À l’occasion de la sortie du deuxième livre du Cefcys (Cercle des Femmes de la Cybersécurité), plusieurs femmes de la cyber ont évoqué leurs parcours et leurs visions au Mas à Paris, lundi 18 septembre. L’occasion d’encourager les femmes à rejoindre ce secteur “en ébulition”.
La cyber par hasard
Parmi ces “cyberwomen”, peu d’entre-elles avaient pour objectif de faire carrière dans le domaine de la cybersécurité. “C’est un pur hasard”, indique Baka Diop, entrepreneuse spécialisée dans la cybersécurité applicative et l’architecture. C’est après un début de carrière en développement qu’elle a découvert ce domaine. “Avant tout, je suis une ethical hackeuse. Je fais beaucoup de hacking, c’est comme ça que je sais comment être une défenseuse”, explique-t-elle devant une assemblée de spécialistse du secteur de la cyber.
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Aujourd’hui Security Sales Account Lead chez Accenture, Caroline Henimann a également atterri par hasard dans la cybersécurité. “J’étais dans l’informatique et j’ai voulu me spécialiser”, confie-t-elle, “la cyber est venu à moi et j’ai tenté”. « Rien n’arrive par hasard », assure quant à elle Malika Smaili, Business Security Officer au sein de la CMA-CGM et réserviste de la gendarmerie. Elle précise : “rien n’arrive pour rien. On le comprend souvent après. Ça aide à relativiser les mauvais événements et tracer un chemin”.
Un besoin de pédagogie
Pour que ces carrières ne soient pas faites par hasard, de la pédagogie est nécessaire à plusieurs niveaux de la société. “Il y a un vrai sujet à traiter pour l’Éducation Nationale”, lance Aurélie Laizé, directrice Head of Airbus Defence and Space Cyber. Pour Lucie Poiraud, RSSI au sein du Groupe Atlantic : “Les parents ont un rôle très important. Mes parents m’ont conseillé de faire de l’informatique plutôt que de m’orienter vers la petite enfance. Il faut réussir à montrer aux parents tous les métiers sont possibles et pas seulement les métiers typiques féminins”.
Pour Victoria Hauser, co-fondatrice de Secur’Num, passée notamment par le droit et la criminologie dans la lutte contre le terrorisme, les femmes ont toute leur place dans ce secteur. “Rien n’est impossible. Il y a plein de métiers qui font appel à différents types de compétences. Qu’on soit un homme ou une femme, tout le monde à sa place dans ce monde où on doit inventer de nouveaux métiers au quotidien pour répondre à la menace”.
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Pour beaucoup, la cybersécurité est un milieu très obscur et surtout très technique. Pourtant, de nombreux métiers de ce secteur ne nécessitent pas ces compétences en informatique. “Beaucoup de compétences sont mises en valeur dans ce secteur”, note Valérie Doye, RSSI au sein de l’Acmoss (Agence des Communications Mobiles Opérationnelles de Sécurité et de Secours), “Le marché est tellement grand qu’il faut mieux foncer et être formée sur le tas”. “Il faut bien se faire accompagner par les entreprises, mais on manque cruellement de compétences”, regrette Caroline Henimann, “Même pour les personnes qui ne viennent pas de la cyber, on peut faire le pont”.
Des humains derrière les lignes de codes
“D’habitude on est souvent empêtré dans des termes que peu maîtrisent”, souligne Jean-Michel Mis, ancien député et membre du conseil d’administration du Cefcys, “Aujourd’hui, on a peu parlé technique et il y avait beaucoup d’enthousiasme. Derrière les lignes de codes, il y a des hommes et des femmes pour faire société”. Parmi les 10 femmes qui se sont relayés à la tribune pour évoquer leur vision de la cyber, nombreuses sont celles à avoir évoquées des compétences humaines nécessaires pour évoluer dans ce domaine. “Il faut de la curiosité. C’est un métier où on ne se repose quasiment jamais”, estime Malika Smaili. Pour Aurélie Laizé, c’est un secteur où il faut faire preuve d’intégrité et d’empathie.
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La notion de partage est très présente. “Le mentorat a donné du sens à mon engagement”, assure Manon Dubien, Ingénieur commercial Infosec, RGPD, cybersécurité. “D’un côté il y a des femmes qui ne savent pas comment se former et de l’autre des RSSI qui pouvaient aider. J’ai voulu faire le lien”. Marquée par les attentats de 2015, Victoria Hauser met l’humain au cœur de son engagement : “C’est un sujet d’importance vitale qui apporte des solutions sur le plan social. La cyber est en construction. On peut tout inventer et réinventer. On est plusieurs à travailler pour avoir une approche plus responsable dans ce domaine”. “Il n’y a plus qu’à y aller”, conclu Nacira Salvan. La présidente du Cefcys donne également rendez-vous le 13 décembre prochain pour une nouvelle édition des Trophées Européens de la Femme Cyber à la Salle Gaveau à Paris.