Cet article a été publié originellement sur mydatacompany.fr
Sur son cœur d’activité, Coface se définit comme « data driven ». L’assureur-crédit souhaite étendre l’usage des données à tous ses métiers. Pour y parvenir, gouverner les données est central, explique son CDO, David-Stéphane Fala.
Selon le dernier baromètre « Chief Data Officer : de l’inspiration à l’action », la gouvernance des données était la priorité des CDO (Chief Data Officer) en 2019. Le sujet est souvent perçu comme fastidieux. Il n’en demeure pas moins un préalable à toute stratégie data et à l’industrialisation de solutions basées sur les données, dont l’intelligence artificielle.
La gouvernance des données est justement au cœur des missions de David-Stéphane Fala, nommé Chief Data Officer de Coface en février 2019. Il a pris la tête du « Data Office » de l’entreprise spécialisée dans l’assurance-crédit à l’international.
La gouvernance au service de l’innovation sur la donnée
Ce Data Office repose sur quatre piliers que sont la gouvernance des données, l’efficacité opérationnelle, la conformité réglementaire et l’innovation sur la donnée. Et pour leur mise en œuvre, des initiatives ont été définies dans le cadre d’un plan à trois ans.
Ces mesures porteront donc sur quatre volets principaux : people & culture, fonctions & process (ownership des données et accountability), architecture & infrastructure (référentiel commun, modèle de données d’entreprise, …) et enfin organisation & gouvernance.
7 Chief Data Officers régionaux pour déployer la stratégie data
Toutes ces mesures s’inscrivent dans la stratégie des données définie par Coface. Cette stratégie s’appuie sur une politique existante imposée par la réglementation Solvency. Elle a été élargie pour tenir compte des problématiques de qualité des données.
Cette stratégie a été présentée en octobre 2019 à l’occasion d’un séminaire « Data Summit ». Ce rendez-vous a permis également de mettre en place les « ateliers de gouvernance des données ». Dans ce cadre, sept Chief Data Officers régionaux ont été nommés. Leur mission est de « relayer la parole du Chief Data Officer groupe et mettre en œuvre la stratégie des données imaginée pour l’ensemble des filières » détaille David-Stéphane Fala.
L’objectif, avec cette stratégie data, est « de comprendre la valeur de ce que nous produisons. Coface aujourd’hui est une société qui produit de la data. Nous produisons de la donnée parce que c’est important pour pouvoir prendre des décisions. Vendre de l’assurance-crédit nécessite d’avoir une connaissance fine des entreprises. »
Bâtir une entreprise data driven, grâce à la qualité des données
Contrairement à d’autres sociétés, son patrimoine de données ne provient pas des données fournies par ses clients. « Nous avons des filiales dont le métier est de créer des données et de construire une vision information sur les entreprises. »
Sur ce métier, Coface se revendique d’ailleurs « data driven ». Il en va en revanche différemment des autres silos de l’entreprise : commerce, marketing, comptabilité… « Notre stratégie, c’est que l’ensemble de l’entreprise soit aussi data driven que le métier principal » souligne le Chief Data Officer.
Apporter de la confiance dans les données en y mettant de la qualité
La gouvernance des données sera centrale pour y parvenir. L’ambition est de faire progresser aussi la qualité des données exploitées par l’assureur, et par ricochet, l’efficacité opérationnelle.
« Quand j’apporte de la qualité au travers d’une action de gouvernance des données, les métiers sont plus confiants dans la donnée et peuvent prendre la bonne décision (…) Notre stratégie est très simple : apporter de la confiance dans les données en y mettant de la qualité, en identifiant les différents acteurs et en optimisant les process » résume David-Stéphane Fala.
La qualité des données est d’abord l’affaire des métiers. Ou du moins, elle doit l’être. La qualité a pourtant très souvent été déléguée à la DSI. « On est sur un changement d’état d’esprit. L’informatique n’a jamais été garante de la qualité des données. La donnée est définie en amont par le métier » poursuit-il.
Un Chief Data Officer gestionnaire d’actif
Comme stipulé dans « le framework de gouvernance », le rôle de l’informatique est d’être garante de l’intégrité de la donnée. Les différentes exigences en matière de gouvernance et de qualité des données ne s’appliquent cependant pas uniquement aux utilisateurs métier. Les experts de la donnée, réunis par exemple au sein d’un datalab, sont eux aussi directement concernés.
« Le datalab est intégré dans la logique de gouvernance globale de Coface. On fournit une documentation sur ce que le datalab récupère, soit en interne soit en externe. Et bien sûr, les données qui sont réinsérées par le datalab sont elles aussi gouvernées et préparées de façon à correspondre à la capacité d’intégration des données. »
Le CDO pilote et gère l’actif data de l’entreprise
Plus globalement, chaque nouvelle donnée intégrée dans le système d’information doit impliquer des rôles spécifiques, et en particulier des data owner et data steward. Le Chief Data Officer remplit la fonction de chef d’orchestre et de gestionnaire.
« Le Chief Data Officer pilote et gère l’actif data de l’entreprise. C’est un gestionnaire d’actif. C’est à lui de vérifier si son actif prend ou perd de la valeur et de mener des actions pour, essentiellement, sauvegarder son actif » résume David-Stéphane Fala. Et le Chief Data Officer de Coface entend bien faire fructifier ce patrimoine.
Des outils indispensables pour piloter la gouvernance
A chacun son rôle donc, mais avec des outils communs et une vision partagée. Or « avoir une bonne vision de la donnée, c’est déjà y mettre de la gouvernance. Avoir un dictionnaire des données. Rares sont les entreprises qui disposent de vrais dictionnaires des données, c’est-à-dire un langage commun entre l’ensemble des filiales et le groupe » souligne le Chief Data Officer de Coface.
Investir dans des solutions de gouvernance des données
Chez l’assureur, ce dictionnaire des données est interrogeable en ligne par l’ensemble des collaborateurs. Ils peuvent ainsi à tout instant vérifier l’existence ou non d’une donnée. Lors de la création d’une nouvelle donnée au niveau régional, celle-ci est documentée. Elle est ensuite remontée par les différents comités entre Chief Data Officers pour être modélisée au niveau groupe.
La gouvernance demande donc des processus, mais aussi des moyens et en particulier de l’outillage : « un logiciel sur le marché fait quasiment office de standard, Collibra. Le logiciel permet de piloter la gouvernance, la partie organisation, process, les KPI de qualité ou encore de rédiger un dictionnaire partageable avec les collaborateurs. Il faut aussi investir dans les solutions qui vont porter l’ensemble des informations liées au patrimoine data de l’entreprise » conclut David-Stéphane Fala.