La tech française – dans son sens le plus large – a besoin des femmes. Les arguments, qu’ils soient éthiques ou économiques, ne manquent pas. Et pourtant, la réalité sur le terrain reste sinistre, année après année. Alors que faire pour bouger les lignes et provoquer de véritables changements opérationnels ? Alliancy laisse la parole à 14 femmes, d’horizons et de parcours divers, qui ont chacune accepté de partager une proposition clé à mettre en œuvre en France dès 2020.
> A lire : Cet article fait partie du dossier « Femmes dans la tech : une voie ouvert à toutes ».
« Basée sur mon observation personnelle, les femmes sont aujourd'hui de plus en plus attirée par les entreprises à impact (social ou environnemental) et cherchent à avoir du sens dans leur travail. Mettons en avant l'impact positif des entreprises tech pour attirer plus de femmes. »
« Créer des sessions d’innovation incluant l’ensemble des fonctions de l’entreprise pour la recherche commune de solutions satisfaisantes pour nos clients. Ce qui passe par un travail collaboratif où chaque membre du groupe s’engage à la réalisation d’un objectif concret tout en étant le back-up d’un(e) autre en termes de compétences, de disponibilités temporelles et de capacité à faciliter les complémentarités. Le développement de l’entreprise est dans ce cadre au cœur de la responsabilité et de l’enrichissement de chacun(e). Il permet d'éviter les biais du paternalisme et les cycles de destructions créatrices recherchés dans les organisations stimulant la compétition entre collaborateurs au mépris de la création de valeur de l’entreprise. »
« Il faut des femmes et des hommes « seniors » très influents pour encadrer les universitaires/entrepreneuses en plein essor, afin de les présenter à leur réseau et de créer des groupes de discussion avec d'autres pairs pour s'entraider ! »
« Proposons à tous les dirigeant(e)s de fonds de VC de tester leurs biais inconscients qui pénalisent les femmes et les minorités non-blanches sur Projet Implicit. Nous sommes toutes et tous biaisé(e)s dans nos recrutements et dans nos investissements. Ces biais sont la cause de près de 40% du funding gap (étude Columbia University). Le savoir permet de prendre conscience de nos responsabilités individuelles puis collectives dans la sous-représentation de plus de 50% de l'humanité dans la tech. »
« Je pense que pour changer la donne, il faudrait que des femmes de la tech aillent faire des mini-conférences dans les lycées et les universités pour présenter aux élèves de terminale et aux étudiants en licence l’écosystème des startups en insistant sur le fait que les femmes y ont leur place. Il pourrait aussi y avoir, dans les incubateurs, les pépinières et les accélérateurs, une offre de stages de découverte pendant les vacances pour les futures femmes de la tech. »
« Si l’on veut des mesures actionnables rapidement, je recommande de montrer – aux femmes et aux hommes - que c’est possible !!! En présentant des rôles modèles, proches de nous, dont les parcours professionnelles pourront être inspirants et projectifs.
Les grandes figures iconiques de la Silicon Valley nous font rêver, mais elles semblent trop inaccessibles. Il faut renforcer la mise en valeur des femmes talentueuses, notamment des entrepreneuses, de la French Tech et des patrons éclairés qui savent créer des équipes mixtes et en retirer le plein potentiel. Du côté des hommes : montrer des hommes qui ont des équipes mixtes et qui expriment les bénéfices d’avoir des équipes diversifiées. Du côté des femmes : montrer des femmes qui réussissent dans la tech et s’épanouissent dans vies professionnelle et personnelle. »
« Les intervenants tech présents au lycée ou dans les études supérieures sont souvent masculins. Démocratiser l'accès à la tech pour les femmes passe par une plus grande représentation féminine au plus tôt. La possibilité pour les femmes d'avoir des modèles visibles permet de se rendre compte qu'elles ne sont pas seules et que c'est possible. »
« Une action simple et efficace serait de modifier l'ensemble des manuels scolaires pour que les représentations scientifiques (personnages historiques ou mises en scène fictives), soient tout autant incarnés par des personnages féminins que masculins. Ceci afin de lutter contre l’autocensure et les stéréotypes « éducationnels » qui sévissent auprès des jeunes filles (et il en va de même pour les jeunes garçons mais dans d'autres domaines). Celles-ci assimilent ces biais tout au long de l'enfance et ont par la suite des difficultés à se projeter dans des carrières scientifiques, et a fortiori dans la tech. »
« La formation est le nerf de la guerre pour promouvoir la mixité en entreprise et dans la tech. Il est crucial d'inspirer les filles et leur montrer l'étendue du champ des possibles dès le plus jeune âge.
