À la frontière entre les données financières et extra-financières, les Chief Value Officers ont pour mission de mettre en avant la création de valeur économique, sociale et environnementale de leur entreprise, dans une démarche de performance globale.
Confrontés à des attentes de plus en plus fortes en termes de mesure de la performance sociale et environnementale de leur entreprise, les directeurs financiers se transforment de plus en plus souvent en Chief Value Officers (CVO). Dans ce rôle, ils ont la responsabilité du pilotage intégré de la création de valeur de leur organisation, dans toutes ses dimensions, c’est-à-dire économiques, sociales et environnementales.
Dépassant l’information financière classique, les Chief Value Officers raisonnent alors en mode « multi-critères » et « multi-capital », l’approche multi-capital correspondant notamment au capital humain, social, naturel, voire intellectuel, de l’entreprise.
Une logique de performance globale
Dans une logique de « performance globale » de l’entreprise, les Chief Value Officers prennent en considération de multiples critères allant au-delà des traditionnels indicateurs financiers (chiffre d’affaires, ROI, cash-flow, rentabilité, etc.). Ils prennent notamment en compte la diminution des émissions de CO2 ou de la consommation d’eau, la préservation de certaines espèces et donc de la biodiversité, l’égalité homme / femme, le respect des droits humains…
Ils tiennent également compte de ce qui se passe en dehors de l’entreprise, à travers l’impact qu’elle peut avoir via ses fournisseurs ou ses clients. Cette phase est la plupart du temps complexe, car obtenir des informations extra-financières de ses fournisseurs n’est pas chose aisée.
Sur le volet environnemental de leur action, la plupart des Chief Value Officers ont en tête les neuf limites planétaires définies par les chercheurs du Stockholm Resilience Center en 2009 (le changement climatique, l’acidification des océans, l’appauvrissement de l’ozone stratosphérique, la perturbation du cycle de l’azote et du phosphore, l’utilisation mondiale de l’eau, le changement d’utilisation des sols, l’érosion de la biodiversité, l’augmentation des aérosols dans l’atmosphère et l’introduction d’entités nouvelles dans la biosphère).
Les indicateurs environnementaux produits par les Chief Value Officers tentent de mesurer en quoi les activités de l’entreprise contribuent au non-dépassement de ces limites planétaires. Sur la partie sociale, ce sont plutôt les textes fondamentaux des Nations-Unies et de l’OIT (Organisation Internationale du Travail) qui font référence.
Vers une harmonisation européenne des indicateurs
Le travail des Chief Value Officers concerne aujourd’hui un domaine dans lequel de très nombreux indicateurs – issus de multiples expérimentations – sont régulièrement créés. Au niveau européen, une démarche de normalisation est en cours, notamment grâce aux travaux de l’EFRAG (European Financial Reporting Advisory Group).
Ce groupe consultatif européen sur l’information financière a été chargé en 2020 par la Commission européenne d’élaborer des normes communes d’informations extra-financières. L’EFRAG a ainsi présenté en novembre dernier 12 normes de durabilité qui devraient être progressivement adoptées et mises en œuvre en 2023. Autant de normes qui trouveront leur place dans le cadre de la directive « CSRD » (Corporate Sustainability Reporting Directive) qui s’appliquera par étapes à compter du mois de janvier 2024.
Il faut également citer les travaux de l’ISSB (International Sustainability Standards Board), organisme de normalisation qui a vu le jour en 2021 dans le cadre de la Fondation IFRS. Son mandat est de créer des normes relatives au développement durable. La démarche de l’ISSB vise à informer les investisseurs des risques extra-financiers liés au dérèglement climatique.
Un rôle global, pour une action systémique
Au quotidien, les Chief Value Officers travaillent avec toutes les autres directions de l’entreprise, notamment la direction du développement durable et la DRH. Leurs actions ont en effet des impacts systémiques sur l’ensemble des composantes de l’entreprise, que ce soient les collaborateurs et leur niveau de formation, la gestion des stocks, la production ou le système d’information et les données qu’il permet d’analyser.
Il existe de nombreuses façons de devenir Chief Value Officer. L’école supérieure de commerce Audencia a lancé un « Executive Master Chief Value Officer ». Il s’agit d’une formation diplômante triplement accréditée (EQUIS, AACSB et AMBA) qui revendique le statut de « première formation dédiée à la transformation des métiers de la mesure, de la performance globale, du contrôle et de l’audit afin de les faire passer dans le monde multi-capitaux ».
« Ce programme a été pour moi une véritable révélation. Après 20 ans dans la finance, l’Executive Master CVO a ravivé ma passion pour ce domaine. Il y a encore beaucoup à apprendre et à mettre en œuvre, et nous ne sommes que sur la partie émergée de l’iceberg. Le rôle de la finance dans une organisation est transformé par les réalités mondiales. Les risques auxquels nous serons confrontés dans les années à venir ne sont pas seulement des risques d’entreprise, mais aussi de véritables risques humains, ce qui nous donne une véritable raison d’être dans nos rôles d’entreprise », témoigne Ali Hassan, Chief Financial Officer, DMI, Professional Products Division chez L’Oréal, diplômé de la promotion 2023 de l’Executive Master CVO d’Audencia.