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Chez Ceva Santé Animale, des projets pragmatiques pour faire passer le numérique à l’échelle

Jean-Marcel Ciet en charge de la transformation digitale pour Ceva Santé Animale

Bénéfique pour les clients, les collaborateurs, le business et l’attractivité, la transformation digitale au sein de Ceva Santé Animale a été initiée pendant la période Covid à partir des besoins métiers. Basée à Libourne en Gironde, l’entreprise qui emploie 7000 salariés et réalise 1,6 milliard de chiffre d’affaires, fabrique des vaccins ainsi que des produits pharmaceutiques traditionnels de traitement pour les espèces animales. Dans la continuité du diner-débat organisé par Alliancy à Bordeaux, rencontre avec Jean-Marcel Ciet, en charge de la transformation digitale pour Ceva Santé Animale.

A quel moment le sujet de la transformation numérique s’est-il imposé au sein de Ceva Santé Animale ? 

Nous avons démarré pendant le Covid, au cours du printemps 2020, à un moment où les déplacements n’étaient plus possibles. Nous avons saisi cette opportunité et identifié une quinzaine de projets digitaux portés par les métiers. A titre d’exemple, nous avons lancé les smart glasses, à savoir des lunettes connectées que nous fournissons à des vétérinaires de terrain pour leur permettre de faire de l’analyse à distance avec nos vétérinaires experts au siège à Libourne. Donc, au printemps 2020, nous initions un portefeuille de projets et, au cours de l’été 2020, le directeur général de Ceva me confie la mission de monter une direction pour formaliser plus globalement une stratégie de transformation numérique. L’équipe transformation est très transverse et aujourd’hui composée d’environ 130 personnes, avec des profils techniques et des chefs de projets ou de produits qui portent les projets de transformation digitale. 

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Comment envisagez-vous le digital chez Ceva ?

Notre approche est très pragmatique sur la transformation digitale. Elle est un moyen de servir une ambition, une stratégie, et non une fin en soi. Cela signifie que le départ de la réflexion doit être un enjeu business, c’est pourquoi la plupart des projets de transformation digitale sont portés par les métiers. Il s’agit donc de poser concrètement le problème à résoudre et à partir de là, le digital est un moyen d’y arriver avec des technologies qui existent et sont matures. La complexité n’est pas tant de savoir si j’y arriverai technologiquement mais si je me pose les bonnes questions, et ensuite, j’amène les éléments technologiques pour y répondre simplement. Nous consacrons en moyenne une dizaine de millions d’euros par an à de l’investissement sur les sujets d’IA, de digital, d’informatique au sens large et quelques dizaines de millions d’euros en dépenses opérationnelles sur ces sujets. 

Quels sont les gains liés à la transformation numérique pour l’entreprise ? 

Pour reprendre l’exemple des lunettes, nous apportons avec cet outil une solution moderne et rapide pour répondre à la problématique de nos clients. Nous améliorons, dans le même temps, l’expérience de nos salariés, c’est-dire que nos experts qui passaient 250 jours par an dans des élevages du monde entier et ne réalisaient que plusieurs dizaines d’interventions chaque année, se sont mis à en faire 4 ou 5 par jour. Nous améliorons au passage la santé de la planète. Mais il y a aussi un gain business évident. Nous avons un autre sujet que nous avons beaucoup accéléré à l’époque du Covid, c’est la transformation de notre modèle autour du BtoC. « Historiquement, notre activité était principalement orientée BtoB, travaillant principalement avec des entreprises, des distributeurs et, bien entendu, avec nos partenaires vétérinaires. Nous continuons à vendre nos produits aux vétérinaires, qui restent nos prescripteurs numéro un. Cependant, il est devenu essentiel de se rapprocher de nos clients finaux. Avec le Covid, nous avons développé tout un écosystème de sites internet avec une expérience de vente en ligne. C’est un modèle complètement nouveau pour nous puisqu’il faut exploiter ces sites, générer du trafic, convertir le trafic, animer la communauté de clients. Cette stratégie ne concerne que les produits sans prescription, et même pour ces derniers, le vétérinaire reste un partenaire de choix. En développant l’e-commerce, nous complétons notre approche sans remplacer notre réseau de vétérinaires. Cela nous permet de mieux connaitre les attentes du consommateur et d’acquérir de la donnée. Cette nouvelle brique renforce notre offre globale, sans remettre en question notre collaboration avec les vétérinaires, qui reste fondamentale. »

Qu’est-ce qui vous guide dans votre stratégie de transformation numérique ? 

La transformation digitale vise trois objectifs. Elle doit être bénéfique pour nos clients. Elle doit aussi servir l’innovation, et donc nos équipes de R&D autour notamment de la bio-informatique. Comment le digital et l’IA peuvent changer la manière dont nous développons et concevons les nouveaux produits ? Le troisième axe vise nos collaborateurs pour répondre à cette question : comment nous digitalisons nos process et nos activités pour gagner en efficacité et en expérience ? Sur ce troisième volet, nous avons notamment lancé un projet de digitalisation complète de notre laboratoire de contrôle qualité à Laval en Mayenne pour gagner entre 20 et 25 % de productivité. Cela nous a permis de régler un sujet de compétitivité mais aussi dans le même temps d’attractivité. Le patron du laboratoire qui a été recruté nous a précisément rejoint pour ce projet.

Vous avez souligné les réussites, voyez-vous des limites à cette transformation digitale ? 

Il y a un facteur limitant de mon point de vue. Aujourd’hui, nous réussissons à amener de la valeur sur des cas d’usages liés à un site, une équipe, un équipement. La difficulté, c’est en revanche de passer à l’échelle de l’entreprise. Cela nécessite de capter beaucoup de données et de faire en sorte que ces données soient harmonisées pour créer des algorithmes. Nous y travaillons.

Quel vous semble être le bon sujet à aborder pour une ETI en matière de transformation numérique ?

Je pense que le cas de l’IA générative parle beaucoup aux ETI dans la mesure où il s’agit d’une technologie très accessible qui nécessite très peu d’investissement et peut constituer un accélérateur. Au niveau de Ceva, nous testons l’IA générative avec 200 salariés et le gain de temps est considérable pour de la synthèse de réunion, par exemple. Mais nous voulons prendre le temps de formaliser les règles pour éviter les biais. 

Quel est votre rapport à l’écosystème local ? 

Nous échangeons avec les ETI au travers du Club des ETI Nouvelle-Aquitaine, dont Marc Prikazsky directeur général de Ceva, est président et nous travaillons avec plusieurs d’entre elles. Serma est un bon exemple puisqu’elle intervient sur le volet cybersécurité dont nous n’avons pas encore parlé, or nous avons été victime d’une attaque en octobre 2020. Nous abordons ce sujet de deux manières, avec, d’un côté, la sensibilisation des collaborateurs et la mise en place notamment de faux fishing tous les mois, de l’autre, des sujets techniques. En l’occurrence, pour opérer notre Security Operations Centers (SOC), la solution de facilité aurait été de faire appel à de gros acteurs nationaux ou internationaux, mais nous avons fait le choix de Serma près de Bordeaux avec qui nous grandissons. Nous sommes ravis d’avoir fait ce choix et je crois qu’il faut continuer à pousser ces messages pour les entreprises de la région y compris les grands groupes qui ont des sites en Nouvelle-Aquitaine. 

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