Pourquoi pas par exemple organiser des ateliers tech pour les jeunes filles, qui pourraient exprimer leur potentiel dans un environnement plus libre ? Et pour plus de mixité, il faut combattre les préjugés et créer des espaces de discussion mixtes pour ne pas faire de ségrégation de genre. »
« Pour favoriser l'inclusion des femmes dans les métiers de la programmation, une fois par an, CodinGame ouvre les portes de sa plate-forme de jeux à une équipe exclusivement féminine de développeuses chargées de créer un challenge de code à grande échelle basé sur la création d'un jeu d'intelligence artificielle. L'événement est publié sur la plate-forme pendant deux semaines et des milliers de programmeurs passionnés à travers le monde y prennent part. Une façon ludique de mettre en lumière les compétences des développeuses et leur talent. Par manque de moyens, la généralisation des cours de programmation à l’école reste très minoritairement prise en charge. Pourquoi ne pas mettre en œuvre des programmes de partenariats avec des associations comme Duchesse France pour faire intervenir des intervenantes extérieures et bénévoles, développeuses de métier, qui pourraient animer des séances d’une heure pour parler de leur métier et proposer de petits ateliers ludiques d’initiation à la programmation par le jeu. »
« Disons aux femmes de suivre leurs instincts, leurs goûts et caractère, plutôt que de considérer leurs choix à l'aune de leur genre. Il faut impérativement promouvoir les modèles féminins. Une mesure pour aller dans ce sens serait d’intégrer un module de sensibilisation pour les étudiant(e)s et potentiel(le)s étudiant(e)s présentant aux femmes qui ont fait et qui font la Tech dans toutes les écoles. Certaines écoles comme 42 le font déjà, l’idée est de généraliser ça pour que systématiquement aucun étudiant / aucune étudiante de la filière n’ignore le rôle des femmes pour changer la perception générale. Pour aller plus loin dans cette idée, des modules de formation pourraient être mis en place auprès des enseignants voire même des conseillers d’orientation au lycée. Ces modules de formation permettraient de lutter contre les stéréotypes au niveau de l’enseignement dès le lycée qui va ensuite guider les lycéens dans leurs choix d’orientation professionnelle.
« L'asymétrie congé maternité/paternité est une grande source d'inégalité femme/homme dans l'entreprise. C'est particulièrement vrai dans la tech où il y a une forte concentration de jeunes trentenaires, âge où justement les couples ont des enfants. Nous proposons une égalité stricte entre ces deux formes de congés pour que les entreprises aient le sentiment de prendre le même risque à l'embauche d'une femme ou d'un homme. »
« Le numérique propose une multitude de métiers d’avenir avec un fort besoin de recrutement de la part des entreprises. Il est donc essentiel de sensibiliser à nos métiers les femmes en valorisant les formations mises en place. A titre d’exemple, Exakis Nelite a récemment ouvert une école IA sur Lyon, en partenariat avec Microsoft et basée sur l’inclusion, proposant un effectif d’au moins 30% de femmes par promotion. Cette école, accessible aux personnes en reconversion professionnelle, s’inscrit dans une réelle volonté de notre part de démocratiser l’Intelligence Artificielle et d’ouvrir le plus possible ces formations aux femmes ».
« On ne le dit jamais assez, mais rien de tel que d’être « plus fortes ensemble ». C’est ma conviction et mon conseil : intégrer le réseau de femmes qui vous convient, que ce soit pour créer son entreprise (bouge ta boîte, Action’elles, Girls in Tech, StartHer…) dans le numérique ou pas ; pour se mobiliser pour sa communauté (Cercle InterElles, Elles Bougent, Femmes Ingénieurs, Grandes Ecoles au féminin/GEF), mais également s’entraider (Force Femmes, Initiative France…). A noter également des associations sectorielles comme Wave (automobile), Financi’elles (finance et assurance), CEW (cosmétique) ou Industrielles (industrie)… Pensez-y, tous ces réseaux sont de plus en plus un vivier pour recruteurs et chasseurs de tête.
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