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CES 2025 : au-delà de la vitrine d’innovations technologiques, que retenir ?

De retour de Las Vegas, Stéphane Gervais revient dans cette nouvelle chronique sur ce qui l’a le plus marqué dans l’édition 2025 du Consumer Electronics Show, fort de 15 années à suivre l’évolution de cet évènement clé de la tech. Tour d’horizon entre IA, quantique et robotique. 

 

Cette semaine, le CES 2025 a ouvert ses portes à Las Vegas, accueillant plus de 4 500 exposants et 140 000 visiteurs, dont 80 % venant de l’international. Reconnu comme le salon de référence en technologies et innovations, il est un carrefour incontournable pour découvrir les tendances qui façonneront l’avenir. 

Cela fait plus de 15 ans que je couvre cet événement. Chaque édition apporte son lot d’annonces révolutionnaires, de concepts éphémères ou, au contraire, de percées technologiques qui transforment durablement nos vies.

 

Un salon de plus en plus B2B 

A l’origine axé sur les produits grand public — santé, multimédia et ordinateurs personnels —, le CES évolue vers un positionnement plus pragmatique et orienté B2B. Exit les grandes annonces autour du Metaverse, la priorité est désormais donnée à des innovations concrètes et intégrables. 

La France y est bien représentée, avec plus de 110 startups et des grands groupes comme Dassault Systèmes, Thales, Valeo ou Withings. Ce positionnement reflète l’importance du salon comme plateforme internationale de business et de collaboration. 

L’intelligence artificielle : omniprésente, intégration totale et l’IA physique mais encore en quête d’usages à grande échelle 

Cette année encore, l’intelligence artificielle (IA) s’impose comme l’omniprésente vedette des innovations technologiques. À tel point que mentionner la présence d’IA dans une offre devient aussi banal que de signaler l’usage de l’électricité. Cependant, les usages véritablement déployés à grande échelle restent rares, avec une mise en avant prioritaire des gains d’efficience. Notamment, les applications de l’IA, au-delà des modèles génératifs, se nichent dans des usages souvent invisibles : fusion et analyse de données de capteurs pour des véhicules toujours plus sûrs, machines agricoles autonomes, ou encore l’optimisation industrielle via l’analyse d’images et de données, réduisant l’effort humain. 

L’intégration de l’IA, bien plus que son simple usage, a constitué le fil rouge des annonces et démonstrations. Les géants des processeurs, tels qu’Intel, AMD, Qualcomm et NVIDIA, ont dévoilé des puces intégrant l’IA générative directement dans les processeurs pour renforcer sécurité, fiabilité et performances. NVIDIA, véritable champion du CES, s’est distingué à travers les annonces de son PDG, Jensen Huang. Parmi les innovations phares : des ordinateurs d’une puissance inédite (3 352 TOPS), le supercalculateur de bureau Digits, la plateforme Cosmos pour l’IA physique dédiée au développement de robots et véhicules autonomes, ainsi que des modèles d’IA et microservices pensés pour les créateurs et développeurs. 

Le CES 2025 confirme ainsi une évolution majeure : l’IA n’est plus une simple fonctionnalité, mais un socle technologique qui redéfinit les écosystèmes numériques et industriels.

L’intégration de l’IA, clé du développement 

Cette édition met en lumière une tendance clé : l’intégration de l’IA. Les géants des processeurs comme NVIDIA, Intel, AMD ou Qualcomm rivalisent d’annonces. NVIDIA, en particulier, s’est distingué avec : 

Le développement de l’IA agentique, où les machines prennent des décisions en fonction d’objectifs prédéfinis, comme les véhicules autonomes ou l’orchestration du cloud. 

L’essor des IA agentiques marque une nouvelle étape dans l’automatisation : ces systèmes intelligents, conçus pour prendre des décisions en fonction d’objectifs prédéfinis, redéfinissent la gestion des tâches informatiques. Les véhicules autonomes en sont une illustration éloquente : en agrégeant des données multiples, ces IA exécutent des actions pour conduire les passagers à destination. Au-delà des transports, cette automatisation s’étend à des domaines variés comme l’orchestration des infrastructures cloud, la cybersécurité proactive et les assistants virtuels de premier niveau. 

