Notre chroniqueur Imed Boughzala s’intéresse ce mois-ci au sujet de l’impact d’un usage ubiquitaire dans nos sphères personnelles et professionnelles : l’utilisation de casques et d’écouteurs. La technologie a changé le rapport à la musique autant qu’aux échanges téléphoniques, avec son lot de risques… mais elle promet bientôt de mieux protéger nos oreilles.
Dans une récente chronique, je vous ai parlé des risques liés à l’exposition aux ondes électromagnétiques des smartphones et plus largement de tout objet connecté (montre, oreillette sans fil, borne wifi…). Dans celle-ci, je souhaite vous parler des répercussions des casques audio sur l’audition.
Ces derniers sont devenus des compagnons inséparables dans notre vie quotidienne, offrant une expérience immersive de la musique, des podcasts et des films. Cependant, derrière cette expérience sonore enveloppante se cache des implications potentielles pour notre audition. Dans cette chronique, nous explorerons les effets des casques sur les oreilles, examinant les risques et les précautions nécessaires pour préserver notre bien-être auditif.
Selon une enquête Ifop, 81 % des personnes déclarent écouter la musique en mode nomade (écouteurs ou casques audio) moins de 2 heures par jour et 43 % moins d’une heure. En revanche, 27 % des « moins de 35 ans » et 34 % des 15-17 ans ont une écoute largement supérieure à 2 heures. Plus inquiétant, 25 % des sondés ont pour habitude de pousser le volume. En plus de la journée, 42 % des moins de 35 ans utilisent des écouteurs le soir. Ce chiffre atteint 45 % chez les 18-24 ans et 46 % des 15-17 ans ; et « Pire certains s’endorment avec ! ». Cela pourrait entraîner des troubles du sommeil ou des manifestations cardiovasculaires, comme l’hypertension par exemple. À la longue, trop d’excitation épuise l’organisme laissant place à la lassitude, à la fatigue chronique favorisant les symptômes dépressifs.
L’Impact de l’utilisation fréquente des casques sur l’audition
Près de la moitié des Français, et notamment 88 % des jeunes de 15 à 17 ans, utilisent des écouteurs (33 %) ou un casque classique (16 %), selon la même enquête Ifop. Les experts scientifiques et médicaux de JNA (Journée Nationale de l’Audition) s’accordent à dire que l’utilisation fréquente et prolongée de casques de musique peut avoir des conséquences sur l’audition. Les niveaux sonores élevés directement diffusés dans le conduit auditif peuvent entraîner des dommages progressifs aux cellules ciliées de l’oreille interne. Ces cellules sont essentielles pour la transmission des signaux sonores au cerveau. Une exposition continue à des volumes sonores excessifs peut conduire à une perte auditive permanente.
De plus, la proximité directe des écouteurs au tympan peut amplifier l’intensité du son perçu. Il est crucial de prendre conscience de la puissance des dispositifs audio et d’ajuster le volume à des niveaux sûrs pour minimiser les risques auditifs.
Les risques spécifiques et les signes avertisseurs
Traumatismes acoustiques :
Les traumatismes acoustiques résultent souvent d’une exposition soudaine à des sons extrêmement forts, tels que ceux générés par des casques à volume élevé. Ces incidents peuvent causer des lésions immédiates aux cellules auditives et se traduire par une perte auditive temporaire ou permanente. Les utilisateurs de casques doivent être conscients des limites de volume recommandées et éviter de pousser les réglages au-delà de niveaux sûrs. L’intensité des sons est exprimée en décibels dans une échelle allant de 0 dB(A), seuil de l’audition humaine, à environ 120 dB(A), limite supérieure des bruits usuels de notre environnement.
« 37 % des personnes interrogées déclarent avoir ressenti des acouphènes (sifflement ou bourdonnements d’oreilles) suite à une écoute prolongée au casque ou aux écouteurs, précise le président des JNA. Cette proportion augmente : 44 % chez les 25-34 ans, 46 % chez les 18-24 ans pour atteindre 51 % chez les 15-17 ans ».
Pression sonore et risques associés :
Certains casques fermés peuvent créer une pression sonore accrue à l’intérieur du conduit auditif, augmentant ainsi le risque de dommages. Les signes avertisseurs incluent des sensations d’oreilles bouchées, de l’inconfort ou même des vertiges. Il est crucial de choisir des casques qui permettent une ventilation adéquate et de prendre des pauses fréquentes lors de sessions d’écoute prolongées.
Les précautions et les bonnes pratiques pour une écoute saine
Contrôle du volume :
La règle d’or est de maintenir un volume à un niveau modéré. Utiliser des applications ou des réglages sur les appareils pour définir des limites de volume peut être une mesure préventive efficace. Il est également recommandé de faire des pauses régulières lors de sessions d’écoute prolongées.
Choix du type de casque :
Opter pour des casques à réduction de bruit passive ou active peut réduire le besoin d’augmenter le volume pour compenser les bruits extérieurs. Les modèles conçus pour permettre une ventilation adéquate minimisent également la pression sonore à l’intérieur du conduit auditif. Malheureusement, seuls 10 % des Français et 17 % des 25-34 ans ont le réflexe de protéger leurs oreilles avec un casque (ou des écouteurs) avec réduction active de bruit.
Durée d’utilisation :
Limiter le temps d’écoute quotidien peut contribuer à prévenir la fatigue auditive et les risques associés. Il est essentiel de prendre des pauses régulières pour permettre à l’oreille de récupérer.
Vers l’avenir – innovations pour une écoute sécurisée
Technologies de protection auditive :
Certains fabricants de casques travaillent sur des technologies de protection auditive intégrées, capables de surveiller en temps réel le niveau de pression sonore et d’ajuster automatiquement le volume pour le maintenir à des niveaux sûrs. Ces avancées pourraient jouer un rôle essentiel dans la préservation de l’audition tout en offrant une expérience sonore immersive.
Sensibilisation et éducation :
Promouvoir la sensibilisation et l’éducation autour de l’utilisation responsable des casques de musique est également cruciale. Des campagnes de prévention visant à informer les utilisateurs sur les risques et les bonnes pratiques peuvent contribuer à réduire les cas de lésions auditives liées aux casques. Cela fait partie de la littératie digitale (Digital Literacy) en intelligence digitale.
Un équilibre entre plaisir auditif et préservation de l’audition
En somme, l’utilisation de casques de musique offre une expérience sonore exceptionnelle, mais il est impératif de trouver un équilibre entre le plaisir auditif en mode nomade et la préservation de l’audition. Les risques associés à une utilisation excessive ou à des volumes élevés ne doivent pas être sous-estimés. En adoptant des précautions simples, telles que le contrôle du volume, le choix de casques adaptés et la prise de pauses régulières, les auditeurs peuvent continuer à profiter de leur musique préférée tout en préservant leur bien-être auditif.
L’évolution constante des technologies de protection auditive offre également des perspectives encourageantes pour l’avenir. En combinant ces innovations avec une sensibilisation accrue, nous pouvons aspirer à une culture de l’écoute responsable qui garantit que la passion pour la musique ne compromet jamais notre capacité à l’apprécier pleinement.
En fin de compte, la clé réside dans la conscience et l’engagement envers une écoute saine. Alors, ajustons nos casques, écoutons avec prudence, et préservons le merveilleux monde de la musique sans compromettre notre précieux sens de l’ouïe.