Lorsque nous pensons au changement climatique, nous avons tendance à imaginer des plages recouvertes de déchets, la fumée noire des usines, ou encore la déforestation massive de l’Amazonie. Pourtant, une partie des dommages causés à la planète sont bien moins visibles, à l’image de ceux du secteur du numérique. Ce dernier représente à lui seul près de 4% des émissions carbone mondiales, soit deux fois plus que le transport aérien civil mondial. Et au vu de nos usages numériques grandissants, et de plus en plus énergivores, ce chiffre devrait bondir de 60% d’ici 2040. Leah Goldfarb, Doctorante et Responsable de l’Impact Environnemental chez Platform.sh, nous livre son analyse.
Si, jusqu’à aujourd’hui, nous avons choisi d’ignorer les émissions générées par l’IT en se concentrant sur ses avantages, comme la réduction de la quantité de papier utilisée au sein des entreprises ou encore la possibilité de travailler et de se réunir à distance, nous devons réagir. Ainsi, toute entreprise qui se veut aujourd’hui soucieuse de l’environnement doit s’assurer que ses usages du numérique soient plus durables. Et l’une des réponses est le cloud.
A lire aussi : Green IT : la maturité des entreprises stagne
Les acteurs du cloud déjà en marche vers un numérique responsable
Si l’usage du cloud repose effectivement sur des infrastructures physiques, comme les data-centers, celles-ci sont de plus en plus efficaces énergétiquement parlant. En effet, les serveurs sont de plus en plus performants et moins gourmands en énergie. Les raisons sont multiples, mais l’une d’entre elles sort particulièrement du lot : la localisation des data-centers. En effet, des pays comme la Suède, avec l’hydroélectricité, ou la France, avec le nucléaire, produisent une énergie bien plus basse en carbone que la plupart de leurs voisins européens.
Les principaux fournisseurs comme Google Cloud Platform, Amazon Web Services ou encore Microsoft Azure ont également tous énoncé des objectifs clairs en matière d’énergies renouvelables, principalement grâce aux accords dits “PPA” (Power Purchase Agreements). Ces contrats d’achat d’électricité dédiés aux entreprises, PME et collectivités, permettent d’accéder à une énergie verte et fiable pendant de nombreuses années tout en favorisant la transition énergétique.
Cependant, même si nous allons effectivement dans la bonne direction, il est souvent difficile de comparer ces promesses avec les protocoles rigoureux de GES des audits, et les divers rapports qui paraissent sur les émissions carbone. Comment faire pour y voir plus clair ?
Comment optimiser concrètement l’impact du cloud ?
Les entreprises et les fournisseurs de cloud peuvent collaborer de plusieurs manières pour réduire leurs émissions et tirer au mieux parti de cette technologie. Dans un premier temps, les entreprises ont la possibilité de travailler directement avec leurs fournisseurs, ou même des agences spécialisées, afin d’effectuer un audit et estimer leurs émissions actuelles. Ce qui compte, c’est d’obtenir une vue d’ensemble de sa situation pour comprendre la quantité de carbone générée par les activités de l’entreprise.
Ensuite, il existe deux façons d’optimiser l’utilisation des ressources du cloud. La première consiste à revenir aux sources en changeant le code lui-même. Il est important de garder à l’esprit que si l’optimisation de quelques lignes de codes peut sembler futile, l’effet global peut être très puissant, surtout lorsqu’on parle de centaines ou de milliers de sites web pour certaines multinationales. L’autre moyen consiste à optimiser la façon dont le déploiement cloud est effectué. Grâce à certaines optimisations de fonctionnement, comme le déploiement continu, il est possible d’utiliser moins de ressources pour une même application.
Enfin, le cloud offre également la possibilité de déplacer les données et les services partout où il existe un data-center approprié. Ainsi, lors du lancement d’un nouveau projet, les entreprises devraient pouvoir choisir le data-center situé sur le réseau ayant la plus faible intensité de carbone. Par exemple, un data-center situé en Suède et utilisant des énergies renouvelables peut émettre jusqu’à 10 fois moins de CO2 par kWh qu’un centre alimenté par de l’électricité produite au charbon en Allemagne.
In fine, le nerf de la guerre dans l’optimisation de l’impact numérique d’une entreprise réside dans la transparence, et surtout l’accès à l’information. Cependant, bien que les fournisseurs de cloud commencent à fournir certaines données sur les émissions de carbone, ces chiffres sont généralement basés sur le marché global et ne contiennent pas d’informations sur la localisation. La révolution est en marche, mais de nombreux progrès restent à faire.