Quelles perspectives pour l’IA ?

Trois points se distinguent nettement sur les orientations en termes d’intelligence artificielle au CES 2025 :

Cette convergence entre spécialisation des modèles, capacités physiques et puissance matérielle dessine les contours d’une nouvelle ère pour l’intelligence artificielle. 

La robotique : vers une assistance ciblée 

Si les robots humanoïdes étaient absents cette année, les innovations robotiques étaient bien présentes, mais orientées vers des usages pratiques : 

Les industriels comme John Deere ou Komatsu ont également marqué l’événement, en présentant des engins professionnels rétrofités pour l’électrification, la conduite à distance. 

L’ère du « quantique 2.0 » 

Le quantique s’est invité cette année au CES avec des conférences et des annonces marquantes, mettant en lumière le concept du « quantique 2.0 ». Celui-ci englobe des applications autour de la communication, de la cybersécurité, de la contextualisation et du calcul, exploitant une capacité de traitement phénoménale pour explorer des milliards de possibilités et identifier les meilleures solutions. 

Pour une fois, ce sont les défis qui ont dominé les discussions, notamment en cybersécurité : avec l’avènement du calcul quantique, les systèmes de cryptographie et les clés numériques actuels seront obsolètes, exposant des vulnérabilités majeures. Toutefois, les perspectives restent prometteuses : la conception de médicaments révolutionnaires, l’optimisation des infrastructures, des réseaux énergétiques ou encore de la logistique figurent parmi les nombreuses applications potentielles. 

IBM, Quantum Delta, IonQ et Microsoft ont dévoilé leurs avancées respectives, notamment sur les processeurs quantiques et les plateformes d’accès. Mais les défis restent colossaux : fiabilité des résultats, gestion des erreurs, investissements dans des infrastructures adaptées, formation de talents spécialisés, et surtout la question de l’horizon temporel. Alors que certains espèrent des ordinateurs quantiques fonctionnels d’ici 5 à 15 ans, ou encore 20 ans pour leur production comme l’a estimé le PDG de NVIDIA cette semaine au CES. 

Un dossier spécial dans Alliancy reviendra d’ailleurs cette année en détail sur ces enjeux et les opportunités immenses offertes par le quantique, ouvrant la voie à une révolution technologique encore en devenir. 

Au-delà de la technologie, une agora de transformation 

Le CES dépasse le cadre technologique : il est devenu un espace où transformation et adaptation proactives et constantes prennent le devant de la scène. Gary Shapiro, président du CTA, illustre bien cette dynamique dans son dernier livre, « Pivot or Die ». 

Des entreprises comme Toyota, avec son projet de ville expérimentale Woven City, ou Bosch, visant 6 milliards d’euros de revenus dans les logiciels d’ici 10 ans, montrent que les innovations vont bien au-delà de la technologie. 

LG et Samsung, qui ont montré les évolutions possibles avec de l’IA de la machine à laver au réfrigérateur (recettes liées à son contenu) et, bien sûr, à la télé, pour vous proposer des programmes les plus pertinents, ont clairement montré leur velléité à s’étendre vers la mobilité pour améliorer la sécurité, le confort et les loisirs des personnes en mouvement.  

Les innovations ne se limitent pas aux avancées technologiques ou aux évolutions des usages : elles résident avant tout dans la capacité à transformer et à s’adapter de manière proactive. C’est sous cet angle qu’il faut appréhender le CES, véritable agora du changement où la technologie n’est qu’un levier parmi d’autres. Ce rendez-vous mondial rassemble les PDG des plus grandes entreprises qui y exposent leurs visions stratégiques, tandis que les visiteurs y puisent des idées, identifient des opportunités d’affaires, nouent des partenariats et trouvent l’inspiration nécessaire pour accélérer leur propre transformation. 

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