A l’occasion du lancement des Challenges Big Data français, dans les locaux flambants neufs du pôle de compétitivité Cap Digital et en présence d’Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du numérique, Axa et Pôle Emploi ont souhaité témoigner de leurs engagement en faveur de l’open innovation.
« Ce lancement des Challenges Big Data au sein d’un pôle de compétitivité et de transformation numérique comme Cap Digital est un beau symbole » a fait remarquer lors de la soirée du 2 décembre Stéphane Distinguin, président de Cap Digital. Dans ses nouveaux locaux du 10e arrondissement, le pôle accueillait la secrétaire d’Etat en charge du numérique, Axelle Lemaire, mais également Véronique Weill, directrice des opérations du groupe Axa et Carole Leclerc, directrice adjointe en charge de l’innovation chez Pôle Emploi. Les deux organisations sont en effet parmi les premières à jouer le jeu des Challenges Big Data.
Ceux-ci font suite aux appels à manifestations d’intérêt lancés début 2014 dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir (PIA) et de la stratégie « Cœur de filière numérique » de l’Etat. L’objectif est simple : permettre à de grandes organisations, privées comme publiques, de coopérer avec start-up et PME innovantes pour faire émerger des offres et services s’appuyant sur les nouveaux usages de la donnée. Le schéma est connu : grands comptes et institutionnels dispose en effet de beaucoup de data mais ont bien souvent besoin d’un regard extérieur et d’agilité pour les exploiter de façon originale ; à l’inverse, les entreprises plus modestes manquent cruellement d’accès à des dynamiques, moyens et réseaux industriels pour se développer. Le Big Data pourrait être l’occasion de cette rencontre.
Changer toute la chaine de valeur des entreprises
Au total, ce sont près de 55 projets qui devraient être lancés dans les mois à venir. Tous seront menés à plusieurs mains, avec des objectifs de « go-to-market » concrets. Cap Digital, mais également les pôles Systematic et Finance & Innovation en animeront une partie, avec des partenaires comme OVH, Teralab, la start-up Dataiku, ou encore le CNES et Etalab.
AU côté du groupe Laposte, Les Echos, Bouygues et CDC Propriété Intellectuelle, Axa et Pôle Emploi sont parmi les premiers sponsors à s’être positionnés pour participer à cette dynamique d’innovation ouverte. « Nous sommes en train de changer notre manière de faire le business dans notre secteur » a souligné Véronique Weill pour Axa. « Il faut aller beaucoup plus loin que le développement de nouvelles applications mobiles : c’est toute la chaine de valeur de l’entreprise qui doit se tourner vers le client ». A ce titre, l’assureur va investir environ 800 millions d’euros sur 3 ans pour favoriser l’émergence de nouveaux usages technologiques et des données pour ses services. « Par définition, l’assurance est une industrie de la donnée » a rappelé la directrice des opération d’Axa « Reste à veiller à l’alignement des intérêts entre l’entreprise et les clients, le tout dans le cadre réglementaire approprié ». Axa situe ainsi sa participation aux Challenges Big Data dans la lignée de la création de son Data Assurance Lab à Suresnes, de la naissance de son Axa Lab à San Francisco ou encore de son fonds d’investissement dans les start-up, Axa Seed Factory, doté de 10 millions d’euros.
Même combat chez Pôle Emploi. Après, avoir mis en place une plateforme d’innovation interne en 2013, l’organisme s’est doté cette année d’un Lab dédié à l’innovation ouverte. « L’enjeu est de permettre la conception agile de moyens et de services supplémentaires qui soient utiles aux demandeurs d’emploi » résume Carole Leclerc. En 2015, Pôle Emploi orientera sa participation aux Challenges Big Data vers la création de plateformes mobiles ouvertes permettant à des développeurs de tout horizon de créer des applications et services à partir de la quantité phénoménale de données à disposition de l’établissement public.
« Magna Data » à la française
« La France peut devenir n°1 du Big Data grâce à ses talents, mais il faut aller plus loin que nos atouts en termes de formation » a pour sa part plaidé Axelle Lemaire avant de s’éclipser pour rejoindre le dîner d’Etat donné à l’Elysée en l’honneur du Roi Carl XVI Gustaf et de la Reine Silvia de Suède. La responsable politique a appelé les grands groupes à s’ouvrir toujours plus à l’innovation issue des start-up, pour anticiper les disruptions de leurs marchés et inventer de nouveaux modèles d’affaires.
Des démarches d’innovation ouverte qui doivent concerner les sujets technologiques mais aussi les processus d’achat ou de financements. « Cette collaboration est pour l’heure insuffisante en France » a tranché Axelle Lemaire. Celle-ci a par ailleurs encouragé les acteurs français à utiliser leurs propres mots et concepts pour porter l’innovation plutôt que de reprendre telles quelles les terminologies anglaises. Epinglant la proximité inappropriée entre « Big Data » et « Big Brother », la secrétaire d’Etat a plaidé pour l’emploi du terme « Magna Data », en l’honneur de la « Magna Carta [Grande Charte, ndlr] née il y a tout juste 800 ans et qui a consacré le droit aux libertés individuelles ».
Au-delà du fait que la Magna Carta elle-même fasse avant tout partie de l’histoire de l’Angleterre, il parait malheureusement difficile d’envisager que le terme entre aujourd’hui dans les usages, alors que celui de « Big Data » bénéficie déjà d’un abondant marketing. Ces « Challenges Big Data » seront cependant l’occasion de montrer si les acteurs Français sont capables de développer des approches originales et innovantes de la donnée pour rendre de meilleurs services à leurs clients et utilisateurs, dès 2015. Et ce, quels que soient les mots employés.