Ingénieurs et techniciens informatiques manquent à l’appel. Attirer les digital natives vers ce secteur implique de repenser la démarche.
Nous le savons, le numérique est un formidable levier de croissance. En 2012, même dans un contexte de crise, il est resté un pôle de création d’emplois important. Mais les ingénieurs et techniciens informatiques ne sont pas faciles à recruter. Pôle Emploi constatait même que la difficulté moyenne des recrutements sur ces métiers est souvent supérieure à 50 %1. Alors que faire ? Comment attirer les jeunes générations vers ces métiers ? Probablement en focalisant davantage les actions engagées sur leurs goûts, leurs centres d’intérêt et leurs motivations.
L’un des éléments de solution est de prendre appui sur le goût des digital natives pour l’informatique. 92 % des 15-24 ans déclarent ne pas pouvoir se passer de leur PC2. Leurs utilisations préférées sont les réseaux sociaux et les jeux. Attirer vers les NTIC, les plus jeunes gagnent donc à prendre appui sur ces médias. Science Factor, qui vise à susciter l’intérêt des lycéens pour les sciences et technologies, est l’une des premières initiatives à avoir été engagée uniquement sur Facebook. Lancée avec le parrainage des ministères de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et Universcience, en partenariat avec Orange, cette opération, qui bénéficie d’une croissance régulière du nombre de fans de 13 à 17 ans, est un exemple de la réceptivité des jeunes à ce type d’approche.
L’enjeu est aussi de parvenir à développer des contenus off et on line en phase avec les centres d’intérêt des jeunes et imitant avec succès les jeux ou les vidéos appréciés par ces générations. C’est le pari du Syntec Numérique avec le lancement récent de la campagne les S’Nums, qui adopte un ton décalé pour promouvoir les métiers du numérique avec, à la fois, un minisite Facebook, une série TV et un social game, croisement habile de Silex and the City et du ton humoristique que l’on retrouve chez des « adulescents », tels que Norman ou Cyprien3. C’est aussi le défi du développement renforcé des serious games, qui inscrivent le goût pour les vidéos dans une démarche éducative et permettent de tirer parti des possibilités pédagogiques issues du numérique.
Le défi est également de renforcer l’attractivité de ces filières. Toutes les études réalisées sur ce sujet confirment l’importance que la génération Y attache aux perspectives d’évolution professionnelle, de formation et à l’équilibre vie professionnelle/vie privée. Des sujets dont l’importance est encore plus marquée chez les jeunes femmes, dont la désaffection pour les NTIC se creuse d’année en année. Ceci renforce la nécessité pour les entreprises de ce secteur de mieux faire connaître et valoriser auprès des jeunes les actions conduites sur ces sujets.
C’est ce que fait Orange qui, depuis plusieurs années, accueille durant une journée des jeunes filles dans le cadre de l’opération Shadowing. C’est aussi ce que fait Microsoft avec Digigirlz, ou encore Cisco avec Connected Girls. Des initiatives telles que celle du Syntec Numérique, avec Femmes du numérique, qui vise à créer des opportunités de rencontres entre lycéennes et rôles modèles, vont également dans la bonne direction.
1 Enquête en besoin de main-d’oeuvre 2012, Pôle Emploi.
2 « Digital natives and PC », Médiamétrie, mars 2012.
3 Norman et Cyprien ont créé des séries vidéos sur YouTube qui font référence aux 15-25 ans.
* Claudine Schmuck est membre de Women in Leadership et de Vox
Femina, et présidente du club e-numérique de Sciences-Po Alumni.