Tiré par le cloud et la cybersécurité, le marché des freelances IT se porte bien

Faire appel à des freelances dans le domaine de l’informatique est devenu monnaie courante dans les entreprises. En 2024, le marché est d’ailleurs en hausse de 20% par rapport à 2023. Une demande tirée par le secteur financier, le luxe et l’industrie pharma en demande d’expertises liées au développement applicatif, à la cybersécurité et au cloud.

Le marché des freelance IT se porte bien, selon l’étude de marché 2024 proposée par Fyte Freelance (Morgan Philips Group). La demande pour ces experts rapidement disponibles et très adaptables est en hausse de 20% par rapport à 2023. « Le marché du freelancing IT continue de bien se porter même si on observe un ralentissement de la croissance de la demande par rapport aux années de sortie de Covid, qui avaient permis des chiffres exceptionnels », confirme Melody Mouzannar, Practice Leader chez Fyte Freelance.

Le recours aux expertises freelance est notamment porté par les secteurs de l’industrie pharmaceutique, de la finance (banques et assurances) et du luxe. Des secteurs en demande d’applications spécifiques et d’analyse de données pointues. « Une grosse partie de nos clients sont des entreprises dans le secteur de la finance. Ils ont eu beaucoup de mises à jour à faire dans leurs logiciels, notamment des mises en conformité », analyse Melody Mouzannar. La spécialiste des talents freelance relève aussi un changement de posture de la part des DSI. « Auparavant, l’interne était privilégié. Désormais les DSI reconnaissent la valeur de ces prestataires autonomes et experts et ont de plus en plus recours à de la prestation externe. »

Des TJM fonction des compétences, du niveau de séniorité et du genre

Si le marché se porte bien, que dire du taux journalier moyen (TJM) auquel se vendent ces freelance – hors mark-up du cabinet de placement ? Selon les chiffres de l’étude, il est compris entre 350 euros pour un Product Owner ou un PMO Projet débutant jusqu’à 1500 euros pour un ingénieur Cloud expert.

Les compétences sont une des premières variables de différenciation du TJM. Notamment les spécialisations dans la cybersécurité et le cloud qui sont les plus demandées. «Les compétences en développement de logiciel ça a toujours été la norme. Ce que l’on relève désormais c’est une appétence des entreprises pour les spécialisations en cybersécurité et en cloud, deux aspects très liés », argumente Melody Mouzannar. « Nos clients ont de moins en moins d’infrastructures physiques. Tout est désormais accessible sur le cloud. Qui dit cloud, dit niveau de sécurité complètement différent, logiquement on a une augmentation des demandes d’expertises en ce sens. Et puis bien sûr, il y a un boom pour les compétences en IA et en Big Data ». Interrogée sur les postes les plus recherchés par les entreprises, la jeune femme relève de la même manière une moindre demande pour les techniciens. « Avec l’avènement du cloud, on recrute beaucoup moins de techniciens infras pour faire par exemple du brassage sur le desk. A l’inverse on a besoin d’architectes cloud et de nouveaux postes de Green IT ».  Enfin, comme pour la plupart des métiers, savoir utiliser les outils de communication et de collaboration décentralisés est essentiel.

Autre facteur qui explique les écarts de TJM pratiqués, la séniorité ou niveau d’expertise. « Chez Fyte, nous avons plusieurs niveaux d’expérience. Un junior de 0 à 3 ans se vend entre 350 et 500 euros, un profil intermédiaire entre 500 à 700 euros jour et un senior de 700 euros à plus de 1000 euros, même si ce ne sont que des moyennes, sujettes à variabilité. »

Ce niveau d’expertise qui peut être acquis en mission ou en formation reste à la charge des indépendants. Pour rester à la pointe de l’innovation, s’inscrire à une formation ou à une certification technique est souvent à l’initiative du freelance lui-même. Néanmoins le cabinet ou le réseau de portage qui le place peut aussi proposer des parcours formateurs.

La practice leader relève également que le genre a une influence non négligeable dans les TJM demandés. Les freelance masculins spécialisés dans des rôles plus techniques sont également mieux payés.

Une décentralisation des compétences IT est à l’œuvre

La distinction Île-de-France versus régions – si elle fait encore l’objet de taux différenciés -est de moins en moins pertinente. « La différence de prix pratiqués entre l’Ile-de-France et les régions tend à s’effacer. D’une part parce qu’il y a beaucoup de travail à distance et qu’un freelance peut depuis une ville de province travailler pour un groupe en Ile-de-France et inversement tout en demandant le même taux. D’autre part, car davantage que la localisation, ce qui explique les écarts c’est le niveau de séniorité ou le genre », confirme Melody Mouzannar.

Désormais les freelances sont localisés dans tout l’Hexagone, même si l’Île-de-France conserve son poids attractif. Une véritable décentralisation des compétences IT est à l’œuvre. Ce qui ne facilite pas l’intégration de ces experts à distance et externes dans les équipes, sujet délicat à améliorer pour les entreprises clientes.

Méthodologie 

L’étude des TJM dans le secteur IT de Fyte Freelance repose sur l’analyse des missions réalisées pour leurs clients, d’entretien avec les candidats freelance et de l’étude de la base de données interne. La volumétrie considérée n’a pas été communiquée.