Dix-sept mois après sa création, l’Agence du Numérique, voulue par Fleur Pellerin, a finalement été « officiellement » inauguré par Axelle Lemaire cette semaine. Elle a en charge la mission France Très Haut Débit, la French Tech et la Délégation aux usages de l’internet.
Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat au Numérique, était mardi soir à UsineIO dans le XIIIème arrondissement de Paris, pour lancer « officiellement » l’Agence du Numérique. Ce guichet « unifié, flexible et réactif » vise à soutenir des initiatives de développement des infrastructures, des usages et des écosystèmes d’innovation dans le champ du numérique. Le SGMAP, secrétariat général pour la modernisation de l’action publique, est son pendant pour les « services publics ».
L’Agence du Numérique, rattachée à la DGE (Direction générale des Entreprises), avait été mise en place par le décret du 3 février 2015, soit depuis plus d’un an. En juillet 2015, avait suivi la nomination à sa tête d’Antoine Darodes, un ancien élève de l’ENS Cachan qui dirigeait à l’époque et depuis novembre 2012, la Mission Très Haut Débit.
« Il a fallu quelques mois pour s’adapter, mais nous sommes enfin prêts avec une équipe d’une quarantaine de personnes, de 31 ans d’âge moyen », a-t-il précisé, rappelant que l’agence intègre désormais trois missions jusqu’ici séparées.
- L’initiative French Tech, animée par David Monteau (incluant les 13 métropoles French Tech et les French Tech Hub et Ticket à l’international…). Bientôt, devraient d’ailleurs être annoncées les labellisations thématiques d’écosystèmes et être confirmé de nouvelles labellisations de Métropoles French Tech.
- Le Plan France Très haut débit, suivi par Ghislain Heude pour la mise en place de ce plan de 20 milliards d’euros à 10 ans (2022). La 3ème conférence annuelle du Plan (bilan et perspective) se tiendra le 28 juin prochain et le 30 juin, sera publiée la liste des collectivités réalisant les travaux pour la couverture mobile des zones blanches.
- Le Programme société numérique, pilotée par Béatrice David, dont la mission est de définir les actions prioritaires en matière de soutien aux usages pour maximiser l’impact de l’Agence au regard de l’ensemble des dispositifs existants.
Tout ceci se fera en coordination avec son Comité d’orientation (Pascal Cagni, Bernard Liautaud, Johanna Roland, Karine Dognin-Sauze, Francis Pisani, Geoff Mulgan…), dont le rôle sera d’apporter à l’Agence une prise de distance, un regard extérieur sur ses actions, tout en étant force de propositions sur ses objectifs et moyens.
« Nous sommes une équipe engagée, qui a des convictions, qui est dans l’action et n’aime pas être seule, a insisté Antoine Darodes. La révolution numérique est vecteur de nouvelles donnes. Il faut avoir de l’audace, y compris dans notre ministère. Nous portons les valeurs d’une république numérique car elle doit profiter à tous, peu importe l’âge, le parcours et la profession de chacun. »
L’agence n’est donc pas un think tank, plutôt un do tank ou une « salle des machines », agitée et perturbante dans certains cas. « Nous sommes des nains sur des épaules de géant. Tout ce que l’on fait sert des stratégies définies par l’’Etat, mais vous entrepreneurs également. Notre job est de créer des liens et libérer les énergies. »
Des échéances de taille
Antoine Darodes, très conscient des enjeux électoraux de l’an prochain, a toutefois terminé par un vœu : « L’Agence du Numérique naît dans un contexte particulier. Mais sa raison d’être est de vous rendre service à vous entrepreneurs. C’est une lourde responsabilité pour nous et pour vous. Face aux échéances électorales, vous allez être garants de la pérennité de notre existence. Cette agence est donc autant la vôtre et nous espérons que vous en prendrez soin demain. »
Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat au Numérique, a poursuivi : « On n’est pas une agence parisienne, car on a la conviction que la révolution numérique, c’est aussi la richesse des territoires qui nous permettra de réussir. C’est ce qui fait la spécificité de notre pays, avec des acteurs profondément ancrés sur des territoires et qui veulent se servir de l’innovation pour montrer une nouvelle identité dans ce nouveau monde. »
Ce sera donc l’agilité et la souplesse qui primera au service des usages. « Tout le monde doit se parler, c’est cela le secret de cet alliage entre les trois missions de l’Agence du Numérique. » Elle serait ainsi une manière nouvelle de faire l’action publique, tout en luttant contre la tentation technocratique… D’où peut-être ce logo au « E » inversé pour renverser les habitudes de l’Etat.
On en est loin, même si on peut s’étonner de ce calendrier si étrange pour évoquer cette « grande » Agence (février 2015, juillet 2015, juin 2016…) du Numérique, dédiée à un sujet aussi majeur pour notre pays. De même, on peut encore être surpris de ne pas trouver de « mot » ou de « mini-portrait » de son directeur (Antoine Darodes) dans la plaquette de présentation générale remise en fin de soirée, alors que chaque membre du Comité d’orientation y trouve place. Quant à son site internet…