Financés par l’État à travers le programme France 2030, ces concours soutiennent des projets à différents stades d’innovation, portés par des entrepreneurs en devenir, des start up et des PME. Avec pour objectif de favoriser l’émergence de champions à l’international dans des secteurs clés tels que la décarbonation de l’industrie, la transformation de l’économie et la souveraineté dans des domaines stratégiques
La Cité de la Musique faisait salle comble ce jeudi 19 septembre pour la remise des prix et une trentaine de lauréats ont défilé sur la scène avec le défi de présenter leur innovation en une minute. Ces innovations se déclinaient en trois volets complémentaires : i-PhD, qui valorise les travaux de jeunes chercheurs en vue de créer ou co-créer des start up en rupture technologique. I-Lab, qui récompense les résultats de la recherche publique à travers la création d’entreprises aux technologies novatrices. I-Nov, qui soutient des projets d’innovation à fort potentiel économique, portés par des start up et des PME, dans l’optique de faire émerger de futurs champions mondiaux.
Cette année, les concours ont mis l’accent sur des enjeux clés comme le numérique (IA, cybersécurité, numérique du futur et robotique), la transition écologique (recyclage, biodiversité, énergie, agriculture et mobilité durable) et la santé (biotech, technologies médicales et santé numérique). Le jury a affirmé avoir été impressionné par le potentiel de l’ensemble des dossiers de candidatures, réservoir incroyable d’innovations pour façonner le monde de demain. Ses critères de sélection parmi les 800 candidatures ? Le potentiel d’innovation, l’excellence scientifique et technologique et le business model, sans oublier la capacité de chaque équipe à sublimer son projet pour convaincre les jurés. Tâche ardue, Alliancy le mag a néanmoins choisi de mettre en lumière quelques-uns des lauréats.
Ecologie, cybersécurité, robotique et santé, quelques lauréats autour de enjeux clés de France 2030
Altaroad, lauréat i-Nov avec son projet Better, ambitionne d’offrir au secteur du BTP un outil de bilan environnemental en temps réel. « Principal émetteur de CO2, fortement consommateur d’énergies fossiles, le BTP doit répondre à une multitude d’obligations environnementales pour lesquelles il produit une multitude de données, fragmentées, juxtaposées, juste pour répondre à ces exigences, affirme Rim Mtibaa, vice-présidente Stratégie de Développement d’Altaroad. Nous sommes pourtant à l’ère de l’IA et du big data, ère où la data n’a jamais autant voyagé, jamais été autant échangée, jamais autant servi en temps réel à prendre des décisions. Avec Better, notre ambition est d’apporter des solutions, afin que les acteurs du BTP puissent faire de ces obligations environnementales et réglementaires des outils de pilotage et ne pas uniquement les subir ». Le projet inclut quatre modules : calcul automatique du bilan CO2 avec des alertes et bonnes pratiques, optimiseur multicritères du bilan environnemental, bases de données territoriales des solutions d’optimisation et outil automatique de reconnaissance d’image de contenus des bennes.
Pour développer sa solution Aleph-Mercure, lauréate i-Nov, Aleph Networks, spécialiste du dark net, est parti du constat qu’il n’y a pas d’attaques sans données. « Mercure est un système d’alarme des données, en dehors du système d’information, qui détecte en temps réel les fuites de données dans le clear, le deep ou le dark web, raconte Nicolas Hernandez, son fondateur et directeur général. Il est couplé à une intelligence artificielle qui va permettre, en fonction du type de donnée et de l’espace dans lequel on va retrouver cette donnée, de fournir des préconisations de remédiation mais également d’intégrer la matrice des risques avec un système de notation en fonction du niveau de risque. La solution SaaS couvrira l’ensemble des risques cyber et DNS pour les TPE/PME européennes. Actuellement en phase 1, Mercure est déjà déployé dans quelques hôpitaux, cabinets d’avocats et PME.
Compliance Robotics, Grand Prix i-Lab, va déployer C.Robotics, une nouvelle génération de robots industriels. Sa solution phare, le hollow ots (object transfer system), est un robot collaboratif creux basé sur les principes de la robotique déformable et capable de réaliser des tâches de transfert d’objets sans aucun compromis entre la cadence et la sécurité des opérateurs. « Dans l’industrie, beaucoup de robots ressemblent à des bras de fer et sont dangereux à tel point qu’il faut les mettre dans des cages, ce qui n’est pas très agile, explique Christian Duriez, son directeur général. Il existe aussi des robots collaboratifs un peu moins dangereux mais qui restent des bras de fer et on perd en cadence ce qu’on gagne en sécurité avec ces robots. Ne pas faire de compromis entre rapidité et sécurité est le futur de la robotique et pour cela, le point de départ est de s’inspirer de la nature où il n’y a pas que des vertébrés mais aussi des invertébrés qui n’ont pas de petits bras mais des tissus déformables ».
Selon Fanny Jaulin, PhD et CEO de la start up Orakl Oncology, Grand Prix i-Lab, 96% des « candidats médicaments » anti-cancéreux échouent en phases cliniques, souvent à cause des particularités de la maladie de chaque patient, qu’on ne sait pas anticiper. Sa plate-forme techbio éponyme intègre les meilleurs échantillons biologiques et l’ensemble des données patients cliniques et moléculaires disponibles pour modéliser avec précision les tumeurs et accélérer le développement de médicaments oncologiques. Cela, en tirant parti de sa collection unique d’avatars tumoraux. Orakl Oncology intègre des tests fonctionnels en laboratoire sur ces avatars ainsi que des analyses par intelligence artificielle pour prédire la réponse des patients à des traitements. Spin-out de l’Institut Gustave Roussy, la start up a levé plus de 3 millions d’euros auprès d’investisseurs français et européens après sa création en 2023.