A l’occasion de la déclinaison parisienne de son évènement Oracle Cloudworld, qui a eu lieu le 28 janvier, l’éditeur américain a affirmé ses fortes ambitions en matière de cloud computing.
Le temps où Larry Ellison estimait sur la scène d’Oracle Openworld 2008 que son entreprise allait vers le Cloud sous la contrainte est bel et bien révolu. Lors de la version hexagonale d’Oracle Cloudworld, qui s’est tenu le 28 janvier au CNIT de la Défense, Laurent Dechaux, Country leader de l’éditeur en France, l’a reconnu : Oracle a de grandes ambitions et entend tout simplement devenir le leader mondial du Cloud. « Nous souhaitons permettre aux entreprises d’adresser l’ensemble des sujets cloud » a-t-il ainsi précisé. Un nouveau positionnement, rendu notamment possible par le rachat en 2009 de Sun Microsystems, l’acquisition de datacenters mais aussi du langage Java. Laurent Dechaux est clair, l’idée est par exemple de « proposer des services concurrents à Amazon Web Services ».
Le SaaS mis en avant
Dans un amphithéâtre accueillant selon les organisateurs 1500 invités, l’éditeur américain a donc décliné avec ses partenaires et clients un discours confiant, sur ses offres mais aussi sur la capacité des entreprises à changer pour s’emparer de la valeur offerte par les usages Cloud.
Invité tout spécialement pour l’occasion, Thomas Kurian, vice-président exécutif en charge du développement produit d’Oracle, a dévoilé l’ensemble de la stratégie et du catalogue Cloud de l’entreprise. Pour le VIP, la puissance offerte par le cloud computing est un bon en avant inévitable dans un contexte qui allie « 4 principaux facteurs : la globalisation des échanges, l’explosion des volumes de données, les usages de mobilité et l’utilisation des réseaux sociaux ». Il est intervenu longuement sur les avantages métiers offerts par l’offre SaaS d’Oracle, plus fournie que celle PaaS (qui s’appuie sur la base de données et le langage Java de l’éditeur et doit s’étoffer rapidement en 2014) ou IaaS (à venir). L’américain a donc fait le tour des applications proposées en CRM, RH, chaine logistique… mais aussi ERP. Car l’éditeur croit au succès de l’ERP dans le Cloud quand bien même cette approche a pu être critiquée par d’autres.
Pour convaincre un auditoire composé pour plus de moitié d’experts métiers et non d’informaticiens, Thomas Kurian a également laissé à Oracle France le soin de procéder à deux démonstrations en « live » – tablette et retransmission d’écran à l’appui – des possibilités offertes par les solutions RH et CRM. A la clef : un fort accent mis sur la simplicité, l’ergonomie et les aspects décisionnels.
Un parti-pris qui a dû réjouir Olivier Piou, le PDG de Gemalto, spécialiste de la sécurité numérique présent au CAC40, intervenu peu de temps auparavant sur scène. Celui-ci a ainsi souligné que « le Cloud doit permettre de faire de l’informatique une énergie, avec des sociétés qui seront comme des compagnies d’électricités et permettront des usages simples et sécurisé ».
Séduire les métiers
Pour clôturer cette conférence avant d’attaquer les ateliers thématiques de l’après-midi, Oracle a demandé à plusieurs de ses clients de revenir sur leurs enjeux et aspirations vis-à-vis du Cloud. A commencer par Jean Chavinier, DSI du groupe Pernod Ricard, pour qui cette technologie est un moyen d’améliorer à la fois l’approche marketing (écoute du web, détection des influenceurs…) et la relation client de sa société. La ligne de mire pour lui est une entrée progressive dans le bain des Big Data, en partant du développement du point de contact avec le client pour arriver jusqu’à un lien personnalisé entre relation physique et digitale. Pour Jean-Luc Galzi, senior vice-président IT et applications services de Schneider Electric, le Cloud est le meilleur moyen pour canaliser les attentes des utilisateurs vers du standard, tout en offrant des capacités de test et d’expérimentation autrefois inimaginables. Si s’affranchir de la complexité de beaucoup de sujets en vaut la chandelle, cela force cependant à choisir son partenaire avec une extrême délicatesse, souligne toutefois ce spécialiste. Un bon critère d’après lui : sélectionner les solutions non pas sur l’existant, mais sur leur potentiel d’évolution, car « attendre toutes les meilleures références sur le sujet, cela revient en fait à partir trop tard » assène-t-il. Même son de cloche chez Alain Voiement, directeur de la technologie à la Société Générale, qui – sur un registre plus classique – fait valoir les gains d’agilité offerts par le nuage dans un univers où la norme, côté business, est à la réactivité la plus exigeante.
Le rôle du DSI change-t-il pour autant ? Le Cloud le fragilise-t-il où le renforce-t-il ? « C’est au DSI de montrer que le Cloud est une opportunité et de rassurer les collaborateurs » estime Alain Voiement. « D’un DSI manufacturier, puis assembleur, nous sommes aujourd’hui obligé de devenir des DSI « enabler » de services » complète Jean-Luc Galzi. Le mot de la fin est pour David Shell, vice-président Marketing de Watson Wagonlit Travel, qui estime que le juge de paix pour le métier est une simple question : « Qu’est-ce que j’y gagne ? ». Il rappelle que le Cloud, bien que facile à mettre en place et à utiliser, ne fait pas tout. « Il faut impliquer très tôt le département IT sur ce genre de projet » conseille-t-il, car le piège est de croire que le ROI – même s’il en vaut la peine – sera facile. En 2014, le credo est donc toujours valable : DSI et métiers doivent apprendre à mieux collaborer pour profiter du nuage.