L’Europe compte 16 % des licornes mondiales… contre 48 % pour les Etats-Unis et 36 % pour l’Asie*. Les difficultés à faire émerger des scale-up avec une valorisation dépassant le milliard se font toujours sentir... Et, si cela arrive, c’est souvent par l’intermédiaire de fonds d’investissement américains. Pour Sébastien Soriano, président de l’Arcep, les Gafam empêchent directement le développement des start-up européennes en « stérilisant l’innovation » et en cannibalisant la concurrence. Alliancy vous propose ici quelques acquisitions américaines et prises de participation récentes au capital de jeunes pousses européennes.
Début décembre, CapitalG, le fonds d’investissement d’Alphabet (Google) a rejoint le capital de Dataiku. Une transaction rendue possible par le fonds français Serena, présent au capital de la start-up parisienne depuis 2014, qui a revendu quelques-unes de ses parts. Dataiku, spécialisée en méthodes prédictives d’analyse data, accède donc au rang de licorne avec une valorisation estimée autour des 1,4 milliard de dollars. CapitalG, dont les investissements sont estimés à près de 300 millions de dollars par an, a notamment investi dans Airbnb, Stripe, Lyft ou encore Uipath…
En 2018, Rand Hindi, fondateur de Snips, déclarait vouloir « détruire Alexa ». Changement de plan : sa start-up est rachetée en novembre et ce dernier quitte l’aventure. C’est Sonos, la société californienne spécialiste de l'audio d'intérieur embarqué, qui a annoncé l’acquisition de Snips pour 37,5 millions de dollars. Les enceintes de Sonos, jusqu’à présent munie des assistants vocaux d’Amazon et Google, pourraient bien se voir équipés de leur propre système d’intelligence artificielle.
Fin novembre, le géant Facebook s’est offert un tout nouveau studio indépendant pour compléter son offre Oculus. Le studio tchèque Beat Games est à l’origine du jeu hit Beat Saber. En entrant dans le marché du jeu vidéo, Facebook doit faire face à une concurrence rude. Les leaders historiques du domaine ont déjà sortis en parallèle leur casques VR et multiplient les rachats de studios. Microsoft a par exemple racheté deux studios britanniques l’an passé (Ninja Theory et Playground Games).
La firme à la pomme vient d’acquérir la start-up anglaise Spectral Edge pour améliorer les photos prises avec un iPhone. La technologie d’apprentissage automatique développée par Spectral combine les données d’un objectif standard avec un objectif infrarouge. L’information a été rendue publique jeudi dernier alors que Peter Denwood, avocat d’Apple, a été nommé directeur de Spectral Edge. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que la firme de Cupertino mène des acquisitions de ce type : en mai dernier, Tim Cook a affirmé à CNBC qu’Apple acquiert une entreprise toutes les deux ou trois semaines en moyenne.
Deux ans plus tôt, Apple avait par exemple acheté la start-up française Regaind, qui a développé une IA de reconnaissance d’image pour faire gagner du temps aux utilisateurs qui veulent trier de grandes quantités de photos. C’est TechCrunch qui a révélé l’information, en omettant de rappeler qu’il s’agit d’algorithmes de classification automatique d’images issus du travail de thèse en informatique de Guillaume Seguin, au sein de l’équipe Willow, conjointe entre l’Ecole Normale Supérieure et l’Inria de Paris.
SnyK est une start-up londonienne développant des solutions qui aident les développeurs en open-source à identifier des vulnérabilités. Elle a annoncé en septembre dernier une levée de 70 millions de dollars auprès d’Accel et avec la participation d’investisseurs déjà présents au capital comme Boldstart Ventures et Google Ventures.
General Atlantic est un fonds d’investissement prédominant dans le monde de la tech. En 2016, il avait 20 milliards de dollars d'actifs, avec notamment des parts dans Uber et Airbnb. En 2017, il s’occupe de la levée de 60 millions d’euros par la start-up française ManoMano, site de vente de produits de bricolage et de jardinage. Cette année, le fonds américain a pris également part au tour de table de 150 millions d’euros réalisé par la licorne Doctolib. Il rejoint son homologue américain Accel ainsi que deux fonds français BpiFrance et Eurazeo.
En 2012, la pépite du search en SaaS voit le jour. Elle est créée par Nicolas Dessaigne et Julien Lemoine, deux anciens de Thales. Dès 2015, les deux ingénieurs décident de s’installer à San Francisco. La start-up connaît alors un succès fulgurant dans le secteur du search pour les entreprises. Les années suivantes, Algolia enchaîne les levées de fonds avec Accel Partners : 18 millions de dollars en 2015, 53 millions en 2017 et 110 millions en octobre dernier. L’actionnaire majoritaire reste Accel mais lors du dernier tour de table, il est rejoint par d’autres grands investisseurs américains comme Salesforce Ventures.