le territoire, dont 29 créés l’an dernier. « Nous sommes enfin à l’échelle, a commenté Nicolas Dufourcq. C’est très important car ce qu’il manque aux PME, c’est la collectivité. Et, pour cette raison, nous voulons replacer le patron de PME au sein d’une promotion d’homologues, qui se posent les mêmes questions que lui. Ensemble, ils pourront échanger, s’écouter et se challenger. Les accélérateurs Bpifrance sont une contagion d’ambition. » Une vraie « colonie de vacances » pour professionnels…
En 2019, 756 patrons d’entreprises ont rejoint ces groupes (contre moins de 300 en 2018) et les efforts se poursuivront en ce sens. Ces formations se font à la fois en présentiel avec 11 écoles partenaires (HEC, Ecole Polytechnique, Kedge…) qui ont dispensé 253 jours de formation, mais également en ligne avec près de 75 000 sessions dispensées de e-learning.
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Reste qu’au-delà de la « solitude du dirigeant » relevée, le capital humain est le chaînon manquant des ETI et PME en France (57 % d’entre elles pensent que le recrutement est un frein à la croissance). « Nous essayons de convaincre les jeunes ingénieurs d’y aller, a-t-il poursuivi avec le VTE pour un an ! C’est l’équivalent d’un VIE mais en France et Bpifrance s’occupe de tout. A fin 2019, 119 jeunes ingénieurs avaient signé un VTE, mais nous voulons monter à 2000 par an. »
Bpifrance Création : le réseau des réseaux
Du fait de cet ancrage très fort sur le terrain, Bpifrance s’est également lancé dans le soutien à la création d’entreprise depuis janvier 2019. L’idée ? Contribuer à sensibiliser, informer, orienter, accompagner et financer les créateurs d’entreprise partout sur le territoire. « Nous avons pris un rythme de croisière à la création d’entreprises en s’appuyant sur les associations locales (Adie, franceActive, Reseau enteprendre, Initiative France, Pepite France, ForceFemmes…), a précisé Nicolas Dufourq. 150 000 créateurs ont ainsi été accompagnés en 2019 avec l’aide de 30 000 bénévoles, 3 000 collaborateurs et 30 réseaux soutenus. Au total, 40 millions d’euros ont été mobilisés en dotations de prêts d’honneur et subventions, soit plus de 43 000 projets financés.
En a suivi le dispositif « Entreprenariat pour Tous » (avec un même niveau de services dans tous les quartiers !), un programme de soutien qui s’est traduit en 2019 par une tournée de près de 40 étapes touchant 185 Quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) et plus de 15 000 personnes. Ce programme a également permis le lancement de sept nouvelles promotions d’Accélérateurs dédiés aux créateurs en QPV (émergence et création) et 5 promotions d’Accélérateurs de petites entreprises bénéficiant aux entrepreneurs de ces territoires (notamment en Seine-Saint-Denis, à Lille et à Marseille).
Nicolas Dufourcq a également évoqué le fort dynamisme du financement de la Transition Energétique et Environnementale (TEE), avec 1,8 milliard de financements octroyés en 2019 et cette proportion ne prendra que de l’ampleur. « Bpifrance s’installe comme banque du climat pour les entrepreneurs », a-t-il confirmé. Le 7 avril prochain d’ailleurs, la banque présentera son agenda climatique, lors d’un événement appelé « Le Jour E ».
Enfin, concernant l’innovation, l’activité de Bpifrance a été en croissance sur le financement et s’est stabilisée sur l’investissement. Ainsi, avec 1,3 milliard d’aides et de financements accordés en 2019, l’activité innovation affiche une croissance de 8 % qui s’explique notamment par la mise en œuvre du plan Deeptech en direction des chercheurs entrepreneurs de la Deeptech, grâce aux ressources issues du Fonds pour l’Innovation et l’Industrie (FII). « Nous voulons allumer un deuxième moteur à la fusée. L’innovation change ! La technologie va transformer les industries traditionnelles, a expliqué Paul-François Fournier, directeur de Bpifrance Innovation. Il faut créer le lien entre recherche et entreprises. » L’activité d’investissement direct en Capital Innovation affiche quant à elle une stabilité à haut niveau : 322 millions mobilisés dans 102 entreprises (contre 328 millions dans 104 entreprises en 2018).