Réussir une innovation c’est la conjonction de plusieurs facteurs et pas seulement des départements de R&D et Innovation. Il est essentiel que les ingénieurs, les financiers, les managers et la DG parviennent à une vision convergente et puissent mettre des moyens efficients en œuvre. Et à ce cocktail, n’oublions pas le facteur humain.
Une priorité nationale
Dans le rapport sur l’innovation remis au gouvernement en octobre, plusieurs axes de travail ont été préconisés et le gouvernement a notamment retenu celui de développer une culture de l’innovation.
Culturellement, nous savons inventer, nous avons toujours eu un nombre important de brevets, bien qu’aujourd’hui la concurrence soit dure, mais nous avons du mal à les valoriser et souvent les talents partent dans d’autres pays et les brevets sont commercialisés ailleurs !
La culture d’entreprise : handicap ou levier
Nous détenons culturellement des ressources, mais aussi de gros freins à l’innovation : nous sommes embourbés dans la quête de la perfection, la peur du risque et de l’échec… la dévalorisation de l’entrepreneuriat versus d’autres métiers, et la difficulté à financer l’innovation. Et bien d’autres choses encore. Pour optimiser l’innovation dans nos entreprises, il devient alors essentiel d’installer une culture d’innovation, ce qui signifie faire évoluer l’existante, composer avec ses atouts et transformer ses paradoxes.
L’innovation est devenue une priorité nationale et c’est une excellente nouvelle, la question est de savoir si nous en avons les moyens. Et pas uniquement financiers. Bien entendu, le financement de l’innovation est primordial, mais nous mettons l’accent également sur la partie humaine dans les organisations. Car cette dernière participe à sa réalisation ou peut à l’inverse être un frein notoire.
Des exemples contre-productifs
Sans les citer, mentionnons cette entreprise dans les métiers de l’électricité se débattant parmi des injonctions paradoxales : d’un côté, innover davantage, booster la créativité, penser « out of the box » et, de l’autre, respecter des contraintes et processus créaticides.
Ou cette autre : prenant une place de leader avec une première innovation, mais avec une culture fuyant la prise de risques, elle n’avait pas renouvelé ses premiers brevets et s’est vue dépossédée et fragilisée économiquement. Ce qui s’est traduit par des pertes de marché et de sa position de leader. Ou cette autre, subissant les incohérences d’un actionnariat en conflit a licencié son directeur innovation et son directeur production et depuis perd clients et parts de marchés.
Quelques clés humaines de réussite
La réussite d’une innovation repose sur la conjonction d’une vision d’entreprise déclinée en stratégie, la veille, les conditions d’émergence de l’innovation et les modalités de fonctionnements humains compatibles en interne avec la souplesse et l’esprit d’intrapreneuriat requis pour réussir les idées élaborées dans les laboratoires de R&D.
C’est aussi savoir valoriser les différents départements afin de s’enrichir des informations en provenance du marketing, de la R&D ou de la finance ou encore des RH.Un CoDir performant, sachant partager idées et limiter des luttes de pouvoir facilitera les passerelles nécessaires entre les acteurs.
C’est aussi apprendre à écouter et accueillir les idées, informations et propositions venant de tous les horizons et non pas des ayants droit à citer en innovation.
Une innovation est souvent une coconstruction pluridisciplinaire qui implique de ne pas raisonner en ergotages d’experts, mais en combinant les apports parfois incongrus ou contre nature.Et ceci implique de savoir composer avec les ego de chacun, les enjeux de carrières, les territoires et précarrés afin de développer les leviers d’une Intelligence Coopérative sachant concilier les différences et transcender les conflits.
La culture d’entreprise constitue en quelque sorte l’humus qui permet aux graines semées (idées, projets) de se développer et de trouver en interne comme en externe les conditions de leur germination et de leur croissance.