Emmanuel Macron reçoit ce jour plus de 200 grands patrons de multinationales étrangères au château de Versailles pour la sixième édition de Choose France. 13 milliards d’euros d’investissements industriels sont annoncés. Au total, 28 projets devraient permettre la création de 8 000 emplois.
Au fur et à mesure des années, cet événement est devenu un rendez-vous incontournable dans l’agenda des investisseurs internationaux, estime l’Elysée qui y voit dans cette journée Choose France (lancé par Emmanuel Macron en 2018), la matérialisation du succès de sa politique pour faire baisser le coût du travail et réindustrialiser le pays, tout en accélérant la transition écologique.
L’exécutif compte mettre aussi en exergue des mesures contenues dans le projet de loi « Industrie verte », présenté demain en Conseil des ministres, comme l’accélération des procédures d’autorisation pour les implantations de sites industriels ou la préparation de 50 sites clés en main pré-aménagés.
Cette année, sur quelque 400 invités reçus sous les ors du château de Versailles, 206 patrons de multinationales ont confirmé qu’ils feraient le déplacement, dont la moitié y participera pour la première fois.
Les patrons étrangers présents seront pour moitié Européens, à 20 % Nord-Américains et à 15 % Asiatiques. Parmi eux, Elon Musk, patron de Tesla et SpaceX et actionnaire majoritaire de Twitter, qui déjeunera avec Bruno Le Maire en marge de ce sommet. Le ministre des Finances a d’ailleurs déclaré sur BFMTV-RMC que des « négociations étaient en cours », la venue du deuxième homme le plus riche du monde pour ce sommet constituant, selon lui, « un signal très fort », ajoutant que tous les investissements qui se font aujourd’hui sont le fruit de mois, voire d’années de négociations. »
Elon Musk attendu à Versailles: "Il y a des mois de travail et de négociations derrière" affirme @BrunoLeMaire pic.twitter.com/RS8F1mnlxr
— BFMTV (@BFMTV) May 15, 2023
A noter que le plus important des projets annoncés cette année a d’ores et déjà été dévoilé par Emmanuel Macron vendredi dernier lors de son déplacement à Dunkerque : 5,2 milliards d’euros pour une gigafactory de batteries de nouvelle génération du taïwanais ProLogium, avec 3 000 emplois à la clé. Dans la même ville, le chinois XTC construira également avec le français Orano une usine de composants et de recyclage de batteries pour 1,5 milliard d’euros.
Autre projet phare, l’implantation à Sarreguemines (Moselle) d’une usine de panneaux photovoltaïques par Holosolis, une émanation du groupe européen Innoenergy, pour 710 millions d’euros, représentant 1.700 emplois. « Pendant des années, on a subventionné des panneaux photovoltaïques qui étaient faits au bout du monde, là on va avoir des panneaux photovoltaïques Made in France », s’est félicité dimanche sur franceinfo le ministre de l’Industrie Roland Lescure.
De même, si on manque de médicaments en France, c’est parce que « pendant une vingtaine d’années, on a été naïfs. On pensait que si les médicaments étaient produits au bout du monde dans un seul endroit, tout se passerait bien. » « Avec François Braun, on a décidé que le cas par cas, ça allait cinq minutes et qu’il fallait avoir une approche stratégique. On est en train d’identifier une quarantaine de médicaments critiques pour traiter des maladies importantes, cancer, maladies cardiaques, antiépileptiques », a notamment, expliqué Roland Lescure (voir lien ci-dessous).
Pour cette quarantaine de médicaments, « une stratégie de ré-industrialisation en France, soit d’accès à des sources diversifiées en Europe va être mise en place. On va s’assurer qu’on puisse faire face aux crises. Par exemple pour le paracétamol, on est en train de relocaliser le principe actif. D’ici deux à trois ans, on l’aura en Isère. »
Dans l’énergie également, la start-up Newcleo annonce 3 milliards d’investissements sur la période 2025-2030 pour développer un petit réacteur modulaire de type SMR. Créée à Londres par des Italiens, et installée à Lyon depuis juin 2022, Newcleo compte y développer son concept de mini-réacteur nucléaire nouvelle génération utilisant du combustible recyclé. L’entreprise envisage de nouer des partenariats techniques et des collaborations commerciales avec une vingtaine d’entreprises françaises, dont EDF, le CEA et Framatome.
Parmi les autres projets, Ikea, le géant suédois de l’ameublement, annonce 906 millions d’euros d’investissements en France d’ici 2026, dont la création d’un centre logistique près de Toulouse (sud de la France) et un autre dans le futur en région parisienne.
Dans le secteur pharmaceutique, Pfizer injecte, comme l’an passé, 500 millions d’euros d’investissements supplémentaires jusqu’en 2026. L’américain explique dans un communiqué que grâce à ce nouvel investissement, il va « renforcer les capacités en matière d’essais cliniques en oncologie et de recherche traditionnelle », soit donc toujours sans construire d’usine.
De son côté, le britannique GSK annonce 240 millions d’investissements sur ses trois unités de production à Evreux (nord-ouest), Mayenne (ouest) et Saint-Amand-les-Eaux (nord de la France) et plus de 150 millions pour la R&D.
Les investissements présentés dans le cadre de « Choose France » ne représentent toutefois qu’une petite part des investissements directs étrangers (IDE) réalisés chaque année dans l’hexagone. Selon l’agence Business France, 1 725 projets à capitaux majoritairement étrangers se sont implantés sur le territoire l’an dernier.
Avec une méthodologie différente, le cabinet EY en a recensé 1 259 (+3% par rapport à 2021), également en 2022, faisant de la France le pays le plus attractif en Europe pour les investisseurs étrangers en nombre de projets pour la quatrième année consécutive. Ce record historique est loin d’être anecdotique au regard du poids des entreprises à capitaux étrangers dans l’économie française puisqu’elles sont 16 800 (soit 1 % du total), emploient 2,2 millions de personnes (13 % de l’emploi salarié) et contribuent à environ 20 % du PIB, 25 % de la R&D privée et 35 % des exportations industrielles. La France creuse l’écart avec ses deux concurrents historiques que sont le Royaume-Uni (929, -6%) et l’Allemagne (832 projets, -1%).
Dans le secteur manufacturier, avec 547 projets, la France reste la première destination pour les implantations et extensions d’usines, très loin devant ses deux poursuivants que sont la Turquie (256 projets) et le Royaume-Uni (175 projets).
Le montant total des investissements n’est calculé ni par Business France, ni par EY. Mais la Conférence des nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), dont les derniers chiffres publiés sont ceux de 2021, plaçait cette année-là la France loin du podium, à la sixième place en Europe avec 14 milliards de dollars d’IDE. « De même, l’Hexagone demeure encore loin du compte sur l’emploi », modère le cabinet EY dans son étude annuelle. D’après son baromètre, « les investissements étrangers créent moins d’emplois en France (33 par projet) que dans le reste des principaux pays d’accueil des investissements étrangers en Europe (58 en Allemagne, 59 au Royaume-Uni). »
De nouveaux lauréats « Première usine » à l’honneur
13 nouveaux projets de premières usines, dont 70% hors d’Ile-de-France, destinées à des productions innovantes viennent d’être soutenus par le gouvernement à hauteur de 57 millions d’euros. Ils représentent un montant de 236 millions d’euros d’investissement productif et 1 160 emplois créés dans les territoires. Depuis 2022, 31 lauréats de l’appel à projets Première Usine s’implantent sur le territoire en totalisant 703 millions d’euros d’investissement productif.