À l’heure où la plupart des entreprises migrent vers le cloud, la grande question est de savoir comment tirer le meilleur parti de ce nouvel environnement. En se précipitant, le risque est de prendre une décision peu judicieuse et de le payer ensuite très cher.
Le « cloud » n’est pas systématiquement synonyme de mieux, de moins cher, ou de plus innovant. Car s’il est fort probable que vous allez gagner en efficacité, il est également très facile de provisionner des capacités excessives et injustifiées, voire de laisser certains services prendre de l’embonpoint à votre insu parce que programmés pour évoluer automatiquement. Il est également possible d’opter pour des logiciels accessibles « en tant que service » (SaaS), au risque toutefois de se retrouver pieds et poings liés avec leur éditeur et de rencontrer les pires difficultés pour s’en séparer.
Même avec des produits aux attributs flatteurs tels qu’« autonomes » ou « élastiques », le succès n’est pas garanti sur facture. Il convient avant tout de s’assurer que ces services ne vous poussent pas dans une direction que vous n’avez pas envie d’emprunter.
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Il est particulièrement important de bien comprendre ce que recouvrent les différentes options de déploiement en cloud dans le contexte des progiciels de gestion intégrés (ERP), un terrain où les éditeurs présentent la version SaaS de leur plateforme comme une démarche simple et rapide. Avant de suivre la voie de la moindre résistance, étudiez les alternatives.
Utilisez l’approche SaaS lorsqu’elle est logique
Comme nous l’avons suggéré, les logiciels « disponibles sous forme de service » (SaaS) ne présentent pas uniquement des avantages. Déployer et exploiter un ERP pour en faire le « cœur et le cerveau » de l’entreprise est une tâche complexe et fastidieuse. En outre, migrer vers un ERP accessible en tant que service, même sans changer d’éditeur, implique la perte potentielle de plusieurs années de travail en personnalisations et intégrations, et l’abandon des « bonnes pratiques » définies par l’éditeur ou votre l’entreprise.
Pire encore, vous constaterez peut-être que certaines des principales applications de votre ERP, par exemple l’automatisation des opérations en atelier ou la gestion de la chaîne logistique, n’ont pas vraiment d’équivalent dans un environnement SaaS.
Néanmoins, vous pouvez décider que s’agissant des fonctions spécifiques et à fort impact, les avantages l’emportent sur les inconvénients. Et même si vous n’entendez pas migrer la totalité de votre entreprise, un ERP déployé en mode SaaS peut s’avérer intéressant pour une division, une entreprise nouvellement acquise ou des forces de vente distribuées.
Déplacez des applications de confiance
Nombre de nos clients sont relativement satisfaits de l’ERP qu’ils utilisent et préfèrent consacrer leur temps et leurs talents à d’autres applications génératrices de recettes.
Néanmoins, même les entreprises qui estiment ne pas avoir besoin d’une transplantation cardiaque conviendront que de nouveaux muscles ne sont pas superflus ! Elles peuvent commencer à utiliser leur ERP (personnalisations et autres connecteurs compris) sur le cloud avant d’y incorporer progressivement d’autres services. Je ne suis pas d’accord avec les détracteurs du « lift-and-shift », une méthode de migration qui consiste à déplacer un ERP existant vers le cloud sans procéder à une véritable refonte. Par exemple, l’un de nos clients a amélioré ses performances en hébergeant sa suite Oracle E-
Business (EBS) sur le cloud, en partie parce que le fournisseur du service cloud l’a installé sur son serveur le plus récent et le plus efficace. Désormais, ce client ne se préoccupe plus de remplacer ou rajeunir son parc d’équipements, ni de son taux de disponibilité. De plus, la capacité de reprise après sinistre (une fonction jusqu’alors indisponible) va tout simplement de pair avec l’architecture distribuée de son fournisseur de services en cloud.
Appuyez-vous sur une infrastructure mondiale
À moins de travailler pour une entreprise répertoriée au palmarès Fortune 100 qui a lourdement investi dans la réalisation de data centres en cloud et focalisé ces investissements sur des fonctions propices à la compétitivité et à la croissance, vous n’avez aucune chance de réaliser les économies d’échelle et d’acquérir l’expertise du DevOps qui caractérisent des entreprises telles qu’Amazon Web Services (AWS) ou Microsoft Azure. Ensemble, ces deux géants ont dépensé plusieurs milliards de dollars pour créer plus de 200 centres de données répartis dans plus d’une centaine de pays et de régions !
De telles ressources sont bien évidemment hors d’atteindre pour votre entreprise.
Accédez à des ressources en cloud de pointe
Lorsque j’occupais la DSI d’une entreprise, la migration d’applications vers le cloud nous a permis, entre autres avantages, d’utiliser des solutions d’apprentissage automatique (machine learning) pour analyser l’activité des techniciens de terrain dans le but de les déployer avec davantage d’efficacité. Nous n’aurions pu atteindre cet objectif sans recourir à des outils disponibles sur le cloud et grâce auxquels nous avons pu démarrer de façon relativement simple, sans engager d’importants investissements. Mais cette initiative ne nécessitait pas non plus une migration massive.
L’utilisation stratégique du cloud permet de poser les premières questions et de créer des solutions qui, dans d’autres circonstances, seraient restées hors d’atteinte en raison des coûts et des obstacles techniques induits. C’est précisément ce que souligne Datamation dans son rapport intitulé Cloud Computing 2019: Using the Cloud for Competitive Advantage.
Tirer parti de services en cloud avancés s’avère nettement plus pratique lorsque les applications et les données y résident déjà. En d’autres termes, il convient de migrer les applications non seulement sur le cloud, mais surtout sur le « bon » cloud. Microsoft, Amazon et Google consacrent des milliards de dollars à la création d’outils de gestion de données de nouvelle génération, et votre entreprise peut en profiter pour une somme modique. Libérée de l’obligation de commander, d’installer et de configurer des serveurs, quelques minutes suffiront à votre entreprise pour déployer des services de traitement des données à la pointe de la technologie.
Bien argumenter
Le monde de l’entreprise a récemment amorcé un réel virage. Il y a quelques années, il était permis d’exprimer des doutes quant à l’adoption du cloud, et les hauts dirigeants saluaient cette prudence. Aujourd’hui, les DSI qui rechignent à adopter le cloud comme stratégie de modernisation doivent fournir des explications convaincantes. Car « tout le monde » le sait, l’avenir passe par le cloud.
Vous marquerez des points en montrant à votre direction que vous embrassez cette évolution, mais l’état de grâce sera de courte durée si les décisions font plus de mal que de bien à votre entreprise.
En conclusion, il n’est pas nécessaire de « tout » migrer vers le cloud, ni de se précipiter. Choisissez les applications que vous souhaitez déplacer vers le nuage et tirez parti sans attendre des technologies cloud dont l’impact sera positif sur votre entreprise. L’important n’est pas d’adopter une approche 100 % orientée vers le cloud, mais d’opter pour une vision qui privilégie la bonne marche de votre société.