Avec son « projet PI » de cloud privé, le ministère de l’Intérieur veut montrer qu’un changement de culture est à l’œuvre au sein de sa DSI, et insister sur l’importance du partage d’expériences pour faire avancer tous les autres ministères plus vite. Pour cela, il s’appuie également sur l’agrégateur « Cloud 28+ » créé par HPE.
L’Etat poursuit sa transformation numérique, notamment à travers le plan de modernisation de l’Etat et de l’action publique qui coure jusqu’en 2022. Pour y parvenir, plusieurs partis pris technologiques ont été retenus par la Dinsic (direction interministérielle des systèmes d’information et de communication), avec par exemple le choix des technologies libres OpenStack pour être au cœur du cloud privé des ministères.
Une accélération en 2017, une ouverture à l’interministériel en 2018
Le ministère de l’Intérieur est en tête de pont : depuis les premiers proofs of concept en 2014, il travaille avec HPE et ses technologies sur le sujet. Ainsi l’application permettant la gestion des demandes d’asile est en production dans le cloud depuis 2015, et celle permettant la gestion « loi Macron » des permis de conduire depuis 2016. En 2017, le ministère régalien estime franchir une étape avec 20 applications supplémentaires qui devraient être prise en charge prochainement et la mise en place d’un véritable portail libre-service. Celui-ci fait suite à une nouvelle homologation de sécurité de l’Anssi qui a fait sauter les dernières réticences vis-à-vis du cloud.
« Depuis cette homologation « SecNum Cloud » du 24 avril 2017, les clients internes sont venus très vite vers nous » notait ainsi avec satisfaction Nicolas Duffour Adjoint au Sous-Directeur des Infrastructures à la DSIC, au sein du ministère de l’Intérieur, lors d’une conférence de presse organisée le 20 octobre avec HPE. Pour lui, le projet PI (pour produit de l’Intérieur) « dénote un changement de culture qui implique que notre travail soit dorénavant tourné vers des clients, à qui l’on propose des services ». Le projet est donc la fondation de la plateforme numérique du ministère et doit permettre de fournir toute sorte de nouveaux services à ses agents au quotidien, grâce à des solutions technologiques « industrielles, automatisées et complètement cloud ». L’ambition est d’ouvrir dès 2018 aux autres ministères cette nouvelle « offre de services ».
Un investissement important
En attendant, c’est un changement généralisé qui est mis à l’œuvre, les équipes de la DSIC entrant notamment dans des logiques de développement continu et s’appuyant de plus en plus sur une approche DevOps. Toute nouvelle application, à l’image de celle qui unifiera les services des pompiers au niveau national, est depuis créée pour être cloud native et intégrée au portail. Et parmi les 420 pré-existantes, un tiers migreront rapidement – celles pour lesquelles cela est le plus simple et qui tire le plus parti des avantages du cloud. Pour accompagner ce mouvement, une équipe « transformation » de 30 personnes a été spécialement créée. « Nous sommes l’un des premiers ministère à s’organiser ainsi sur le Cloud. Tous les autres ministères nous regardent… » reconnait Nicolas Duffour. D’autant plus que « l’investissement est important », même si son montant exact n’est pas communiqué.
Avec son portail libre-service, le ministère de l’Intérieur veut se détacher de l’orientation « cahier des charges » sans proactivité, qui prévaut encore souvent beaucoup au sein des DSI notamment dans le secteur public. Il veut se faire plutôt un facilitateur et partager au maximum les expériences. Nicolas Duffour estime ainsi qu’ils ont pu apprendre des échecs de précédentes initiatives cloud, comme celle menée il y a 3 ans par la Documentation française.
Soucieux d’affirmer cette volonté de partage, le ministère de l’Intérieur a rejoint en octobre l’agrégateur Cloud 28+ créé par HPE fin 2015. Cette « plateforme » a vocation à exposer les choix technologiques et de services retenus par les utilisateurs de cloud et de permettre d’établir plus de transparence sur les usages des organisations. Elle réunit donc à la fois un véritable Catalogue de services (22 000 publiés, dont 2900 services uniques qui ont été ensuite reproduits et démultipliés) et un espace communautaire de « discussion » auquel participent 650 partenaires, avec près de 500 articles publiés en un an par les utilisateurs de 58 pays pour détailler leurs contextes et leurs réflexions. Le ministère de l’Intérieur n’expose pas ses capacités cloud à partir de l’agrégateur, mais souhaite malgré tout rendre visible son projet et entrainer dans le changement, peut-être, d’autres acteurs étatiques.