Ingénieur général des mines, Christophe Digne a pris la direction de l’école Télécom SudParis, début janvier.
Ses priorités : l’alternance, l’innovation et l’écosystème.
Mais si ! L’Etat se réforme et encore plus ses élites. Sans bruit, même s’ils ont mis du temps, les grands corps d’application de l’Ecole polytechnique ont fusionné. Leurs écoles, elles, se sont « regroupées ». Tout est dans cette nuance soulignée par Christophe Digne. Depuis le 1er janvier 2013, il dirige l’école d’ingénieurs Télécom SudParis, à Evry (Essonne). Il a été l’un des artisans de cette réforme profonde de la formation de nos ingénieurs. Artisan et même combattant, tellement ce fils d’un officier sorti du rang a l’esprit de service chevillé en lui.
A 46 ans, Christophe Digne a pratiquement consacré toute sa vie professionnelle au service de ses pairs, qu’il s’agisse de leur formation ou du suivi de leur carrière. « J’ai fait depuis longtemps et délibérément le choix du service de l’Etat. En acceptant de gagner moins d’argent. Mais cela ne m’empêche pas d’être conscient de l’importance cruciale de l’activité privée au service du pays. » A la sortie des Télécoms, il va passer huit mois dans une start-up à Santa Barbara, en Californie : « J’en reviens impressionné par la force de l’innovation dans les télécoms tirée par un mix technologies-services. Et par l’importance du leadership pour la dynamique interne d’une entreprise. » Christophe Digne a fait partie du petit groupe de personnes qui ont permis les fusions. Fin 2007, il est devenu secrétaire général du Conseil général des technologies de l’information, au cœur de la fusion des corps et des conseils généraux associés. « En réalité, les esprits étaient mûrs et les choses bien présentées », explique-t-il. Une manière pudique de gommer les difficultés rencontrées au cours des quatre ans passées à mettre en œuvre ces réformes.
Nouvelle formation par alternance
Il avait fallu quelques rapports, de nombreuses commissions et rencontres pour mettre d’accord tous les acteurs, grands anciens et parrains. Et finalement les Ponts et Chaussées se sont regroupés avec les ingénieurs des eaux et forêts, les fameux Igref. Et pris le nom des Ponts, des eaux et forêts. Tandis que les Mines ont fusionné avec les Télécoms… tout en continuant à s’appeler le Corps des mines. Lui-même, issu des Télécoms, est désormais ingénieur du Corps des mines, le corps des soldats de l’industrie et de la régulation. En 2009, Christophe Digne devient chef de la mission de tutelle des écoles. Les écoles qui formaient ces ingénieurs se sont aussi rapprochées. Mais là, le choix a été fait d’une architecture commune avec des spécialisations accrues. C’est une palette de douze écoles spécialisées pour attirer les meilleurs talents dans une compétition devenue internationale (lire encadré page suivante). Et le voilà aux commandes de Télécom SudParis, pour la porter parmi les dix meilleures écoles d’ingénieurs en France (l’an dernier, le magazine L’Etudiant la classait au rang 20 sur 92). L’ancien boursier est fier de favoriser la promotion sociale, comme l’ouverture, en septembre, d’une formation par alternance, qui vient d’être habilitée par la Commission des titres d’ingénieur. Les quinze élèves qui intégreront ce cursus à la rentrée proviennent d’un vivier différent, comme les IUT. Deuxième axe, la création de la Maison de l’innovation des sciences et de la société, à Evry. Ce lieu accueillera, après 2015, des enseignants, des chercheurs et des start-up autour des technologies de l’information. « La notion de grande école vise à articuler une mission et un territoire. Nous avons le devoir d’attirer les talents en France », souligne-t-il. L’école souhaite aussi être plus présente sur le plateau de Saclay, aujourd’hui dans les nanotechnologies, demain dans les technologies de l’information. Un nouveau combat pour les futures élites qui laisse peu de temps à ce père de quatre enfants pour faire du sport ou aller au cinéma, ses rares hobbies.
Une école intégrée à l’Institut Mines-Télécom
Créé le 1er mars 2012, l’Institut Mines-Télécom est le premier groupe d’écoles d’ingénieurs en France. Il forme plus de 12 000 étudiants, dont 1 700 doctorants. Il regroupe quatre écoles de télécoms (dont Télécom SudParis), une de management et les six écoles des Mines (Paris, Nantes, Albi-Carmaux, Saint-Etienne, Alès, Douai), celle de Nancy est dans un « partenariat stratégique ». Il compte, outre son activité d’enseignement, un pôle de recherche et un soutien à l’innovation. A Télécom SudParis, dans la promotion 2011, par exemple, 43 % travaillent dans les technologies de l’information (SSII, éditeurs, industrie) et 36 % dans le conseil et l’audit.
Cet article est extrait du n°2 d’Alliancy le mag – Découvrir l’intégralité du magazine